Les types de liens entre les principes des sexes III. Saturne, dévoreur de ses enfants.

(Betty Page)



J'ai longtemps écrit mes textes, cher ami inconnu, dans une petite pièce sombre et ventée donnant sur la mer . La mer est un vortex d'inspiration central pour l'homme de ce siècle avide d'horizons, même si à l'Âge de fer le savoir du voyage est l'amer savoir, l'amertume de retrouver partout le même, la découverte oppressante de l'expansion cosmique de l'Âge de fer. Pourtant les mondes propres des hommes de ce monde demeurent des voies d'apprentissages pour celui qui peut méditer en trinquant ou en mangeant avec un ouvrier algérien exilé à Marseille, qui raconte son enfance pendant la guerre d'Algérie, avec un marin turc à Istanbul, qui raconte ses années de petits boulots et les balles dans les tripes à N.Y, avec un pêcheur monumental, aux mains grandes comme des pastèques, ou encore avec un Kurde sorti des tortures et de la prison, qui prépare sa sortie par la mer, sa sortie vers ta patrie, ta terre charnelle sous tes pieds, où tu n'as connu que la sécurité et la prospérité du Siècle ! . Ainsi plusieurs mondes pourraient cohabiter sur la même racine puissante et obscure, la Terre? Et La mer n'est pas le lieu des répits! Ainsi amis, je prépare un texte sur Moby Dick et l'amertume d'Achab .

Et ce lieu dont je parlais, ce phare sur les océans de mon âme, ce lieu immobile de tant de voyages dans les abysses, où les marées, les tempêtes ne cessaient de battre le seuil, ce lieu a été frappé par la Crise . Le marché a changé, et ceux qui y gagnaient leur vie partent pour le RSA et la « reconversion ». Adieu, amis !

«Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta »

C'est comme si la chaos verdoyant des champs d'écumes, d'une vague scélérate était entrée dans la chaleur d'un petit foyer, ces lieux d'abri délicatement peints par Vermeer, abris du monde plein d'images et de cartes, derrière les fenêtres . Alors la lumière du soleil ne pénètre que tamisée, et les hurlements égarés des hommes ne parviennent qu'au détour des histoires des lettres des proches et des journaux de bords de la Marine, chiffonnées et tachées par de longs voyages et des années . Combien de fois n'ai-je rêvé dans les greniers sur ces documents des ministères de la guerre.. des vieux formulaires du service des pensions... comme si la disparition, le 8 juilllet 1916, du « Jean Bart » avec 200 hommes au départ de Mers el Kebir...Il n'est plus d'îles ni d'archipels, amis, la guerre envahit la texture même de la vie humaine, et c'était le cas depuis très longtemps, si longtemps pour les pauvres, privés d'endroit pour asseoir leur âme . Ainsi, toi même qui profite de tes jours , sache que le pauvre en Chine est ton frère, que tes abris sont illusoires, aussi puissants soient-ils...veille! Mais les conditions matérielles de Lancelot, qu'importe! Voilà ce que je peux dire des liens entre les sexes à l'Âge de fer.

Si l'on évoque les archées, les principes souterrains, du libéralisme moderne comme idéologie structurant les relations entre les principes des sexes, on ne rencontre pas les longues larmes des enfants et des femmes bafouées par un patriarcat imaginaire, et même produit par l'imaginaire idéologique du libéralisme, mais bien le souvenir de la puissance de destruction du spectacle idéologique du Prince de Nicolas Machiavel, citoyen de Florence, ou encore du plus délicieusement cynique darwinisme social . On s'en voudrait aussi de ne pas évoquer Marx, Manifeste...

« Partout où elle (la bourgeoisie) a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.
La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.
La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent. »

...et Freud, Totem et Tabou . Pour faire court, ce texte sera particulièrement brutal . Il est encore temps de rire, de condamner cette horrible et immature posture de l'excès, et de revenir à un site convenable . Vous êtes prévenus . Sinon, afin de vous préparer à cette brutalité, je commence une longue introduction sur l'idéologie moderne.

Le spectacle idéologique est cette forme de représentation du monde que jouent les représentations politiquement correctes sous les espèces de leur sémantique, syntaxe et pragmatique spécifiques . Y correspondent toutes les formes de novlangue . Ces représentations décrivent le monde, mais comportent des abîmes de négation implicite . Cette matrice combinatoire sémiotique repose sur un codage explicite, la langue, et un codage implicite que doivent connaître les locuteurs, à la manière tourmentée des précieuses ridicules . Plus encore, les interlocuteurs doivent rester conscients qu'ils transforment une façon de parler « trop populaire ». On pourrait dire d'un point de vue sévère, mais parfaitement juste, qu'ils savent qu'ils mentent, et qu'ils savent ne pas pouvoir dire comme ils pensent . Ainsi la figure publique du bon Prince, et de l'apparat verbal qui l'accompagne, et la réalité de son être dévoilée par le Prince. Dans le spectacle idéologique, il est des sens qu'on ne peut évoquer, des phrases que l'on ne peut pas former, des phrases que l'on ne doit pas prononcer.

Mais ces limites strictes n'appartiennent pas à l'essence de la langue comme matrice combinatoire, et sont de nature «morale », non linguistique . Une proposition non politiquement correcte peut être correcte en sémantique, syntaxe, et même pragmatique, si l'aspect normatif des contextes d'énonciations est mis de côté au profit de la rectitude analogique à une situation référée et a l'efficacité de la communication .
De ce fait même ces sens, propositions, occurrences de phrases sont des êtres en puissance, dotés de la force inhérente à l'être ; et il est linguistiquement possible (et défendu) de les évoquer, de les former, de les prononcer . Ces faits de langage peuvent donc se défendre dans un contexte de véridiction, et non d'intimidation moralisatrice typique de la tyrannie floue.

Par ailleurs, il n'est nul besoin d'interdire ce que la langue ne peut réellement pas dire, et pour poser des interdictions, le politiquement correct doit les viser, voire les prononcer en les entourant de mille précautions qui consistent à les couvrir d'opprobre. Ainsi le politiquement correct diffuse-t-il de lui même ce qu'il veut interdire . Mais c'est une naïveté de s'en réjouir! Car ce langage si particulier est un langage de pouvoir, de construction du monde avec des cubes, et non un langage d'édiction de l'Être, une recherche obscure de transparence . Un langage de pouvoir structure en miroir les opposants au pouvoir, du moins ceux qui sont trop faibles pour n'être que des contraires, et non pour produire un contre pouvoir contradictoire, car imprégné d'altérité au monde du règne de ce pouvoir . Et ainsi le langage du pouvoir fournit de lui-même son contre-discours à ses ennemis les plus simples . Prendre la posture de rebelle à lui même que te tends ton ennemi est une tentation , et cette tentation est celle de lui obéir en lui désobéissant comme il entends qu'on lui désobéisse . C'est pourquoi les ennemis simples d'un pouvoir sont ses créatures, comme le Diable est créature de Dieu.

