La vérité, arme infime des temps.


(La Vérité sortant du puits. Peinture d' Edouard Debat-Ponsan, musée de l'Hôtel de ville d'Amboise, dépôt du musée d'Orsay © Ville d’Amboise)

Dans la guerre métaphysique, la Vérité est l'arme suprême. Elle n'est rien en ce monde, poussière infime,mais elle est la cendre qui demeure des mondes perdus.

Ce qui est tout dans notre temps, ces falaises de marbre qui peuvent écraser des millions d'hommes, passe avec le temps. Ce qui est hors du temps, demeure. Ainsi Cromwell, l'homme du "moi, ou plutot le Seigneur", n'est-il plus qu'une peinture inoffensive pour touriste. Ainsi Shakespeare, l'homme véridique, poussière anonyme de son temps, barre-t-il l'horizon du passé.

Nietzsche brandissait la fausseté de la vérité comme une vérité d'ordre supérieur, marteau des idoles trompeuses ; le Maitre brandissait la vérité devant l'ironie et la puissance dévoreuse de chair, la puissance de Terreur de l'Empire. Le sceptique lui-meme veut la vérité de sa critique de la vérité.

La Vérité est le glaive de la Justice, la bouche même de l'Ange ; dans la parole humaine, elle touche obscurément tout homme. Le Tyran veut le mensonge, si puissant, si triomphant soit-il. Car celui qui a entendu la vérité ne répète la parole tyrannique que par peur, et le sait en son coeur. Le Tyran aussi le sait. Il jouit du pouvoir du temps et de la puissance du mensonge. Il utilise l'obligation d'exalter le mensonge comme instrument de destruction et de domination des hommes.

Celui qui se sait menteur par contrainte, menteur envers lui-meme, se nourrit de venin. Il se hait lui même et se soumet par joie mauvaise. Il soumet et tue les autres par vengeance impuissante. Et il participe de la puissance du Tyran, de sa jouissance fascinante.

Le Tyran connait et se sert de la Vérité ; ainsi Staline a-t-il protégé Boulgakov.

La lucidité, le choix de la lucidité, est une arme qui sape les plus puissantes fortifications du moi, de l'idéologie, de la peur, de la haine, de la bêtise, des entreprises médiatiques les plus démesurées, qui poussent la puissance à des milliards de voix humaines pour couvrir toutes les voix de leurs mensonges.

Mais le vent passe par les fenêtres les mieux fermées et les emporte. Tout pourrit et disparait, hors de la parole vraie. Les constructioons les plus vertigineuses du mensonge sont comme de la chair morte dès que les intérêts, les hommes qui les portent sont morts.

Tous les arts ont leur forme de Vérité. Le Vide retourne au Vide. Ainsi la propagande des dernières grandes guerres est-elle morte. Il ne reste que le déploiement de la science et de la technique au service de la mort. Les Lumières, la conquête du monde, l'industrialisation du monde : c'est la fin qui ordonne les commencements. Il ne reste que les cheminées pleines de cendres humaines, l'ironie du "travail rend libre", libre comme cette fumée paresseuse et grasse dans l'innocence du vent. Et l'ombre d'un corps sur un mur à Hiroshima. Et les souvenirs de la Kolyma. Voilà ce qui reste, le festin fini.

La vérité n'a rien à perdre de la guerre métaphysique. La vérité est sans auteur, inappropriable, invendable. Elle échappe à qui la profère. Elle échappe même au verbe humain, car la parole vraie, écrite, n'est plus vraie, voit la Vérité s'évanouïr. A elle même sa fin, elle ne peut être asservie sans s'anéantir. C'est la racine du problème des "religions" et des "Eglises".

Les masses se repaissent de songes, car la Vérité est parfois insupportable, comme la liberté décrite par le Grand Inquisiteur. La vie ordinaire de l'Age de fer se construit sur des pyramides de mensonges. Comme des bassins sédimentaires conceptuels, les mensonges forment le sol fangeux et fertile de la vie ordinaire. On ne peut plus parler sans mentir.

Vérité et mensonge se mêlent.

Alors la vérité est désert et famine, roc brulant, désespoir. Pourtant nous ne ferons pas grace à l'ennemi de revêtir sa forme, d'etre son négatif.

Dans la guerre en cours, s'arme le penseur qui médite tous les jours ce qui lui vaudra de mourir. L'heure venue, il faut etre prêt. Veillez! Le penseur porte en lui
un vaste espace de ténèbres, hauteur, largeur et profondeur, étoiles, splendeur, et silence, et désespoir absolu, et mort. Je dis le penseur, car comme le Maitre, tout penseur porte en lui sa mort.

Dans mes yeux se reflètent la mort et la vie, comme un marécage,comme le regard d'un crocodile. La pensée est une fermentation qui produit des flammes éparses.

La guerre métaphysique est le creuset sauvage de la pensée à venir. Elle n'est rien sinon désir absolu, grande guerre Sainte.

