Les volutes du reptile sur la douceur de la peau. La rose faite d'écailles du dragon. |
Tout le monde sait beaucoup de vérités, mais peu savent les entendre, et encore moins les dire. La règle la plus courante de la vérité est qu'elle soit tue. Tout le monde sait, tout le monde sait : c'est la base même d'une chanson. Tout le monde sait, et tout le monde tait.
Communiquer n'est pas transmettre un message qui est purement reçu par un récepteur via un canal. La plupart des hommes ne veulent recevoir que ce qui les flatte ou les conforte dans leurs préjugés. Une information qui provoque une gêne cognitive, une dissonance, une incohérence, a très peu de chances de passer. Intégrer une telle information suppose une réorganisation locale, voire une réorganisation complète de la personnalité. Et une telle révolution intérieure a un prix, un prix qui peut aisément être excessif. L'éducation morale finit par aveugler.
Plus on a de savoir, plus l'on croit savoir, et moins l'on peut intégrer de dissonance à peu de frais. Il est des exemples atroces et des exemples drôles. Par exemple, les gens de gauche ont espéré dans Obama, ou dans Hollande, comme des pauvres croient que telle femme de haute bourgeoisie porte leur intérêt ou leur voix. Mais tout le monde sait que ce sont des produits, que l'écoute, l'attention au faible, de la part d'un loup, est un produit d'appel. Il n'est pas cohérent de vouloir dominer pour écouter les dominants. César était un homme de gauche, un populares en son temps. Il est faux que l'on domine par humilité, pour être normal. Tout le monde le sait.
Pendant la guerre froide, les adversaires les plus fins étaient ceux qui, comme Grossmann dans Vie et Destin, dans les feux de Stalingrad, comprenaient qu'aucun des deux, ou des mille Systèmes ne méritaient d'être défendus.
On raconte qu'une femme d'officier gardien de camp ignorait le métier de son homme. Jusqu'au jour où les propos des hommes mis à son service ont crée un trouble, un trouble de plus en plus envahissant. Elle est allé voir, est tombé sur des enfants, sur de la fumée issue de chairs humaines, s'est pendue.
Le savoir n'est pas comme un fichier que l'on télécharge sans déplacer le reste, comme dans un ordinateur. Le savoir humain le plus puissant est une reformulation complète, une mort, une descente aux enfers liée à l'angoisse de destruction que comporte la recomposition, une résurrection. Le savoir est une décomposition-re composition de soi.
Le savoir passe par le lien vivant, parce qu'il est implication de son identité propre, et que cette conquête passe par le miroir d'un Maître. Tout le monde sait qu'un vrai maître doit se faire respecter, y compris par force et violence, sous peine d'abandonner sa puissance. La non-violence d'un Maître est une forme de violence envers soi, une manifestation éclatante de courage, de maîtrise.
Et sans la puissance d'un maître, les hommes se déchirent, et la violence règne. Ceux qui prêchent ni Dieu ni Maître n'ont pas connu la guerre civile. Ils sont justes impuissants : tout le monde le sait.
L'immense majorité des hommes se réfugie dans le fanatisme pour se protéger, ou encore dans le doute systématique, qui n'est qu'une forme de fanatisme adaptée au narcissisme. Le doute est la position la plus ridicule du fanatique.
Il est possible de soutenir toutes les perspectives, mais il restera éternellement que la femme qui est allé voir au péril de sa vie la vérité est de la race de ceux qui ont du courage, du coeur, de la noblesse. C'est la plus haute exigence qui élève, et pas l'éparpillement, la dilution du doute. Et ce que les yeux voient, ce que le coeur voit, il est éternellement possible d'en douter, mais pas en étant sincère avec soi-même. Et Dieu abandonne celui qui ne croit pas en lui-même comme force de vérité. Tout le monde le sait.
Tout le monde sait, un jour c'est toi ou moi. Et je te le dis, ce jour là, je n'aurais pas de culpabilité. Mentir sur cela est une arme de combat. Il n'est pas possible de penser l'homme comme les grands mères névrosées de la Ligue contre la violence routière, une créature dont tous les risques sont à punir. La violence, la volonté de puissance, le sang sont aussi des délices, comme le jus d'un fruit, le vin, l'amour d'un enfant, un baiser de feu. Plus exactement, la violence et le sang sont au coeur du plaisir d'amour et d'innocence. La violence se nourrit de l'avidité d'amour ; l'avidité d'amour est une soif de sang, un sourire rouge, et le délice de l'homme mortel, un splendeur...L'innocence et le jeu sont au coeur de la violence et du sang versé dans les guerres. Mais cela n'est vrai que pour ceux qui ont de l'esprit ; les autres ne devraient pas combattre.
Maldoror découvrit qu'il était né méchant. Fatalité extraordinaire !...Il ose le dire de sa bouche qui tremble...
Tout le monde le sait, vaincre son ennemi au soleil est une des plus grandes jouissances de l'homme.
Gengis Khan disait : le voir fuir, voir les larmes dans les yeux de ses proches, serrer ses femmes dans nos bras.
L'homme le sait au fond de son coeur : il est un loup. Le loup est un animal politique. Et il vit que cela était bon.
Vive la mort !
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