Illustration : dans le champ qui nous occupe, le machisme est une création du féminisme.

Non seulement le pouvoir construit dans son idéologie ( qui comprend aussi tout les signes, y compris iconiques, de sa matrice combinatoire sémiotique) l'image de ses ennemis , mais il les produit tels qu'il les nécessite par son entéléchie propre ; et quand ceux-ci sont autres, il peine à les identifier, et soit les rallie à ses ennemis simples, soit ne les comprend pas, et les pose comme d'inoffensifs excentriques . Voyez l'image des chrétiens au début de l'Empire pour les païens.

Le politiquement correct qui décrit les relations entre les principes des sexes ne cherche pas à dire la vérité, mais à dire ce qui lui paraît correct de dire, au regard de sa perspective bornée et puritaine . Et de fait le mensonge est omniprésent dans nos discours publics . Nos mots jouent la représentation du règne du bien là où nous savons obscurément, voire très clairement, que le mal triomphe . Nous sommes incapables d'énoncer simplement la gravité de « la crise » que vit le monde dans sa réalité . Tout le monde sait de nos jours plus ou moins que dans certaines circonstances, un certain type d'homme, dans certains types de fonction de commandement, ne peut pas dire la vérité . Que ce qui est dit est dit en considérant non pas seulement le sujet sur lequel on parle, mais les effets escomptés de ce qu'on dit, les intérêts en jeu, les attentes supposées de ceux qui écoutent, la susceptibilité des associations qui se jouent comme représentantes médiatiques de « communautés » etc . Par exemple un représentant des industriels sur la réalité de la pollution des eaux . Pourquoi alors ce jeu médiatique de l'écouter, de le diffuser, puis de tenter rituellement par « des questions courageuses » de lui faire reconnaître superficiellement le caractère trompeur de ses propos, jeu de journalistes? On ne peut donner comme réponse que : chacun doit jouer son jeu .

Il demeure ce fait essentiel de l'Âge de fer : chacun cuide avoir défaut, les mots sont usés, on ne peut plus les dire . En langage moderne, la parole a perdu son pouvoir, et les poètes sont déchus . Il est une vérité alors qu'il ne faut pas dire, c'est que si le langage ne sert plus la recherche sincère du vrai et du bien par la dialectique, alors une grande part de la justification « théorique », représentationnelle, de la Démocratie s'effondre, comme le maintien effectif et la multiplication de privilèges en URSS sapait la justification « théorique » du système communiste . Et qui y croit encore, à cette démocratie « théorique »?

Les libéraux eux mêmes creusent sa tombe par des arguments qui valent sur le marché de l'argument, c'est à dire un marché structuré par une clientèle de personnes peu rigoureuses et avides de réconfort pour leur egonigologie . En voici des exemples :

De quel droit d'ailleurs se réclamer de la vérité quand on parle on qu'on écrit? N'est ce pas un abus de pouvoir? N'y a-t-il pas une vérité pour les hommes, une pour les femmes, une pour les blancs, une pour les noirs, etc? N'est ce pas au nom de la vérité qu'on a commis tant de crimes? Le voisin artisan du penseur n'y a-t-il pas un droit égal? N'est ce pas un crime contre la diversité que de prétendre à la vérité? Et sommes nous dans la tête de notre frère, pour comprendre réellement sa pensée à partir de ses mots, dont la motivation est confuse pour lui même d'abord, entre les dynamiques inconscientes, l'illusion sociologique, l'influence médiatique?

Mais cette motivation confuse n'est-elle pas déjà présente dans l'énonciation de tout argument de la motivation confuse de l'énonciation, comme l'argument sceptique se réfute lui même ou prétend à une autorité supérieure qu'il prétend nier? En clair touts les arguments sur la relativité de la vérité sont autoréférentiels, et la vérité est que l'idée de vérité est au fondement de toute parole et donc de toute communauté humaine . La critique moderne de la vérité est parallèle par son entéléchie à la dissolution moderne de la communauté.

Comme si l'énonciation de la vérité nécessaire n'était pas la trompette de Jéricho qui fait tomber les murailles du sujet, du problème subjectif . Je dis deux plus deux égale quatre : a-t-on besoin d'être dans ma tête pour me comprendre? Et où est l'abus de pouvoir sur celui qui prétend que deux plus deux égale cinq? Que sans intervention deux êtres humains du même sexe ne peuvent procréer? Cela n'est pas autre chose que le dire de l'être, le constat . C'est cette possibilité pour tout homme de constater qui permet le témoignage, et la science . Ce que j'observe dans une expérience reproductible, je peux arriver à le décrire d'une manière à laquelle tout homme doué de raison s'accorde.

Chaque homme a un droit égal à la vérité, cela ne veut pas dire que chacun appelle vérité sa propre fantaisie ; cela veut dire que nul n'a de droit sur la vérité ; la vérité s'impose également à tout homme doué d'intellect, et qui se soumet à son intellect . Car cet intellect peut être pensé, avec raison, et vécu, comme une limite à la toute puissance désirée du moi . Et cela est intolérable aux modernes, et de fait la manipulation consciente et volontaire de la vérité est un trait caractéristique des tyrannies modernes : « c'est moi qui décide qui est juif ! »disait Göring . Et l'ennemi aimerait tant dire, ou dit : « c'est moi qui décide qui est libre ! » quand bien même il serait accablé de la certitude intime de sa servilité, « c'est moi qui décide qui est fils de qui ! », « c'est moi qui décide la réalité de l'homoparentalité!». « C'est moi qui décide ce que je désire ! » Car qu'est ce que le libéralisme individualiste, sinon la toute puissance bécassière du moi? Cette posture n'est-elle pas la plus séduisante sur le marché de la posture, la plus réconfortante pour l'ego de tant de flammes infimes, qui prétendent organiser un univers qu'elles reflètent à grand peine, en minimes fragments désarticulés, naufragés?