"Tu es tiède et parce que tu es tiède, je te vomirais par ma bouche"

Lentement l'Age de fer retourne à l'Origine, au commencement, entre le Verbe et les eaux ténébreuses du Tohu-Bohu. Et ne te leurres pas : le XIXème siècle a été un siècle de cruautés massives, mais le XXème siècle l'a dépassé. Il y a lieu de penser que le XXIème sera pire.

Profite de la vie, petit frère, nous ne savons pas quand la corde du puit se rompt.
Un claquement inattendu.

"Car je suis las de ce monde ancien"

L'écologie comme face cromwellienne du libéralisme.


(Montre de Marie Stuart : http://www.horlogerie-suisse.com/journal-suisse-horlogerie/histoire/montre-Marie_Stuart-1708.html)

Ami qui désire une vie plus authentique et t'effraye de la destruction des mondes dans le brouillard et la fumée, sache que je n'écris pas ce texte contre toi. Les idéologies sont comme des filets, comme le serpent python ; elles prennent et t'enlacent. Ton moi, cette petite flamme variable que tu prends pour une essence, construit sa forme dans ses linéaments ; tes mondes y poussent comme du lierre, en suivant infailliblement leurs lignes.
L'idéologie devient ton être, vivant ta vie comme un organisme parasite. Tu fais des efforts, et tes efforts t'enserrent davantage. Tes efforts sont sa force, sa nourriture ; tu as douté et tu n'en a plus besoin. Ce qui t'a tant coûté, tu ne peux plus l'abandonner.
Si tu pouvais voir un instant le monde par Ses yeux, cela suffirait à te libérer et à te pousser sur la grève, comme par une vague massive qui t'enroule.
L'idéologie est le vampire de ton être. Elle peut te faire quitter les rivages de l'humanité, brûler les vaisseaux, comme disait Goebbels dans son journal après les meurtres de masse.
Et ne crois pas le thème éculé de « la fin des idéologies ». La réalité est le règne incontesté d'une idéologie homogène, cristalline.

N'oublie pas qu'affirmer est nier, et qu'affirmer est un acte de volonté. Le rocher, l'arbre n'affirment rien. Seule, la monade animée peut le faire. Tu veux, tu es vivant, tu sens ta volonté de puissance. Tu sens à travers ta volonté de puissance. Tu vois à travers son prisme déformant. Mais ce que tu vois est la vue d'une créature, un reflet dans un fragment-indéfinité des reflets et des formes, qui sans cesse passent l'une dans l'autre.
Un jour tu vis, un jour tu es mort. Ce qui pour toi est tout n'est qu'un souffle, une rose.
Les aspects, ou états multiples de l'Être sont un remède de la folie et de l'étouffement de ceux qui n'aiment pas en Lui le Mal comme le Bien. Le soleil brille pour tout le monde pareil ; la pluie tombe sur les bons et les méchants.
Celui qui veut servir le Bien par la force et la destruction sert la force et la destruction. La fin justifie les moyens signifie que les moyens biens réels sont justifiés par la fin promise ; la fin que l'on proclame est le masque des moyens.
La fin n'est que l'instrument des moyens, le moyen des moyens. C'est ainsi qu'en défendant une fin, tu deviens le moyen qui permettent à tes moyens d'être.

L'idéologie tissée par le libéralisme est un désert homogène, un concept d'espace et de temps vide. Elle nie la réalité des contraires. Le monde est comme une cathédrale, où chaque poussée est équilibrée par une poussée en sens contraire. En voulant détruire la poussée vers le sol, on provoque l'effondrement. L'idéologie unilatérale est étouffante, fermée, sans air, ni lumière.

Autre aspect analogue de l'architecture : la force centripète vers le centre de la terre, force ténébreuse en analogie inverse, est utilisée en vue de la diffusion de la lumière et de la couleur. Ainsi la force descendante, le caractère crépusculaire de l'Âge de fer doivent-ils être utilisés au service du haut, de l'ardent désir du haut, et non combattus. Car c'est le même mouvement qui accomplit la remontée vers la surface des eaux noires après avoir atteint le point le plus bas. Le chemin vers le haut et le chemin vers le bas est le même.

Tel est Janus.

Je prends un exemple.
Les associations tenantes du Grenelle de l'environnement, en l'absence de toute réflexion dialectique, veulent en réalité renforcer le contrôle du système sur la vie humaine, par les lois, les textes, les ceci et les cela, au nom du Bien. C'est la même folie, au nom du Bien, qui fait faire à la dynamite des « chemins de randonnée » pour être « au contact de la nature ». La même encore, qui faisait argumenter pour un projet de téléphérique vers le sommet du Mont Blanc, du « droit des handicapés à profiter de la montagne ». La puissance technique s'habille du Bien. Le renforcement des contrôles sur l'homme, pour le rendre conforme au système, s'habille du Bien.

