Le Nihilisme comme Eléphant



(Iris, Dürer)

La Gnose est la recherche de la connaissance salvifique. Le gnostique cherche le salut sur les voies étroites et tortueuses du savoir, des hommes savants, des livres recouverts de poussière et d'oubli. Il le cherche dans la vie des auteurs et dans les mythes, ces récits qui sont comme des index pointés vers les astres cachés.

Que cherche-t-il? Comment savoir ce savoir qui justement est cherché? Et comment le chercher sans le savoir?
Tout commence par le dépassement du langage par la pensée. La sémantique est dichotomique par nature. Toute position sémantique est négation. Toute description comporte une ombre, qui est structurellement identique et sémantiquement opposée à elle. Ainsi les discussions des systèmes philosophiques, sur le progressisme et la réaction, sur le matérialisme et le spiritualisme sont elles fondées sur des unités concrètes. Il ne peut naître de communication que sur la communion de fondements communs qui ne sont pas mis en cause. Une affirmation matérialiste "tout est matière" a pour ombre l'affirmation "tout est esprit", et de même "Dieu existe" lève dans l'horizon sémantique l'aurore de la "mort de Dieu". L'être lui même est fait de polarités.

C'est pourquoi toute "orthodoxie" qui s'installe pour ordonner la Cité humaine doit définir ce qui peut être dit, elle même comme ensemble de thèses, et définir l'hérésie. L'orthodoxie pose l'hérésie comme son ombre, et l'hérésie nie l'orthodoxie tout en étant son image en négatif, tant et si bien qu'elle ne pourrait
complètement la nier. L'hérésie veut remplacer l'orthodoxie, devenir celle-ci. Ainsi les idéologies totalitaires. Elle est le gouvernement fantôme de la Cité, rôle qu'assument « les partis extrémistes » dans notre âge.

Notre monde de tolérance est aussi intolérant que n'importe quel autre, aussi affolé de ses ombres, toujours en condamnation morale et recherche de figures du Mal. Et ceux qui invoquent avec hauteur la nécessité de faire de « la place à la diversité »seraient bien incapable de faire de la place à ceux qui se moquent bien de «faire de la place à la diversité »et de leurs moralités chipoteuses et bécassières ; la diversité acceptable doit répéter leurs vénéneuses insignifiances par ses représentants autorisés! La diversité légitime est celle qui ne remet rien d'essentiel en cause. Et c'est pourquoi cette « diversité »est toute superficielle, et la monotonie bien réelle. La dichotomie, et le dualisme implicite de la morale ordinaire dominent notre âge autant et plus que les âges passés.

La Gnose véritable cherche la réintégration du Mal ; pose la naissance des Ténèbres dans la procession de la Lumière. Le combat nait dans l'Un, et chaque homme porte cette déchirure fatale. Tout étant en porte la marque. Le péché originel concerne l'origine même. La marque qui est portée fait le savoir originel comme une souffrance, la question motrice de la quête gnostique, la nostalgie ou désir. Mais contrairement à la psychanalyse théorique, ce désir n'a pas d'objet connu, et c'est donc le savoir de la nature de l'objet du désir qui est la quête. Il n'y a ni deuil, ni mélancolie au sens de rumination vaine d'une perte d'objet. Et savoir l'essence de la nostalgie, c'est savoir répondre à la question : qui suis-je, la question de l'Apollon de Delphes posée comme obligation : « connais-toi toi même. ». Là l'objet se dissous en son essence, n'apparaît que comme un symbole de l'absence de tout objet.

Face à la division métaphysique, morale et mondaine, la Gnose est la dimension intégrative, la puissance infinie de dépassement et de destruction des apparences mondaines binaires. La Gnose est la dialectique que symbolise le Tao, mais aussi la Croix, montrant le supplice de la déchirure qui marque l'existence à partir du Principe. Savoir, c'est relier, donc tendre vers l'Un. Il n'y a opposition que dans un horizon de négation, de tragédie. La Gnose contient les récits du drame céleste, qui ne peut être dit.