La diffusion médiatique de tous ces faux jugements connus comme tels réplique indéfiniment la distinction entre le peuple qui y croît, faute d'avoir aucune autre information pour se distancier des propos, et les élites qui savent ; chacun est ainsi rassuré, assuré dans son identité .
Quand au jeu des personnes médiatiques, il ajoute la connivence au pouvoir en diffusant de manière irresponsable ses messages (car ce ne sont pas les médias qui seront accusés si des experts diffusent des fausses nouvelles, mais uniquement les responsables dont on a diffusés les messages en se doutant bien qu'ils mentaient), à la connivence à « l'élite des auditeurs » en critiquant avec discrétion et onctuosité . La déconstruction toute relative de la représentation du pouvoir est ainsi la chose du monde la mieux partagée.

Mais la déconstruction de la représentation idéologique est beaucoup plus dure dans le cas des liens entre les sexes . L'idéologie a été apprise dans la famille, dans l'école, comme Arendt disait que sous le nazisme il était difficile de douter que les juifs étaient d'une essence différente des autres hommes, puisque tout l'espace public était structuré sur cette position . Là le monde représenté est aussi le monde vécu ; car la plupart des hommes construisent leur vie et leur identité personnelle réfléchie sur le socle des idéologies qui saturent l'espace de la langue . Comme le lierre, trop flexible pour produire des formes par son entéléchie propre, les hommes suivent les formes sur lesquelles ils poussent . Cette plasticité ne doit pas faire penser que le lierre peut se passer de conditions fondamentales d'existence pour conserver son essence . A force de trop domestiquer, on produit des monstres, bonsaïs étranges ou pékinois à la face écrasée . Il en est de même de l'homme domestiqué des modernes.

Là où ça parle, et où ça décrit un monde possible, la plupart des hommes de ce temps disent je parle ; et ce qui est parlé, il le voient, le sentent, le touchent, en vivent, car toutes les perceptions sont informées par la matrice mise en place dans leur chair . Et ce qui ne correspond pas à cette matrice est rejeté dans les ténèbres du dehors et de ce fait renforce la matrice . En conséquence la critique de ces mondes d'ombres et de fantômes les fait-elle réagir avec la violence proche de l'hystérie de celui qui se sent menacé dans son être même, et avec raison, car c'est bien la survie même de leur essence factice si laborieusement construite, et dotée à grand prix d' « estime de soi » qui est en jeu . Méfie- toi de ton attention, lecteur, elle est celle d'Ulysse face aux sirènes . Ainsi le succès vient-il en son temps au bavard, qui dit ce que tout le monde pense en prenant la posture du rebelle ; tandis que celui qui passe derrière les décors du siècle est laissé dans l'ombre où il va de lui même, par curiosité, comme un danseur de la nuit . Merveilles et délices des ténèbres, de l'arrière des décors, des greniers oubliées, des désirs enfouis . La désillusion est toujours cruelle pour l'outre gonflée de vent . Ainsi le penseur doit-il être cruel, et d'abord cruel envers lui-même .

La chouette, figure de la gnose, scrute les ténèbres, et éveille l'homme morcelé par ses cauchemars, au corps imbibé d'une sueur de mort, enfermé dans ses draps moites comme dans un linceul, par son appel spiralé et mélancolique . Mais il n'est rien de grand sans douleur ni mélancolie. Et rien de grand sans cauchemar...

« Transformez vous ! » disait Origène . Et comment se transformer sans excès sur la situation présente, sans feu, sans violence, sans les abîmes de la mer? Quand le siècle présente les caractères de la plus profonde dégradation de ce qui fait la grandeur de l'homme, qui a tort, le réformé malade qui se révolte, comme Luther, ou la Rome corrompue qui est devenue, du cadre universel de la chrétienté, un parti des guerres qui déchirent l'Italie? L'excès ne peut durer s'il est une posture adolescente ; mais l'excès le peut, durer et endurer, s'il est une position consciente d'elle même dans une situation dépourvue d'équilibre . L'excès qui dure a pour nom guerre . Et la relation entre les sexes est un champ essentiel de la guerre.

La Révolution française a été un processus destructeur , qu'il faut juger à son entéléchie ; mais ce caractère de malédiction ne doit pas faire oublier qu'elle était, de l'aveu même de Joseph de Maistre, le châtiment d'un régime qui avait travaillé très longtemps et méthodiquement à se détruire lui même . Ainsi la sanglante morsure du Diable n'est-elle pas , en elle même, injuste .

Donc, serre les mâchoires, lecteur, car ce texte risque de fouiller parmi tes tripes, de t'arracher le cœur et de le tendre à la morsure du soleil . A la verticale du Soleil invaincu se trouve l'éblouissement, la brûlure, la folie caniculaire, le départ du monde des hommes ; mais sous ce soleil nu se trouve aussi la vérité, l'alliance des énormes mouvements des Temps et de l'éternité, l'étoile de l'Alliance . Moult a appris qui beaucoup ahan!

La représentation libérale du rapport des siècles est l'égalité des sexes et des personnes . Les gens se rencontrent, se séduisent, s'aiment, se conjoignent, se lassent, se séparent librement . Les liens les aident à s'épanouir comme eux même aident leurs enfants à s'épanouir. C'est le développement de la personnalité, la libre exploitation de ses atouts . Dans la représentation libérale, il n'y a pas de liens entre les sexes, et de toute façon pas de société, mais des liens entre les individus, dont certains sont économiques, d'autres juridiques, biologiques, d'autres sexuels . L'individu étant tout puissant, le lien biologique comme la filiation n'est au fond qu'une potentialité qu'une volonté individuelle vient confirmer avec l'accord de l'État, qui veille à ce que la volonté individuelle s'exprime librement . Le seul lien légitime est le lien contractuel ; sauf si l'individu ne se montre pas assez responsable de sa liberté et doit être déchu de son libre vouloir pour menées contraires à la volonté d'autrui, comme le vol, ou le viol .

Le problème de la représentation idéologique n'est pas d'être « idéalisée »au sens de pauvre en monde, ou « fictive », ce qu'elle est du reste ; son problème authentique est d'être une partie fonctionnelle d'un système global, et de prétendre être ce système global . L'entéléchie du système global est par nécessité donc très différente de la finalité posée par l'idéologie . L'entéléchie est la finalité immanente du Système, l'état vers lequel il se dirige comme par une dérive lourde d'une formidable inertie, malgré les finalités posées par les « acteurs », qui sont bien des acteurs mais qui ignorent ce qu'ils actent . Les acteurs peuvent identifier une entéléchie et souhaiter sa perpétuation, comme la « croissance économique », mais il ne peuvent la garantir en réalité . Ils peuvent souhaiter l'arrêter, et constatent leur impuissance, quand le lent mouvement entéléchique tient son inertie d'un passé qui échappe à leurs prises, comme le « réchauffement climatique ».
Nous constatons, concernant par exemple les liens entre les sexes dans notre siècle, des faits extrêmement contradictoires : l'exhibition de la sexualisation des fillettes, voyez little miss sunshine, et la chasse au « pédophile » ; l'exhibition de femmes sexuellement désirables et la réalité de la contention de masse , la multiplication et la brutalité des condamnations pour mœurs, qui représentent plus de la moitié des prisonniers de droit commun, les pointeurs, dans un monde violent et corrompu ; la commercialisation des corps et le rejet idéologique de la femme objet qui s'affiche partout, etc...