Ce droit de chacun de profiter de l'espace est bien conforme à l'idéal libéral de l'espace sans qualité, indéfiniment ouvert, et vide par nature, par rapport à la réalité de l'espace douloureux à conquérir, qui se paye d'aventure et d'effort, l'espace de la quête de la liberté humaine. Et ce droit de tous à arpenter l'espace sans effort, à consommer passivement de l'espace, avec des machines, avions, quads, « tout terrains », est bien plus assuré que le droit du pauvre à fréquenter une plage privée, ou du mendiant à fréquenter certains centre-villes. Ces dernières interdictions d'espace choquent moins, au nom de la Propriété. Nous laissons interdire les enfants pauvres des plages privées, et sommes gênés d'interdire les transhumances aux engins motorisés.
De même, 96% des déchets sont produits par l'agriculture et l'industrie, et ces gens veulent culpabiliser les utilisateurs de couverts en plastique jetables. On nous sert la culpabilité et la coercition comme moyen de régler les problèmes du système. Un exemple supplémentaire de double contrainte, entre la publicité et « la consommation moteur de la croissance », et l'horreur de la consommation polluante.
L'association impossible de la consommation et de la conservation est caractéristique. On rencontre cela partout dans l'idéologie moderne, ces oxymores contraires à la raison, comme le « développement durable », comme si le développement pouvait être autre chose que la consommation du durable, et donc sa destruction. Je répète : l'idéologie moderne nie la réalité des contraires. C'est la cause et l'effet d'une déréalisation due à la croyance naïve de l'homme libéral, son oubli d'être un fragment, sa toute puissance illusoire.
Les contraires ne peuvent être trouvés ensemble en vertu du principe de non contradiction, dans l'ordre ontologique ; certaines limites de l'homme sont aussi ontologiques. Pour l'homme libéral, de telles choses sont des injustices (comme si le monde se préoccupait d'être juste à la mesure libérale), ou des archaïsmes que les progrès de la puissance technique devront balayer, aussi absurde soit la demande. Les limites ontologiques, comme la laideur effective d'un individu, sa taille petite, étant des injustices, ne peuvent être dites : on parlera très moralement d'un homme de petite taille et de physique différent plutôt que d'un nain. Et ce dernier pourra exiger de la collectivité le remboursement des diverses interventions techniques qui peuvent faire de lui un homme grand et esthétique, et même une femme si le cœur lui en dit.

La Nature est propriété de tous et tous peuvent en tirer jouissance et profit. La tyrannie de tous sur tout!

Car il s'agit bien de profit. La nature, ce n'est que le nom de l'être pensé comme objet de la technique, comme utile, et du commerce, comme ressource à gérer. La nature c'est l'être par rapport à l'homme libéral. La nature sans homme c'est la lumière sans l'ombre qui l'accompagne : un aveuglement. L'idée même de nature est celle d'un asservissement et d'un aveuglement. La protection de la nature n'est qu'une tyrannie plus sophistiquée.

Le Grenelle propose des taxes, plutôt qu'interdire purement et simplement au nom du Bien public. Si un acte nuit à la communauté, il est légitime de l'interdire dans une vision politique de l'homme, comme animal constitué humain par le politique. Il n'existe pas d'homme isolé, sinon dans la mythologie libérale. L'homme est un être qui a des parents, une langue, un monde propre. L'homme est homme comme partie. Ce qui le fait accéder à son essence, dans la civilisation, est le Bien public au dessus de lui, qui n'appartient en propre à personne. Ce Bien public est plus qu'une vie humaine, même s'il n'appartient à aucun homme dans l'Âge de fer de décider légitimement une mort humaine, hors soi-même. Plus qu'une vie humaine, il est ce qui donne à la vie sa valeur et sa saveur, ou sagesse. Seul il explique pourquoi des hommes peuvent préférer la mort à la vie biologique, comme un Jean Moulin. Sans Bien public inaliénable et sacré, (1789), l'homme ne peut accéder à la grandeur.

Dans l'idéologie de l'Âge de fer, le politique n'est constitué que par l'agrégation stochastique des individus absolus, et le bien public est second, et au fond arbitraire et peu consistant. Son seul fondement est sa conformité aux intérêts de tous, qui sont forts labiles. De ce fait en libéralisme ne pas respecter le bien public, ou plus exactement des ressources non appropriées individuellement, est normal, mais se paye. Le Bien public n'est qu'une propriété, non une entéléchie et une norme supérieure pour jauger les lois. Son prix est de trente deniers. C'est un retour du privilège, en tant que dérogation aux règles du Bien public, dérogation justifiée par un service particulier à cet ordre. Le service ne consiste plus qu'en paiement de taxe. Et encore.

Plus on possède d'argent, plus on peut déroger ; mais on ne paye pas plus, grâce aux niches et au bouclier fiscal. Le bouclier montre que le bien public est un ennemi dont il faut se protéger. Le bien public est à vendre. Aucune civilisation droite ne peut y survivre, aucun art, et au fond aucune vie proprement humaine. Le simple fait d'être riche est pensé comme un service suffisant rendu à la collectivité. Libre à chacun, dans cette optique d'exténuation de la solidarité humaine et donc de l'humain, de trouver la taxation écologique.