La Gnose ne cherche pas la réconciliation par la négation du négatif. Cette volonté est illusoire car paradoxale. Voyez la situation de ceux qui veulent détruire tout le mal : c'est illusoire, car celui qui détruit n'est pas pur, et paradoxal, car dans leur œuvre de destruction ils commettent et aggravent le mal. Le bourreau n'est pas innocent. Il parsème le monde de grands cimetières sous la Lune. Notez bien que la négation du négatif ne produit du positif qu'abstraitement, et que concrètement l'acte de nier l'emporte. La négation concrète du négatif redouble le négatif, le renforce en l'intériorisant et en le dissimulant. Au mieux on produit un spectacle de réconciliation. Enfin le jugement sur ce qui doit être classé positif ou négatif se fait de perspectives humaines, c'est à dire est entaché de négatif, ce qui ne peut qu'entraîner le bourreau dans des « dommages collatéraux »qui deviennent vite plus importants que l'éradication attendue. Voyez la corruption rapide et radicale des Utopies humaines.

Pas de réconciliation illusoire donc, mais bien- dans la sénestre du Père- dépassement des oppositions par l'exaltation de celles-ci dans le temps : c' est la Guerre céleste. « Le combat, père du monde ». Le Maître dit : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais la guerre » mais aussi « aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ».

C'est de la naissance de la dyade en l'Un que nait le Temps, c'est à dire le Verbe auprès de Dieu, Récit archétype, Cantique des cantiques. Pour la Gnose le récit symbolique est un mode de pensée autant que le texte argumentatif. Cela ne peut être le cas d'une pensée discursive qui fonctionne par séparation, et pour laquelle le mythe n'est qu'un conte, une fabulation arbitraire.


Les courants gnostiques affirment l'unicité de la puissance divine, tant dans l'adoration-on ne peut adorer que Dieu- que dans le service. C'est le sens de l'amour des ennemis. Ainsi trouve-t-on un évangile de Judas, où Judas aurait reçu l'enseignement de la nécessité de sa trahison du Maître lui même. Ainsi Boulgakov rappelle-t-il le Faust de Goethe en frontispice du «Maître et Marguerite » : « Je suis celui qui éternellement veut le mal , et qui éternellement fait le Bien. » ; ainsi fait-il de Ponce Pilate le plus proche interlocuteur de Ieshoua. Par ce sens de l'ambiguïté, certains gnostiques ont été, comme Marie-Madeleine, et comme le Maître lui même, source de scandale. Mais c'est la condamnation du moralisme pharisien que l'on retrouve sur Ses lèvres : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés : car c'est à la mesure de vos jugements que vous serez jugés ». Juger, c'est séparer. « Il fait soleil sur les bons comme sur les méchants ». Cela ne signifie nullement qu'il n'y a pas de jugement, mais que le jugement de l'homme est corrompu, et une cause d'aveuglement.

Le caractère hétérodoxe de la Gnose n'est pas miroir d'une orthodoxie, mais se situe dans l'absence principielle de définitions dogmatiques, car la définition est une fin et nie la dialectique fondatrice du drame céleste et humain. Seul le retour vers le désert du Suprême est la fin, le silence et la paix. La Gnose n'est pas l'hérésie mais peut en être une source par malentendu, si l'on affirme la Gnose comme une affirmation discursive, alors que les mots ne sont que voile qui doivent toujours déjà être dépassés. L'exigence de la Gnose dépasse l'exigence humaine de l'établissement d'un Ordre mais ne la nie pas, étant étrangère à l'ordre mais aussi à ses enjeux. Beaucoup d'hérétiques sont des gnostiques mal dégrossis qui affirment une gnose comme une foi, donc entrent en conflit avec l'Ordre, ce qui est une erreur, sinon une faute. Car l'Ordre, selon la perspective, est une image de l'Ordre divin. Ce jugement cependant offre de grandes difficultés à l'âge moderne, où des ordres monstrueux se sont élevés. L'absence d'intervention des courants gnostiques dans les débats publics ne peut être une règle absolue, d'autant qu'à l'Âge de fer se rencontrent des gnostiques sauvages, comme Simone Weil, dépourvus de la sécurité d'une transmission sapientielle, et que leur seule soif recommande à la fontaine.