Face à ces contradictions l'interprétation libérale est de dire que la société est le lieu de rapports de force et de discussion qui remet sans cesse en cause ces propres normes, pour la plus grande liberté de tous, et que nous avons dans ces faits le reflet d'une saine diversité . Mais une telle conception de la présence criante de contradictions est une pensée simpliste . Le monde n'est pas formé de fragments, de choses en soi fermées sur elles mêmes, sans liens entre eux, ce qui rendrait impossible toute cosmologie globale . Il faudrait pour cela que les règles physiques qui s'imposent là disparaissent ailleurs ; ou même qu'aucune règle ne puise être trouvée . A l'évidence, ce n'est pas le cas .

La pluralité des règles montre davantage un emboîtement dimensionnel non contradictoire, et hiérarchisé par l'émergence de nouvelles règles, que la pluralité de règles dans des espaces analogues . Le monde est une unité systémique, un tissage de liens autant et plus que de choses, un kaléidoscope dans un miroir . Il est donc nécessaire de poser en principe que les contradictoires apparents de la société doivent produire une entéléchie unique, et une entéléchie tellement puissante et éloignée de la représentation commune qu'elle nous aveugle . La production de l'aveuglement peut d'ailleurs faire partie de l'entéléchie .
Mais continuons de survoler l'idéologie .

Le lien contractuel garanti par l'État pose la toute puissance individuelle qui légifère en son ordre : je peux vouloir désirer tout adulte responsable, et ainsi il est légitime de désirer dans les limites de la Loi . Fétichiste du parapluie noir, j'ai le droit de « m'épanouir librement »avec ma collection ; d'être librement esclave d'une relation sadomasochiste ; ou encore, pauvre, de coucher librement avec des riches pour de l'argent, ou mieux considéré, de le faire en spectacle payant. Il n'y a aucune autre définition d'un lien sexuel valable que le respect de la libre volonté d'autrui, ce qui interdit l'usage de drogues facilitatrices, de relation avec des mineurs, de rapport de force explicite . Le politiquement correct voudrait même rendre le consentement explicite à chaque rapport sexuel . Peut être faudrait-il des témoin publics, qui puissent être garants de ce consentement . Car en son absence ce consentement resterait douteux, enfermé dans la relation des parties en cause en cas de litige bien compréhensible . Sachant cependant que je peux tout aussi librement changer d'avis entre mon consentement explicite et l'heure du rapport sexuel ; voire même, cela se voit, pendant le rapport, lequel se divise alors en deux parties, d'abord légitime, puis illégitime . Encore qu'un avocat pourrait plaider l'absence de viol, la pénétration ayant été consentie, mais il ne faut surtout pas s'interrompre.

Le lien entre les sexes se structure logiquement comme un marché ; les beaux, les demis beaux, les laids...s'apparient avec des individus de « valeur » identique, avec les écarts possible dus à la différence de statut social . Il est inutile de rajouter à ce sujet ce que Houellbecq a écrit de ses souvenirs du Cap d'Agde . Ainsi les puissants, aussi âgés et laids soient-ils, trouvent des services chez les hommes et femmes qui usent de leurs charmes pour développer leur puissance . L'exhibition de la richesse est ainsi une étape utile, voire indispensable chez ceux à qui le nécessaire manque, pour le séducteur, a travers vêtements, accessoires, coiffure et autres . Cette réalité brute suffit à faire d'un logo d'une marque chère un élément de l'apparence inévitable, quand bien même le support de ce logo n'aurait aucun intérêt sans lui .
La valeur du logo dépend de la communication de la marque, et pas du vêtement réel . Celui qui le porte rentre ainsi dans le monde enchanté de l'image de marque, et la laideur des cours d'immeuble devient le château de Christian Dior par la magie d'une pièce de vêtement . Mais comme la drogue, et le carrosse de cendrillon, cet effet ne dure pas . Dès que des gens dévalués s 'exhibent trop avec ces insignes, ces insignes deviennent le signe ironique du looserprinzip, de celui qui se la joue.

C'est pourquoi la presse féminine mêle justement valorisation de la femme, actualisation constante de cette valorisation, et libération de celle-ci, la femme étant libérée par sa puissance propre sur le marché de la bonne moeuf.

Hérodote raconte que dans un peuple d'Asie, chaque année, les filles nubiles étaient ainsi partagées . Elles étaient mises aux enchères en commençant par les plus belles ; ainsi les plus riches avaient-ils les plus belles . Puis les prix baissaient, et enfin l'argent gagné permettait de payer aux hommes pauvres la dot qui leur rendrait acceptable un mariage avec une femme laide . Ce système permettait de redistribuer de la richesse en s'appuyant sur les relations entre les sexes . De nos jours la redistribution s'effectue par l'ascension sociale des femmes belles par leurs relations . La séduction est un capital qu'il faut valoriser sur un marché, comme la compétence, et au moins autant que la compétence . La vérité oblige à dire que le système décrit par Hérodote, qui à première vue est si étrange, n'était pas si éloigné du nôtre dans sa réalité, quand bien même il l'est dans la représentation.

Je répète : la logique de travail et d'épargne de la marchandise pousse les femmes à se valoriser sur le marché du sexe. La valorisation passe par le calcul, la rareté qui fait monter les prix et le refus de la gratuité . La libération de la femme » en fait une marchandise sur un marché . Le marché, selon l'expression d'Hayek, est cette organisation politique qui oblige les hommes à être rationnels, en clair qui les oblige à se comporter selon la matrice de comportement du calcul de l'intérêt individuel construit par l'oligarchie.

Si l'oligarchie oblige les hommes à se comporter selon une matrice qu'elle a elle même produite, c'est nécessairement, si je me place dans cette même matrice, qu'elle y a un intérêt . Voilà le miracle ; si chacun cherche son «intérêt individuel » défini comme un ensemble de conditions matérielles, c'est à dire un intérêt défini dans une ontologie unidimensionnelle et horizontale, alors l'intérêt de l'oligarchie est servi . C'est le bras invisible...mais l'oligarchie elle même, Marx a raison sur ce point, ne porte que l'entéléchie du Système général . En clair donc, les liens entre les sexes dans l'Âge de fer servent l'entéléchie du Système général . La liberté qui s'y manifeste est une délégation de la domination du système, « la diffusion moléculaire de la contrainte dans le quotidien ».