Cette idéologie de l'individu absolu ne peut penser que par la contrainte sous forme de taxe ; pas d'interdit, mais une diminution de la puissance d'échange, de la souveraineté réelle de l'individu dans l'univers plan du libéralisme. Pourtant les taxes, amendes et règlements qui les définissent ne peuvent être une diminution de la puissance de contrainte déployée par les anciens interdits ; au mieux elles sont un redéploiement de cette puissance. A ce titre, une telle politique ne peut freiner le déploiement maximal de la puissance, entéléchie caractéristique de l'âge de fer. Elle transforme en intensité verticale, en réseau à mailles fines, l'extensivité de la production des Trente glorieuses. Elle étouffe la liberté sans ralentir le déroulement entéléchique.

L'écologie libérale est avant tout issue d'un moralisme puritain, d'une volonté de répression du désir dans ce qu'il a de démesuré, donc d'inquiétant, et d'irrationnel. Le désir individuel rationnel est celui qui se limite à celui que prescrit le système pour chaque individu. Le désir individuel rationnel est de désirer sa situation dans le système, tout en se croyant tout puissant. C'est une exigence pathologique de plus du système. A ce titre les écologistes sont partisans d'un renforcement constants des normes et de la surveillance des conduites humaines ; et par une ruse de la raison, ils rajoutent du carburant au système et accentuent sa durée de vie.
Le moralisme puritain est l'amour des limites, la répression du désir comme plaisir ténébreux et comme puissance sur les autres par le logos moral. Le puritain est incapable de penser à la raison de plusieurs. Pour le puritain les autres ont tort.

"Allons, Moi, ou plutôt le Seigneur, nous en avons assez. Je vais mettre fin à votre bavardage." (Cromwell au Parlement.)

Le puritanisme est une expression efficace du système depuis ses débuts : il pousse à sacrifier l'homme au système, il est une voie du déploiement totalitaire de l'entéléchie du système.

Par exemple la condamnation morale puritaine de la guerre et de la violence empêche toute fin au déploiement maximal de la guerre et de la violence. On ne peut admettre le droit de l'adversaire à se battre ; il est, de ce fait, la figure du mal en lutte contre le Bien, c'est à dire moi. Moi, je me bas sans haine et sans violence, sans volonté de puissance ; je me bat pour établir la paix, la sécurité et la démocratie, ou protéger la nature.

L'aveuglement sur soi est le résultat du puritanisme, la confession du pécheur justifié. C'est une inflation du moi dans le discours moral ; les distinctions du Bien et du Mal servent à m'exalter jusqu'au délire. L'écologiste, le pacifiste, en bon puritain, sait et se donne le droit de contraindre les autres à faire ce qu'il sait bon. La poutre dans l'œil ne peut être vue. C'est définitivement une posture démoniaque, ivre de puissance et de satisfaction.

L'adversaire du Bien, leur bien! est décrit aveuglé par la haine, assoiffé de sang, avide de dominer et d'opprimer. A ce titre il est totalement déshumanisé, et ne mérite pas la protection des lois et conventions internationales, comme le montre Guantanamo après les terreurs et les iejovtchina, ou la terreur nazie.

Il doit être détruit ou se réformer, devenir puritain. De ce fait, il n'existe aucune reconnaissance réciproque des adversaires qui pourrait créer les conditions d'une guerre chevaleresque dont l'éthique existait déjà au XIIème siècle croisé. Il y a eu régression de la guerre vers la démesure.

La guerre chevaleresque est cruelle et sanglante, mais reconnaît l'adversaire comme un homme noble, égal ; de ce fait elle fait des prisonniers et les respecte ; elle reconnaît les motifs de guerre de l'adversaire, son courage et son honneur ; elle autorise en temps de trêve à manger et parler avec lui.
Elle reconnaît un droit de la guerre. Elle pose des conditions. Elle déclare la guerre, négocie la paix.
Il faudrait pour inverser le mouvement que les valeurs guerrières l'emportent sur les valeurs puritaines.

Retournement classique, le fanatisme de la paix absolue du marché nourrit des guerres démentielles depuis 1914, guerres nourries par une ascension symétrique aux extrêmes, typiques des guerres idéologiques.

Reconnaître un droit de l'adversaire, le considérer comme un adversaire digne d'être respecté : toutes choses impensables dans l'esprit de nos guerres d'extermination. Ces guerres sont niées, jamais déclarées, en dehors de toute loi de la guerre, car vues comme maintien de l'ordre, opérations techniques. Elles sont inconditionnelles, non négociables, irrémissibles. Le méchant est un aspect de la nature sauvage, de l'animal nuisible exterminable.

Ainsi les combattants afghans sont-ils appelés indistinctement talibans, quand bien même ils sont les mêmes combattants que ceux de la guerre contre l'Urss.

Ce puritanisme exterminateur de pacifiste ressemble à la figure de la Terreur de Cromwell, et à son héritage robespierriste. L'entéléchie puritaine des pacifistes et écologistes modernes mène au déploiement maximal des moyens de destruction, et à l'absence, l'incapacité de penser un compromis avec l'adversaire. C'est une logique de génocide. Elle est parfaitement appropriée à l'âge de fer.

Les écologistes sont au service de la puissance comme les autres. Chez eux elle prend la figure d'une tyrannie puritaine-et rien de plus. Cette tyrannie puritaine, exterminatrice, montre déjà ses linéaments dans le réel. Cherche ailleurs, petit frère!