En résumé, en plus de ces accointances suspectes avec l'hérésie, la distance à l'énonciation et à la morale fait de la Gnose la complice, voire la source du Mal aux yeux de l'homme moral. Qu'en est-il du nihilisme?

Les affirmation "tout est matière" opposée à "tout est esprit" n'auraient absolument aucun sens dans l'absolu. Ce ne serait qu'une discussion arbitraire sur l'arbitraire du signe choisi pour nommer « la substance constitutive de toute chose. », si tant est que cela corresponde à une classe de faits. Le sens du débat n'est pas là, dans l'explicite des termes, il est dans les appréciations morales et culturelles implicites sur le couple "Esprit VS Matière". Une philosophie analytique est superficielle en se croyant rusée : la pensée se meut dans l'horizon anthropologique d'axiologies implicites, et n'est pas pur calcul de formules explicites.

A savoir que s'affirmer nihiliste ou matérialiste est poser que les valeurs morales ou esthétiques, ou le sens et la finalité, (que notre culture classe comme attributs de l'esprit) sont des jugements arbitraires. Ces jugements sont dit arbitraires car non fondés sur l'être, "l'objectif", mais "subjectifs". Là encore, la réconciliation, la fin des contradictions inhérentes à l'exercice de la pensée est assimilée à la négation d'une des deux polarités d'une dyade. C'est une opération abstraite paradoxale. Comme si "l'objectif" existait en soi, en dehors du sujet qui pose un objet. Et comme si on pouvait assimiler "subjectif "et "arbitraire", comme si je pouvais choisir arbitrairement ce que je ressens. (Cette assimilation est révélatrice de l'anthropologie de la toute puissance individuelle de la mentalité moderne.) Ces jugements arbitraires sont le produit d'esprits individuels et leur être n'est qu'un souffle si une puissance ne les impose à autrui. La domination est la clef des "jugements de valeur" partagés. Il n'existe réellement que les forces et les positions : c'est un point de vue dit cynique. La morale, c'est la culpabilité au service de la domination. Là dessus, on conclura généralement qu'il faut poursuivre notre plaisir individuel alors que tant de menteurs moralisateurs nous disent de chercher notre salut, etc. (et bien sûr les menteurs ne tiennent ce discours que pour nous asservir à leur propre jouissance.) Pour connaître cela, voyez Onfray, à la suite de myriades de petits maîtres.

Mais cette posture pseudo rebelle, cette négation ontologique, cette condamnation au subjectif du Bien, du Beau, de la Finalité, du Sens, (négation ontologique avec survalorisation de l'homme, c'est encore plus consolant et vendeur : ne suis-je pas ainsi la mesure de tout bien et de toute beauté? Voilà une grande satisfaction d'étudiant moyen ou de petit bourgeois)-cette négation ne nait que dans l'horizon de l'opposition Esprit VS Matière, qui produit structurellement le couple Objectif VS Subjectif. Le subjectif pur est ontologiquement infime, arbitraire, en définitive produit d'une imagination sans puissance. « Un jugement purement subjectif »ne mérite d'être pris au sérieux que comme expression d'un ego souverain, mais pas pour juger d'une existence, où le subjectif produit la fantaisie des fantômes, des martiens et des fées. Une telle matrice combinatoire satisfait l'ego moderne. L'objectif de la production matérielle, de l'argent, de la puissance mondaine est protégé dans sa solidité et sa concrétude rassurantes. Les propriétés de la "matière" sont définies par la négation de celles de "l'esprit" et réciproquement à l'intérieur de notre langue. Ce renversement, cette soi disant rébellion n'est que conservation renversée et rien de plus. Et cela, dans l'intérêt global du système social existant, à la manière des obscurantistes que ces auteurs montrent du doigt avec suffisance. Tout ça pour arriver à quoi? A renverser l'huile, Anouchka?

Pour arriver à conclure que ces oppositions sémantiques dichotomiques, qui posent des moments comme des essences séparées sont les principes souterrains de ces débats sans saveur, et que le penseur supérieur n'a pas l'obligation d'être dupe, de partir des obligations sémantiques de son langage et de sa culture. Au fond spiritualistes comme matérialistes sont des perroquets stériles de matrices sémantiques. Le penseur supérieur n'a pas d'opinions. Il cherche la matrice commune des opinions, pour en sortir.