Autrefois l'oligarchie a considéré utile la croyance à l'Enfer, comme créant un Univers où la recherche de l'intérêt individuel conduirait au respect de règles morales : « je n'ai qu'une âme et je dois la sauver », où l'âme est déjà une possession, un capital qu'il faut gérer au mieux pour en avoir des récompenses . Ce temps est passé, et le marché est suffisant ; ainsi la mondéité inculquée par l'oligarchie peut-il valoriser davantage la liberté et le désir . Un progrès? Amis! Lors de la guerre de Sécession, des blancs se sont déchirés pour savoir comment exploiter des noirs, par l'esclavage ou par le salariat : mais personne n'a demandé leur avis au noirs, et personne n'a envisage de leur donner la terre, la maîtrise du capital . Les débats de l'oligarchie sont de cette forme, et non de la forme de l'insurrection de Spartacus . La liberté que donne un maître cruel et calculateur peut-elle être plus qu'un paradoxe, un malentendu?

Je répète, mais comprendre c'est relier, et donc dépasser le morcellement des choses comme des écrits :
« Quant à l'oligarchie, elle a délégué l'oppression par capillarité à tous ceux qui étaient des opprimés de l'ordre patriarcal post-révolutionnaire, porté par le Code civil. L'extension du domaine de la lutte est une expression d'une redoutable justesse ; c'est l'extension du marché libéral et de la technique au domaine des relations entre les sexes ; et cette libéralisation, cette constitution des rapports entre les sexes comme un marché a reçu le nom de "libération de la femme", là on on devrait plus justement dire libéralisation de la femme.

La femme est "propriétaire de son corps" comme l'homme du passé était « propriétaire de son âme » et en retire des avantages que l'oligarchie lui facilite par la maîtrise de la conception. La maîtrise de la conception n'est pas seulement une question morale mais une question de puissance . Une question politique, que personne ne place sur ce terrain, car cela s'approche du domaine sensible de la domination réelle, si éloigné de la domination représentée.

Nous en arrivons donc à la question fondamentale : si le désir et les liens entre les sexes sont un problème politique qui engage la domination dans la société humaine , quelle forme de domination le lien moderne met-elle au jour?

Pour bien comprendre ce moment crucial de la recherche, il faut en revenir à la fonction du marché dans l'Âge de fer . La fonction du marché est comparable à celle de l'Etat ; elle est de contrôler l'allocation des ressources rares . Elle est de freiner l'indéfinité des désirs pour aboutir à un partage de ces ressources en limitant les risques de conflagration . Le marché, c'est la poursuite de la guerre par d'autres moyens . La guerre entre hommes fait place à la guerre contre les choses, arraisonnées par la technique et le droit de propriété ; et de ce fait la destruction se porte vers « la nature » . La nature est vue comme ennemi et source de richesse, comme est vue la baleine dans Moby Dick .

Le gouvernement traditionnel des choses permet de les mettre au service des fins les plus hautes de la communauté, son adoration, sa gloire, et dernièrement sa prospérité . Dans notre âge les choses sont au service de la prospérité matérielle, de la maximisation de la puissance matérielle . La gestion, le bon usage des choses, y compris le développement durable, consiste à les considérer comme des consommables ou du capital ; le développement durable insistant davantage sur l'aspect de capital à préserver . L'écologie porte la face puritaine du capitaliste là où sa face hédoniste se montrait davantage dans la consommation .

Le marché des liens sexuels à l'Âge de fer remplace un fonctionnement où les liens des sexes étaient mis au service du tissage fin de la communauté des hommes . Ainsi le mariage entre deux lignées royales était-il l'archétype du mariage, un lien de service réciproque entre deux lignages . L'entéléchie de la société traditionnelle est de maximiser le tissage, d'éviter au mieux les divisions, d'aller vers l'Un . Une telle démarche ne peut poser la toute puissance de la volonté individuelle, mais au contraire l'encadrer strictement . De même, ma beauté est-elle dans une telle société un atout très relatif, et le modèle de la beauté féminine est la beauté maternelle avec ses flots de chair, et celui de la beauté masculine la prospérité paternelle avec son estomac protubérant .

On conserve, à l'usage des hommes de haut désir, la possibilité de types de liens, de liens privilégiant le plaisir, et plus rarement encore de liens salvifiques souterrains, mais secondairement aux liens nécessaires du lignage, de manière clairement distincte et subordonnée . Les femmes qui s'y adonnent sont en dehors des liens habituels de la société, elles sont d'un lieu à part qui peut être inférieur mais aussi supérieur . Ce sujet est à traiter ailleurs . Je précise que les liens de la forêt, les liens sauvages qui exaltent la sauvagerie féminine sans la socialiser, ne sont pas que les liens sexuels ludiques, ceux des hétaïres grecques, des geishas japonaises, mais aussi ceux de l'amour lié à la mort, celui de Tristan et Iseult . L'organisation traditionnelle des relations entre les principes des sexes sera plus longuement traité à part.

Le marché des sexes à l'Âge de fer peut recevoir une compréhension anthropologique dans la perspective de son entéléchie .

Pour les femmes les hommes sont une ressource rare et réciproquement . A un âge de la vie, il devient crucial de s'approprier et/ou de jouir de ces ressources . S'approprier favorise les conduites de contention de l'instinct, la fidélité, le couple ; jouir les conduites de séductions successives . Beaucoup veulent les deux, la jouissance et la sécurité, et comme le dit Pascal dans le discours sur les passions de l'amour, ne risquent guère de ne trouver qu'une confusion très incommode .

Comme pour toute les ressources mises sur le marché il faut valoriser, susciter le désir individuel comme le désir mimétique . Ainsi des femmes construites comme correspondant aux normes de la désirabilité la plus générale et la plus forte sont elles partout visibles, comme toutes les autres ressources possibles . Ces femmes sont déléguées à la publicité du modèle sexuel, à l'exacerbation du désir . Mais l'exacerbation du désir prévoit des voies étroites d'assouvissement . Le pouvoir, c'est de pouvoir dire non aux autres comme oui à soi-même . La frustration des dominés est organisée ; et c'est à la fois ce désir et cette frustration qui sont délégués à la jeune fille par l'oligarchie . Ainsi se justifie l'écart si grand entre l'exhibition de signes sexuels spécifiques dès le plus jeune âge, et la réalité de la contention.