Et à ceux qui me diront que face à la catastrophe qui s'annonce, il faut bien faire quelque chose, je répondrais :
Croire que par principe faire quelque chose est mieux que rien faire est un produit de l'idéologie libérale. Le système s'effondrerait plus vite si tous ne faisaient rien, plutôt que quelque chose. Dans une période d'expansion des mouvements anarchiques, d'entropie maximale, faire quelque chose est ajouter de l'entropie. Aller dormir sur une île est plus faire que de distribuer des tracts stupides.

Et la guerre métaphysique est la première chose à faire, parce que faisable. Nous n'avons aucune cause, et celle que nous avons n'est fondé sur rien.

Fragments d'un Traité de guerre idéologique I.


(art wolfgang ernst)

Il appartient aux penseurs de l'avenir de définir la stratégie et la tactique d'où partira l'assaut vers les mondes anciens, dont nous sommes las.

Les conditions de l'Âge de fer, éminemment quantitatives, sont propices à la guerre qualitative, qui peut se présenter de manière infime, inoffensive, à l'œil boursouflé du cyclope. "Ceux qui prennent trop de précautions sont susceptibles de ne plus être sur leur garde. Les actions familières n'éveillent pas la suspicion. Le Yin est l'aspect interne et non l'opposé du Yang. Le grand Yang contient le grand Yin."
Car il importe d'échapper, "d'aller au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau". Et le nouveau, l'inconnu, ne peut être compris dans les cadres anciens.

"Cinq choses principales doivent faire l'objet de nos continuelles méditations et de tous nos soins. Comme le font ces grands artistes qui, lorsqu'ils entreprennent quelque chef-d'œuvre, ont toujours présent à l'esprit le but qu'ils se proposent, mettent à profit tout ce qu'ils voient, tout ce qu'ils entendent, ne négligent rien pour acquérir de nouvelles connaissances et tous les secours qui peuvent les conduire heureusement à leur fin.

Si nous voulons que la gloire et les succès accompagnent nos armes, nous ne devons jamais perdre de vue : La doctrine, le temps, l'espace, le commandement, la discipline." Sun Tzu.

La doctrine est la première des recherches, et l'objet des penseurs de l'avenir. La doctrine est clairement une arme. Elle n'est pas une forteresse, mais le lierre qui enlace tendrement la pierre et tendrement-l'étrangle comme le python.

Le temps et l'espace méritent des éclaircissements.

Le commandement et la discipline reposeront sur la doctrine. J'aborderais ces différents points.

Sur"Les noces de Séduction et de Mort"



(http://forum.doctissimo.fr/doctissimo/desir-plaisir/sexe-arts-sujet_175987_54.htm#t1891430)


Parmi les innombrables motifs d'action des hommes-je parle des hommes nobles- ce qui les pousse à déplier leurs multiples boucles de puissance pour réaliser des actes, des gestes-au sens des chansons de geste-on trouve la fascination de l'accumulation de la richesse et de l'envie ; l'ivresse de la puissance, du risque aussi, avec la guerre,le butin, les femmes captives alors assimilées à un butin ; on trouve le désir infini de savoir, la Gnose ; et on trouve l'esthétique et la figure du Séducteur.

Les trois premiers correspondent aux fonctions des trois ordres, qui sont comme la domestication du bœuf ; de l'âpre rage destructrice, avide de pourpre, des ordres liés à la figure du Loup ; et de la quête de l'absolu de la Gnose. Domestication est perte : les hommes de génie déchirés par l'abîme, et les tueurs, les loup-garous, sous le règne du bœuf sont atteint par la folie et la mélancolie.

Le Séducteur apparait dans une civilisation polie par les siècles, à la manière du gnostique. Il représente, en tant que figure, et donc qu'il soit mâle ou femelle, la forme sculptée, réduite à l'essence et à l'analogie, du Loup. Il est donc Autre que le carnassier.

Ce serait une erreur de l'assimiler hâtivement à une bête de proie. La bête de proie détruit sa victime, en fait de la chair pour son repas, du sang pour sa boisson. L'assimilation de la proie pour le carnassier est pour la proie une annihilation. Dans la séduction, le processus est plus subtil ; seul le tueur sadique conserve encore ce désir d'annihilation mis à nu et opératif. Il révèle une vérité, mais cache une autre. La transparence du violeur et du tueur est un abîme.

Le séducteur en effet est parfois mu par cette volonté destructrice, mais ne détruit pas sa proie. Le séducteur des liaisons dangereuses séduit par volonté de puissance, manipulation, destruction, ennui ; mais cette figure, comme Don Juan, est plus morale que réelle. Le séducteur de "Sociologie du dragueur" séduit parce qu'il a la haine, revanche, domination. Ovide, Pouchkine , ou encore Casanova, sont des figures de séducteur qui permettent de penser une séduction du Dandy.