De même pour Nature VS Surnature. On conçoit en Occident le Surnaturel comme un monde autonome surplombant la Nature elle même autonome. C'est le fondement de la séparation entre la Théologie et la Physique. En réalité, on peut aussi le penser le surnaturel comme hypernaturel, hyperousia conformément à son essence, comme exaltation de la Nature, toujours déjà présent en elle, et ce qui est vu est à la mesure des yeux qui regardent et non de ce qui se montre. La mesure, c'est ce qui mesure, non pas ce qui est mesuré. L'homme qui mesure ne trouve que lui, mesure du monde. L'homme qui mesure est donc nihiliste : "il n' estrien que moi, moi, moi!".
C'est pourquoi le sage au présent cycle ne peut que conseiller la démesure qui brise la mesure : "Si tu as le sentiment d'être allé trop loin, c'est que tu as eu raison"(Hagakure).

Le Seigneur est toujours déjà réalisé. « Là où Moïse fut, je suis.» Le poisson peut nager à l'indéfini, partout où il ira il sera encore dans l'eau. Le saumon doit revenir à la source et mourir, alors il verra au delà de l'eau. Dans l'histoire des sciences, ce phénomène est objectivé sous le nom de « changement de paradigme » à la suite de Thomas S Kuhn. Mais on en parle beaucoup et on le voit peu. En réalité, le saumon de la nature est bien un symbole de la Gnose, et l'observation de de la nature est Temple pour ce qui contemple en l'homme. A ce titre, l'observation des Iris de Dürer en apporte le signe pour qui a des yeux. Et comme le rapporte l'Edda, être borgne est peut être le moyen de voir.

De ce fait il n'y pas de monde surnaturel surplombant un monde naturel séparé, mais un seul entrelacement kaléidoscopique de mondes qui s'occulte et se montre selon la formation du regard. Et la formation du regard, c'est la Gnose. La gnose, c'est apprendre à voir. Voir est une discipline du désir. On a mille exemple de choses qui n'apparaissent qu'avec le savoir. L'homme domestique tombe, se perd dans la montagne et meurt, là où le voyageur et l'éclaireur vont en rêvant sans même voir leurs pieds. Et l'homme ami de la mer voit la vie et le monde dans son miroir. De même certains ne comprennent pas pourquoi le Cantique des Cantiques est retenu dans le Corpus de la Bible. L'apparent n'apparait que dans un regard, l'audible n'est entendu que par des oreilles. « Qui suis-je, demande le Maître. (...) C'est toi qui le dit »

Car la pensée, quelle qu'elle soit, est humaine et position de l'homme. Ce sur quoi elle informe est bien plus le sens du regard que le monde sensé être vu. Et la position n'a d'intérêt que pour la vie, entendue non pas comme biologie mais comme mode d'être de la créature vivante, dite animée. La position est point d'appui pour la transformation et n'a de sens que par rapport à cette cause finale. La position des éléates, qui niaient le mouvement, n'avait aucune valeur si elle n'entraînait qu'une vie identique à ceux qui le constataient. Le Nihilisme ne se comprend que comme aveuglement : j'ai cherché, je n'ai rien trouvé ; ainsi il n'y a rien, et ceux qui ont trouvé ont des illusions, des symptômes. Ceux qui ont des symptômes sont des malades qui doivent être guéris ou écartés. Le nihilisme cherche à expliquer ce qui a été vu, et cherche à fonder la vie humaine dans la négation qui ouvre à la toute puissance de l'ego : « rien n'est vrai, tout est permis!» C'est ainsi que des aveugles- des sots bien informés, et fort riches avouons le- croient juger ceux qui voient. Le nihilisme est l'idéologie conséquente de la société de production/destruction, de l'âge moderne. Nier la valeur, l'existence même de ce qui s'oppose au procès de destruction/ production n'est que la première étape de la destruction pure et simple des obstacles. Nous en donnerons maint exemples. Le plus visible pour l'humanisme moderne est la destruction de populations humaines après avoir diffusé des idéaux de négation de leur « valeur », de leur « utilité ». Un autre est la négation de la valeur objective de l'oeuvre d'art, soit par le marché, soir par le subjectivisme esthétique qui définit le beau comme ce qui est dit beau par un ego, ce qui permet de faire de tout un art, selon la toute puissance individuelle, et donc d'annuler la particularité de l'Art.