Mais la relation n'est pas plus symétrique dans l'Âge de fer qu'elle ne l'a été auparavant . De manière globale la maîtrise du stock de femmes est un enjeu crucial des compétitions masculines . Plus exactement la maitrise du stock de femmes sexuellement désirables est un enjeu crucial de la structuration de la domination de l'oligarchie, qui comprend des hommes comme des femmes . Voyez le cas de l'Italie de Berlusconi . Berlusconi place massivement ses maîtresses dans ses entreprises et ses ministères . Cet aspect sexuel est un aspect essentiel de son pouvoir, quoique occulté . Plus généralement, c'est un aspect aussi essentiel que caché des groupes politiques que la consommation sexuelle des chefs . Ainsi le chef doit-il s'exhiber avec une femme emblème du modèle sexuel, comme Kennedy tant avec Jackie qu'avec Marylin . On parle des « femmes du chef »,et celui-ci peut dire qu'il promeut les femmes . En réalité ce modèle de domination est très proche des sociétés de mammifères où le mâle dominant s'assure du monopole de la relation sexuelle aux femelles, du modèle du harem . Dans le cas présent, ce n'est pas une personne qui s'assure un monopole effectif de la jouissance, mais une caste qui s'assure le monopole de l'archétype de la jouissance spectaculaire, via la production « people », l'éducation sexuelle et la pornographie, et qui s'arroge le monopole de la fixation des règles légitimes d'accès au stock . Le discours spectaculaire n'étant là que pour décrire ces faits comme « féministes », car l'idéologie est indispensable aussi à la survie du système.

Le caractère contradictoire du système, entre la réalité crue et l'idéologie, n'est nullement accidentel, et moins encore une faiblesse ; bien au contraire, c'est cette contradiction intime du système qui lui permet, tel Léviathan, d'assimiler progressivement la totalité contradictoire des vies humaines . Un homme du système peut ainsi toujours vous donner raison, vous « représenter » . Et donc être à votre place, vous rendre inutile . Une femme ministre semble rendre la défense des femmes pauvres inutile . Et la "parité" fermer toute discussion sur la structure de domination réelle. Or la force de conformation imposée aux femmes a changé de nature avec le système de domination, mais non d'intensité .

Le dispositif du marché des liens, pour être conforme à l'entéléchie du Système, doit favoriser la maximisation de la puissance matérielle . Cette maximisation se produit en faisant appel à la force indéfinie qui a sa source dans le cœur de l'homme, le désir . Le désir indéfini et exacerbé ne peut trouver de satisfaction que dans les règles du jeu du Système . Le désir est formaté par la machine sémiotique du Système . Et seule la consommation ouvre la porte à l'assouvissement du désir . Qui fera croire que la personne qui ne consomme pas peut jouir d'un accès au stock des liens sexuels? La consommation ostentatoire est une condition statistiquement nécessaire de cet accès . Et quel est le modèle de l'objet de désir, sinon celui qui se forme soi même comme objet de consommation, comme dans Star académy? Et combien rares seront ceux qui, sans accès à la consommation, n'auront pas d'humiliation et d'amertume à ce renoncement? Partout l'odeur et la vue de la confiture, et de la confiture nulle part.
L'humiliation forme l'habitus même des humiliores, de ceux qui discrètement ou non sont incités à l'obéissance, à la conscience de leur incompétence, de leur impuissance . Et les liens entre sexes sont un des moteurs des cycles d'humiliation.

Car le lot des exclus du marché du sexe est celui des pauvres de Villon,« Et pain ne voient qu'aux fenêtres » . Et sexe ne voient que dans la petite fenêtre, ou avec des femmes déchues .

Freud dans « Totem et Tabou » reprend l'hypothèse de Darwin d'une horde humaine primitive dominée par un mâle s'arrogeant le monopole des femelles . Il ne faut pas chercher dans ces productions fictionnelles de l'imaginaire « scientifique » une réalité ancienne, mais bien une réalité présente de l'Âge moderne, réalité qui, comme un complexe inconscient se manifeste par la production d'un rêve, ne peut être entièrement vue de manière lucide . Elle ne le peut car trop destructrice pour l'idéologie consciente, positiviste, qui pose que l'homme moderne est guidé par sa raison et maîtrise ses instincts et sa sauvagerie, au contraire du sauvage et du criminel (voir Lombroso). Pour un progressiste, une société comme la nôtre ne peut pas être organisée comme celles des créateurs des « arts premiers », sur l'atavisme et la sauvagerie . Ce genre de société est réservée dans la mythologie positiviste aux « premiers âges ». Il est pourtant évident que l'idéologie positiviste-libérale ne projette et ne connaît rien d'autre qu'elle même, en tant que système d'assimilation de l'autre pour en faire le même.

Freud a pourtant raison sur un point essentiel : Le puritanisme sexuel n'est pas une règle morale universelle, mais l'expression d'une domination, comme (voyez Nietzsche) la morale est l'expression d'une domination . En particulier les milieux dominants ne le pratiquent pas, puisque la domination donne tous les moyens d'un large accès au stock d'humains désirables, hommes comme femmes . Ainsi à toutes les époques, les gens simples pensent les dominants corrompus . Ces derniers sont simplement dans leurs rôles . Le dominant baise . Il nous baise tous, frères.

Dans cette optique, le séducteur, qu'il soit Don Juan et Casanova, est la figure d'une rébellion à l'ordre établi du partage des femmes . Une révolte contre la statue du commandeur . Dans la société ancienne, cet ordre établi est une protection des pauvres contre les appétits des riches . Don Juan use d'une domination brutale ; mais la séduction de princesses par un roturier est une rébellion contre l'ordre dominant mâle . La figure de Don Juan a changé de sens ; d'un grand seigneur méchant homme, on passe au jeune homme rebelle qui a la haine et séduit la femme de son maître ou de son patron .


(Saturne dévorant ses enfants, Goya)





L'ordre dominant mâle était certes favorables aux mâles dominants mais il protégeait la puissance et la dignité des pères pauvres sur leurs enfants-il protégeait le lien familial contre la puissance de séduction des milieux riches . La prospérité du vice est l'effet de cette libéralisation dont la Juliette de Sade fut un des témoins.

La libéralisation de la femme ne pouvait pas gêner les dominants, autant qu'elle pouvait humilier les pauvres ; il était possible de séduire les plus belles femmes des autres groupes sociaux, les filles rurales et rebelles, et d'en jouir librement sans crainte de la loi ; on dépassait allègrement la grisette, la fille sans famille, venue à la grande ville . Le mouvement de recrutement des prostituées est aussi celui du recrutement des maîtresses ; Tex Avery lui même en est témoin . La domination à l'Âge de fer passe par l'humiliation très souvent ; et l'ordre sexuel de l'Âge de fer permet l'humiliation des pères et des jeunes hommes sans fortune, qui voient sans charivari possible des hommes âgés et riches prélever de la jouissance sur leurs génération .