Le séducteur n'utilise pas la force, quand bien même il use de son prestige. Il peut être insistant ou brutal, mais la réalité est qu'il s'appuie sur les désirs de ceux qu'ils séduit. Comme le dit Ovide, ou Salomon, "ce qui manque ne peut être compté". Sans cesse l'infini du désir se heurte aux déterminations finies du réel ; et cela est d'autant plus vrai que l'âme est plus grande. Dans un grand homme tout est grand. Le désir, la frustration, la rage, ne sont pas seulement la sottise de l'enfant déstructuré qui veut un friandise, ce peut être la soif d'infini de l'homme noble.

Bien des êtres humains vivent dans leurs boites, derrières leurs propriétés, murs, haies, allures, vêtements, titres d'autorité. Tout cela les soutient, les sécurise et les protège. Mais cela les étouffe. La sécurité est indispensable à la survie de l'espèce et privilégiée par la masse ; cela n'a rien d'un jugement social, voyez les quartiers sécurisés des riches. Le gypsy, l'errant est une figure possible de l'initié d'après Guénon ; en cela il montre que la perte de biens n'est pas pour lui un risque, puisque son être n'est pas pris dans les mailles des grands filets. L'homme cherche ce qui le sécurise, et ce qui le sécurise l'étouffe.

A l'Âge de fer des décennies de constructions de murs se succèdent. On ne sait plus quoi règlementer ou interdire, ou abrutir de conseils. Ainsi nait le désir de guerre chez les peuples prospères.

Vivant dans leurs boîtes matérielles et morales, les hommes ignorent que des portes sont là entre les boîtes, des fenêtres, des passages secrets, mille voies de traverse, des courants d'air. Peut savent que l'on peut s'habituer à l'hallucination simple. Peut savent le bruit que fait un arbre en tombant quand personne ne l'écoute.
Peut pratiquent la sorcellerie, et savent voler dans les airs. Boulgakov montre ce désir et cette latitude. Marguerite est plus grande que Mme Bovary, qui ne trouve que la rêverie et la mort. De la mélancolie Marguerite devient une guerrière, une Walkyrie,une puissance de destruction des mensonges et des illusions des hommes, et trouve sa vérité, et la Vérité et la Vie, dont elle se garde de la brûlure.

L'Artiste possède cette puissance, de tracer des portes sur les murs, qui se trouvent être réellement ouvertes.. Celui qui médite sur la mort et joue avec des crânes, celui là sait que les murs, les haies, les mots des hommes sont des pitreries éphémères, des stratégies d'occultation de l'âpre saveur de la vie mortelle. Les saisons, les horloges, les fleurs sont des signes d'urgence. Une vie sans Dragon n'est que sillage de navire, une onde qui s'écoule sous le sol.

Le séducteur est proche d'Hermès, le messager ailé des dieux ; il révèle les désirs cachés, les caves et les soupentes ou des rêves ont été enfouis pour vivre gentiment la vie mécanique tout à fait dégoutante des adultes. Le séducteur est pour le séduit le messager de soi-même, et ce n'est pas par hasard que dans les œuvres les plus profondes, la contemplation fasse suite à la séduction. Ou encore que l'Ermite, ou l'Ordalie, soutiennent les amants devant les limites des hommes. Voyez la Geste de Tristan et d'Iseult. Ainsi la figure du séducteur devient-elle celle du Gnostique, de l'homme du désir, qui passe par la métaphysique du Sexe pour tracer une voie noble.

Denis de Rougemont voyait une nécessité culturelle dans la mort des amants, une fascination pour la mort typiquement occidentale, qu'ignorait l'Inde et la Chine. En réalité, l'Inde et la Chine savaient que les règles qui définissent les boîtes de la vie ordinaire doivent être fixes et sans exceptions ; et que l'exception devait être accordée aux hommes nobles, non par l'acquiescement, mais par le silence. Ainsi la Loi de Manu interdit-elle tout divorce, puis en donne les modalités. Ainsi le Yi-King définit-il des types de liens.(voir cet article dans l'EDS) Ainsi la Geste de Tristan et d'Iseult leur est-elle favorable.

La mort du séducteur comme du Gnostique n'est une nécessité que pour l'Âge de fer. Cet âge ne peut comprendre que la règle de Droit porte la transgression comme une ombre hostile, certes, mais parfois amicale. Que la Règle elle même peut vouloir l'exception. Telle est pourtant l'autorité de la chose jugée, de la Loi : la figure de la Croix : la mise au supplice de la Justice.

La Loi est d'ordre statistique.

Dans notre monde figé sous le couvercle de l'ennui, un monde d'étouffement, le Séducteur est une figure de la liberté de l'Esprit.

Virginie Despentes, un frère .



Oups! Suite à un problème technique, vous n'aurez très provisoirement que cette image de baises-moi. Et une maxime :

Dans la guerre qu'est la vie, il n'y a pas les bons et les méchants, il y a ceux qui se battent pour la liberté humaine et les autres. Il y a les combattants et les autres. Il y a ceux qui souffrent, subissent l'agression, le viol, galèrent sur des identités improbables,humiliantes, des mensonges ; de la souffrance, de la colère, mais aussi de la force et de la grandeur. "Ce qui me défigure et qui me constitue".

Refuser un sort inacceptable, et comprendre par ce refus le caractère inacceptable du monde.