La Gnose véritable doit transformer la vie. C'est pourquoi elle est devenue Théurgie en avant dans le cycle de l'Empire Romain, là ou l'alchimie conceptuelle ne réussissait plus à former les métamorphoses de l'Adepte. Aujourd'hui il semble que l'Art soit la théurgie cherchée. L'Art véritable est Théurgie.

Dans les activités théurgiques, qui font Dieu, l'Art est une première citation. L'Art, c'est de rendre visible ce qui se dévoile à un regard supérieur. Non pas visible à tous, mais à ceux qui peuvent au moins sentir comme une lumière infime sous une porte fermée dans l'obscurité. Ainsi, dans une grotte peut-on sentir le mouvement de l'air, le signe du dehors ensoleillé, l'odeur des fleurs et de l'humus. On ne peut voir avec les yeux d'un autre, entendre avec ses oreilles, et pourtant c'est cela l'art, communiquer ce qui n'est pas universel, une passion au sens spirituel du terme-ou non. La pornographie veut communiquer la passion sexuelle que sont censés vivre les acteurs. Cette communication peut être d'un ordre très élevé ; elle n'en est pas moins inférieure au regard original. Dans les Arts visuels, la communication est une passion de la Vision. Cela distingue l'activité théurgique de l'Art d'activités décoratives.

Ainsi dans les arts visuels peut-on communiquer sans parole, communiquer sans signes, malgré l'appui de signes ; car c'est le regard qui est communiqué. De ce fait annuler l'Art est nier la Gnose. La Gnose, qui pose tout étant comme un Vestige de la Croix, comme objet de respect et signe du mystère, ce que manifeste l'artiste. De ce fait la Gnose est contemplation du deuxième livre, et non arraisonnement, destruction comme matière première d'une production de richesse. La Gnose voit qu'un Homme peut être sacrifié à un signe, là où le nihilisme nie et sacrifie tous les signes « pour l'homme », ce qui est aussi destruction de l'humanité de l'homme, pour en faire une sorte d'organisme régulant ses échanges avec le milieu par l'absorption-destruction et l'excrétion, un être collectif, un Léviathan, dont l'entéléchie devient les nécessités du corps.

Le Nihilisme est l'idéologie officielle de l'Âge de fer, et il ne peut que se poser comme rebelle, car le modernisme et le progressisme doivent officiellement aspirer à leur propre destruction. Et j'affirme que seule une pensée née sur le terreau de la Gnose peut supplanter le Nihilisme, car seule elle lui est radicalement étrangère dans la mesure du possible, assez profondément étrangère pour en être indépendante. Simone Weil a tracé des pistes. Comme Protée, le Nihilisme réapparait dans l'horizon de toutes les idéologies modernes qui veulent le détruire. Celles ci partagent ses principes souterrains, et ne sont que des moyens de déployer la crise nihiliste de l'Âge de fer en la voilant. Le nihilisme est la partie idéologique d'un grand organisme parasitaire-il se nourrit de tout ses opposants- qui emporte le monde dans l'Age de fer, et que comme les aveugles avec l'éléphant, nous ne décrivons que par fragments sans en saisir la structure systémique. Nous ne saisissons pas la structure complète car nous en sommes une partie, parie prenante, et que la saisie complète serait pire que la mort. Il en a été ainsi d'idéologies totalitaires, mais il en est ainsi de Jean Claude Michéa, ou Zizek qui ne peuvent rien proposer contre ce qu'il savent partiellement déconstruire, restant « humanistes ». Et l'humanisme est la fin de la vie pleinement humaine, qui porte les contradictions de puissances symbolisées autrefois par les éléments. La vie pleinement humaine est douleur, déchirements vertical et horizontal , passions et choix crucial ; non la paix, mais le glaive.

Vive la mort !

Définir des mots est moins que voir ; c'est pourquoi je définis des mots. Tout cela est de la paille, mais la paille allume le feu.


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Nu

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Zinaida Serebriakova