La difficile lisibilité de l'Âge de fer vient aussi d'un brouillage volontaire, y compris pour se tromper soi-même, des structures par l'image, complémentaire du brouillage idéologique .
La structure de domination d'une horde par un mâle dominant forçant les autres mâles à la contention comme marque essentielle de son pouvoir est maintenue en tant que structure analogique, mais la fonction est tenue de manière diffuse et impersonnelle par une caste fonctionnellement divisée, entre discours sanitaire, discours politique, presse people, pornographie, discours « philosophique » et « psychologique », ayant des champs et des auditeurs très éloignés, et ne laissant apparaître aucune unité convaincante . La fonction dominante est secondée par un unee fonction matriarcale, ce qui accentue le brouillage . De plus, la fonction mâle dominante peut être tenue par des femmes dans l'ensemble des situations où elle s'exerce .

Une comparaison me paraît éclairante : lors de la décolonisation, la fonction coloniale, en tant que système de domination fondé sur des échanges inégaux et sur une violence structurelle, s'est maintenue, mais pilotée au profit d'une caste de natifs africains . Le résultat a été l'aggravation de la domination des choses, puisque tout l'aspect symbolique d'investissement qui devait faire paraître positive la colonisation, et la police générale des colonies, a disparu . De plus, la capacité populaire de révolte, soutenue par la domination symbolique injuste du blanc, s'est réduite et dispersée dans les luttes de clientèles pour jouir du pouvoir, aboutissant à des luttes d'extermination entre « tribus » . La domination a pu atteindre un niveau de cruauté et de crudité qu'Amadou Kourouma peint avec justice .

Ainsi une fonction politique peut disparaître du visible et du symbolique, tout en étant exercée avec d'autant plus de violence qu'elle est niée .


La réalité de cette structure de l'Âge de fer demande à croiser les clips de MTV, où un mâle dominant danse avec ses femelles ; la presse exaltant les maîtresses des hommes riches, les claudettes, les femmes maîtresses ministres, les ex-miss qui percent en politique...une structure est quelque chose qui se réplique à toutes les échelles, et ainsi les étoiles, les stars, se réfractent indéfiniment dans la société, dans les yeux mais aussi comme modèles, habitus de vie et d'être au monde . La jeune fille de Tiqqun est une déléguée du pouvoir de la fonction phallique, comme toute femme exaltant le pouvoir féminin de séduction sexuelle en général . En clair, l'hystérocratie supposée par certains auteurs n'est qu'une apparence, une représentation, du pouvoir plus étroit d'une caste . La "guerre des sexes" est une représentation aliénée de la diffusion moléculaire de la domination .

Très justement, Virginie Despentes dans King Kong théorie évoque l'infantilisation que produit le pouvoir absolu de la mère . Ce principe matriarcal est bien présent, comme la deuxième face de la même pièce que la fonction phallique . La fonction matriarcale fait écho à la fonction phallique dans le processus cyclique de la domination .

Très simplement, la fonction phallique exhibe l'objet et pose l'interdit . Elle correspond à la répression et à l'excitation , à ces hommes dominants qui exhibent leurs maîtresses comme objets de désir, rappeurs comme chefs d'État . L'exhibition globale de femmes sexuellement désirables par l'imagerie médiatique y correspond . La domination s'établit par le défi, et le dépit de celui qui à la fois désire et est frustré par la menace du dominant . Il en est de même pour l'exhibition phallique de ressources rares comme symbole de domination, ainsi les voitures, etc.




( Forum auto.com)


Là où le phallique s'établit dans le défi-répression, et pousse au crime, la fonction matriarcale s'établit dans la prévention, c'est à dire dans la contention du désir motivée comme facteur d' « épanouissement personnel » . Ce qui caractérise son discours, c'est « je ne peux pas te laisser te faire du mal (c'est à dire faire ce que tu prétends faire) car je t'aime trop (ou je te respecte trop) ». Ce langage typique des travailleurs sociaux ne doit pas occulter que ce qui est utilisé comme levier de prévention est en général la répression . Prévention et répression, fonction matriarcale et fonction phallique ne peuvent être séparés dans le processus global de domination, mais le principe matriarcal justifiera une étude à part.

L'humiliation des jeunes mâles et plus encore des pauvres par la structure du « père de la horde »passe aussi par la propagande féministe, qui est une incitation expresse pour les jeunes femmes sexuellement actives à se juger à leur vraie valeur, à se placer sur le marché élargi voire mondialisé . Les jeunes mannequins russes font ainsi . « Le rapport sexuel chez une femme convenable du Système est dosé, hygiénique, pensé soit en terme de retrait émotionnel, quand il est question de plaisir ou d'avantages, soit pensé comme insémination valable, comme réflexion sur les avantages d'avoir un enfant, mais de toute façon pensé, envahi par la pensée. »

Le « féminisme » est bien la culpabilisation de ces mâles ; coupables de leur désir « vulgaire », et rejetés pour leur incapacité à retenir les « femmes de valeur », devant trouver naturel de prendre celles qui restent . La situation est exactement la même, et symétrique, pour les femmes exclues du marché des mâles dominants . On laisse imaginer la qualité de relations des couples qui se forment par dépit, cette humiliation et cette amertume que portera le lignage .

Mais cette domination structurelle des jeunes hommes et des jeunes femmes va beaucoup plus loin, et doit encore être explicitée . Les personnes de plus de 50 ans en France possèdent plus de 80 pour cent du patrimoine, et la retraite moyenne est supérieure au salaire moyen, sans compter quantité d'autres disgrâces . La médiacratie oligarchique est aussi une franche gérontocratie, autant que l'était l'URSS ; et cette situation produit par contrecoup une exaltation de l'adolescence maintenue parfois jusqu'aux approches de la quarantaine .

La structure du mâle dominant maintient les jeunes le plus longtemps possible dans l'immaturité, produit l'immaturité, l'incapacité à se prendre en charge et à penser par soi-même . Ce que Tiqqun appelle « jeune fille » est la figure complémentaire de la figure du mâle dominant, défendu par ses brigades volantes de femmes désirables . Le désir brûlant devient une obsession à assouvir, et un loisir à plein temps, laissant le monde réel et la fortune au mains du chef de la horde . La jeunesse est maintenue dans sa position enfantine, qui se caractérise par la dépendance, la rupture du lien entre ce que l'on reçoit et ce que l'on donne : la solidarité. On retrouve le lent travail de dissolution des liens de l'entéléchie du Système.