Peut importe le motif du combat affiché par les mots. Le combattant reconnait le combattant, et sait cueillir sa noblesse comme une fleur rare et mortelle, amie de la mort.

La grande Illusion de Jean Renoir en est une preuve. Je dis bien : une preuve. Une œuvre d'art prouve le contenu intime de l'âme par l'émotion qu'elle provoque. Il faut écouter ce qui provoque en nous la jouissance, l'ivresse, le vertige, l'extase plus que la "rationalité" du calcul. Là, face au sublime, se révèle à nous l'essence de l'homme, ce que nous ne pouvons écraser sans mourir vivant, sans devenir une boîte qui se déplace. Être sans âme, être tiède : "je te vomirais par ma bouche". Raison n'est pas raisons.

J'ai comme d'habitude préparé un long texte, une déclaration d'émotion, d'admiration et de complicité. Ça arrive. Je suis devenu ouvert au féminisme. Merci, soeur!

Hate and War-War-ces mots féroces, innocents et drôles du Punk.

Le crépuscule de la science à l'horizon occidental.


(Le système du monde de Kepler)

Une fonction principale de l'Église, des hommes du Verbe, dans la société occidentale, a été de dire le réel.

Le réel ne peut être exprimé ; s'il l'est, il devient réalité. Le réel, est un résidu à l'intérieur des mondes. Évoqué,inatteignable. Comparable au noumène kantien. Car en évoquant ce résidu, on produit des signes, on ouvre une laxité d'interprétation que le réel ne permet justement pas. Le réel est justement inexorable, nécessaire,négatif pur. Et pourtant il produit mort et fortune. Possédé, il est puissance et splendeur, perdu, il est aveuglement, désespoir, destruction.

Dire le réel est paradoxal. Ce réel dit n'est pas le réel défini dans la métaphysique, par la négation. Il est la construction sociale et culturelle de la réalité. La culture construit un réel, la réalité. Et des hommes reçoivent la fonction, la puissance de dire le réel. De construire la réalité reçue comme réel dans un monde donné.

Cette parole de réel reçoit les qualités du réel authentique par droit, par position humaine imaginale-objective : indiscutable, fondement ontologique, axiomatique des autres paroles qui lui sont dès lors implicitement subordonnées. L'anthropologie comme la linguistique nous donnent l'étonnement de connaître des sociétés humaines qui vivent avec une ontologie, une parole du réel, très différente de la nôtre, et par exemple où les actes divins, les fantômes, les démons,les présages, les sorciers sont des réalités et des professions parfaitement honorables pour le dernier cas. Ces présages et ces sorciers sont des réalités parfaitement opérantes ; c'est à dire que celui qui n'en tiendrait pas compte dans ce monde ne pourrait pas parvenir à ses fins dans le monde humain. Par exemple en n'étant pas pris au sérieux par les hommes de ce monde et traité en aveugle.

A contrario, notre réel est mutilé dans un cadre lourdement clos. Nous sommes si dépourvus de réel que nous devons sans cesse nier des témoignages de phénomènes que nous qualifions de "superstitions barbares" ou que nous cherchons a expliquer par la psychologie, c'est à dire par l'illusion, la projection ,l'hallucination, le néant, le non réel qui se déploie sur la toile de l'être humain. Car la construction sociale de la réalité ordonne toute notre construction sémiotique de monde et l'orientation de notre vie, morale comprise ; et c'est ce socle qui est le sol stable sous nos pieds, qui permet la communication, la reconnaissance de soi comme être humain par un groupe humain, qui cache les précipices et les abîmes qui s'ouvrent dans le cœur de tout homme.

Face à des signes qui contrarient notre weltanschauung, nous préférons réinterpréter ces signes que changer notre structure de monde, ce qui est moins couteux, moins engageant, moins effrayant. Les philosophes de l'avenir, qui seront les artistes des systèmes sémiotiques, seront aussi des gens qui n'ont rien à perdre, des fous et des saltimbanques de l'esprit ; car on est soit éperdu de désir d'inconnu, soit chien de garde dans l'œuvre de pensée. Celui-là est ce que j'appelle le gnostique.

Comprendre le caractère mutilé et mutilant, adapté à une entéléchie bornée, de la culture de l'Âge de fer demande à y être extérieur. Les limites ne peuvent être vues de l'intérieur d'un monde, puisqu'elles y sont appelées néant, non être. L'être doit dépasser la puissance d'évocation de l'homme. Vanité humaine que de croire définir à priori par sa minuscule expérience les règles universelles de ce qui est et de ce qui ne peut être. C'est une chose courante pourtant. On se montre les limites en désirant et quêtant des êtres que la culture nie. Mais contre ces désirs paraissent les inquisitions.

Dire le réel est donc la plus grande puissance du verbe des hommes. Car on prête à la réalité, ce réel digéré par la culture, ce même degré d'inexorabilité qu'au réel. Le réel, que notre monde a appelé Vérité, identique à l'étant, est l'argument définitif, le lieu de l'accord objectif, obligatoire sous peine d'être exclu de la communauté des gens qui peuvent parler du réel, une puissance d'adhésion politiquement neutre et sans auteur, définitive. Nier la foi catholique était la limite mortelle dans le monde catholique. Mais il est apparu que la foi, la Vérité était mise au service d'une entéléchie de la domination et de la puissance dans le monde, ce qui a entrainé la révolte d'hommes spirituels.

Au service de la Vérité, ces hommes ont cherché des critères réels. La science est au départ ce sublime combat pour la Vérité, d'abord en plein accord avec la sincérité de la Foi, puis mené à l'époque de la révolte qui devait aboutir à la Réforme, devenant hostile aux manipulateurs de la Foi. Dans la culture de l'éclipse de la Foi, la Science est devenu le point nodal du dire de l'être, le lieu de préservation du culte désintéressé de la Vérité, la recherche du langage du monde, qui était pleinement pensé comme langage de Dieu tant par Kepler que par Newton et Einstein.

La science était pleinement pensée par ses fondateurs comme une gnose contemplative. La légitimité de la Science comme dire de l'être venait de ce désintéressement et de cette capacité de sacrifice et d'affrontement qui éclate dans l'affaire Galilée. "Et pourtant elle tourne" montre que la Vérité, comme la Foi, est plus forte que l'écrasement des puissances du Siècle, et survit à l'humiliation de celui qui la proclame. Mais ce pouvoir ainsi donné était trop grand pour ne pas être usurpé.

Le langage de la Science est vite devenu celui d'idéologues et vecteur d'idéologies, de réalités instrumentales pour la puissance, donc libérales dans leurs effets si ce n'est dans leurs principes. Dire "la science dit que" à la manière des "experts" est très éloigné de la réalité fragile de l'enquête scientifique. Dire "l'expérience montre" est un mensonge car l'expérience ne peut rien monter de général. Quand l'expérience gêne l'entéléchie, le scepticisme légitime disqualifie l'expérience, comme pour les actuelles épidémies de cancer. Là dessus, "rien n'est prouvé", il faut dire qu'en toute rigueur rien de général ne peut être prouvé par l'expérience, seulement testé. Quand par contre elle sert l'entéléchie, comme pour les sondages ou toute propagande, les généralisations les plus hâtives se parent de la Science. Ainsi avec la moitié de mille questionnaires sans rigueur, on peut dire : "les français veulent que..." avec l'impudence la plus totale.

Le pouvoir des scientifiques serait bien trop excessif pour le système, qui les porte au nues comme emblème de puissance mais les méprise absolument dans les faits, voyez le financement de la recherche, comparé au financement du train de vie des vrais maîtres de l'être de l'Âge de fer, les gens de finances. Car la puissance de l'être est transférée au signe universel de sa masse réelle, l'argent ; et la puissance de transformations des vieux mondes corrompus que porte la science moderne, la Relativité, la mécanique quantique, la logique, la théorie des cordes, ce foisonnement ontologique qui transforme notre réalité officielle en illusion commode -et à quel profit est générée cette illusion?- est annulée. Le projet scientifique moderne, contemporain de la Réforme, de reconstruire la civilisation sur la Vérité a échoué, massivement échoué.

La science est domestiquée au service de la technique, morcelée, privée de sens et de sincérité. Elle est serve, et déracinée de son œuvre originaire de régénération culturelle basée sur la connaissance des secrets de l'être, sur une vérité incontestable, et non une vérité illusoire au service des puissants et de la puissance. Elle qui devait permettre un retour à la Vérité et à la sincérité, elle a été mise au service de la guerre de tous contre tout et tous. Elle a fait d'innocents des assassins, ou du moins des complices.

Grande et terrible défaite, qui est aussi la nôtre. Mais la bataille perdue n'est pas la perte de la guerre, car la guerre libérale par principe n'a pas de fin.

Voilà, la pièce est jouée. Nous sommes au crépuscule de la science occidentale, au crépuscule de la vérité, de la véracité, de la simple honnêteté intellectuelle scrupuleuse.

Nous vivons dans un monde où il vaut mieux mentir et se mentir que de regarder la réalité en face, car elle nous est abîme, simplement pour vivre."Les horreurs sont supportables tant qu'on se contente de baisser la tête, mais elle tuent, si on y réfléchit." Le politiquement correct est la valorisation morale du mensonge, le refus de dire, la haine de la vérité. Le mensonge et le spectacle seront de plus en plus vitaux.

La puissance que déchaine l'entéléchie de l'Âge de fer s'est depuis longtemps retournée contre l'homme. Le maître et possesseur de la nature est cet être dont le massacre de masse est si facile, dont l'oubli des droits et de la destinée irrévocable laisse si peu de traces, comme des longs corps clandestins, sans papiers ni numéros,sans patrie où reposer les pieds, sans demeure où s'abriter et se reposer des fatigues de la vie. Corps tournoyant vers les abysses, maintenant dans le détroit de Gibraltar.

Telle est la race des hommes, telles est la race des feuilles. Les cadavres s'entassent comme des feuilles mortes. Les craquement sous nos pas sont des ruptures d'os. Ce qui est de trop, c'est l'homme.

Nu

Nu
Zinaida Serebriakova