La société tue la solidarité pour produire la dépendance de ceux qui globalement ont peu, les jeunes. Et ceux-ci sont humiliés par la culpabilisation, voyez la journée de solidarité, une injustice criminelle rapportée aux chiffres que je viens de citer . Le comité invisible pèche ainsi par cette absence de solidarité fondamentale, cette inclination résignée au parasitisme, qui est la marque de l'ennemi jeune crée par la structure elle même, un ennemi qui se retrouvera isolé face au monde adulte-ce qui a été le cas . Être adulte c'est être autonome, que les autres aient besoin de vous ; être adulte ne repose pas sur le refus de produire la vie humaine et la société, quand bien même le travail passe par l'humiliation et l'acceptation d'une domination ennemie.

Dans la chrétienté d'avant la Grande Peste de 1348, la situation présentait d'étranges analogies . Les hommes devaient attendre pour se marier d'être établis, d'avoir maison et métier ; or le vieillissement de la population et l'absence de terres nouvelles les obligeait à attendre leur héritage, avec un âge moyen au mariage en Italie approchant quarante ans, à cette époque . En attendant les hommes non prêtres ou moines par vocation restaient indéfiniment étudiants sans trouver de charge, chevaliers errants sans pouvoir être seigneurs, indéfiniment fidèles à la Dame inaccessible, indéfiniment compagnons sans pouvoir devenir maîtres, et ne pouvaient se marier, ayant à choisir entre maîtresses et prostituées . Les femmes mariées très jeunes à des hommes vieux, les jeunes hommes cherchant à ridiculiser les mariages trop déséquilibrés par les charivaris déjà cités . La Grande Peste fut donc une fête pour certains, comme l'atteste le délicieux Décaméron de Boccace, située dans l'Âge de fer de la Grande Peste .
Elle permit de nombreux établissements et une puissante reprise économique et démographique, mais aussi une perte de la tradition, car l'incapacité des vieilles générations à passer la main est une marque de l'interruption de la Tradition, une incapacité à éduquer réellement et sincèrement, car éduquer réellement ses enfants est les éduquer patiemment à sa propre mort, et donc s'éduquer soi-même à mourir d'une bonne mort . La mort est l'essence de la transmission . La transmission est mort du messager, vie du message de la Tradition qui porte la résurrection de l'étincelle la plus haute du messager . La Tradition comporte, comme l'Ecclésiaste, de très clairs messages à ce sujet : « il y a un temps pour naître...et un temps pour mourir... ». La vie et la mort du Maître sont l'archétype de la transmission .

Les générations qui s'accrochent s'accrochent pour jouir, et au fond pour jouir de leurs propres enfants . Comme Saturne, nos vieux veulent dévorer leurs enfants
, jouir des routes en camping-car en flânant au ralenti à l'heure du travail ; jouir de la sécurité, quitte à promouvoir la prison lors des élections ; jouir de retraites élevées, quitte à licencier massivement et à pressurer les salariés, par les fonds de pension, à "libéraliser" le marché du travail . Pour rien dans les mondes les vieux de l'Âge de fer ne veulent renoncer, accepter la mort, faire de la place à leurs enfants . Et peu veulent des enfants, car ils savent obscurément le lien entre la mort et l'enfantement ; l'enfantement fait apparaître la mort comme Justice et comme Paix . Car la mort permet la réconciliation que les conflits vitaux rendent impossible, pollués par la nécessité et par l'intérêt . Aussi les vieux mourants de l'Âge de fer, ces agonisants entassés dans de luxueuses maisons de retraite, ces mourants terrifiés consomment pour vivre de misérables jours de ténèbres en plus de quoi faire vivre tant d'hommes jeunes mourant de faim, et enfermés dans le cercles de fer du besoin, l'enfer sur terre . Ces millions de vieux mourants, ces 90 pour cent de femmes de plus d'un siècle atteintes d'Alzheimer, préférant six ans d'agonie, de démence baveuse, à la mort digne des ancêtres de la forêt, le renoncement rituel , la prise d'habit ultime, tous ces gens montrent que leur vieillissement les a laissés verts et pourrissants : il n'ont jamais muri pour aucune récolte, ils ne passent pour aucune promesse .

L es types de liens entre les sexes sont liés aux classes d'âge et à la domination ; et en tout les jeunes gens sont de la baise, comme le dauphin Charles de Galles, maintenu indéfiniment dans la minorité royale . Les grandes révoltes du dernier siècle furent aussi des révoltes de générations sacrifiées, sacrifiées aux grandes guerres, sacrifiées à « la crise économique », à tout ce qui peut justifier le sacrifice .

Aussi la guerre contre la fonction jouisseuse de chef de la horde est-elle le résultat d'une attitude existentielle face à la mort, et non une question d'âge physique.

Je me pose pour finir une objection à moi-même : comment peut-on parler de contention sexuelle et de chef de horde dans notre monde? Ne passe-t-on pas beaucoup de temps à favoriser la promiscuité sexuelle chez les adolescents-adulescents? A diffuser la contraception de masse?

Je crois pouvoir poser deux ordres de réponses . Le premier ordre est que la sexualité juvénile, purement hédoniste, évitant l'appropriation et le lignage, donc tout établissement et toute responsabilité qui sont aussi des démonstrations d'autorité, est favorisée comme modèle pour maintenir l'immaturité des nouvelles générations le plus longuement possible . Le service rendu au jeunes par l'irresponsabilité est aussi un asservissement au statut d'immature qui donc ne doit pas avoir accès à la reproduction . Mais à 18 ou 20 ans, cette irresponsabilité est sociale et non biologique . Alexandre fut Roi de Macédoine à 23 ans ; Baudoin IV fut un remarquable roi de Jérusalem à 16 ans ; on considéra que Louis XIV avait beaucoup attendu quand, à 27 ans, il décida de régner personnellement . Et on nous dit aujourd'hui que Charles de Galles est encore trop immature à plus de soixante ans? Pour un rôle purement symbolique?

Il n'y a plus besoin de prendre des gants pour la contention parce que globalement, la force physique des jeunes est inutile . La démonstration expérimentale à contrario se produit en cas de guerre . La domination change alors rapidement de main, à la grande horreur des « nations civilisées ». La violence sexuelle est un aspect massif des guerres modernes, à Berlin en 1945, en Bosnie, en Afrique . Les jeunes mâles affirment alors leur puissance sur le stock féminin du peuple ennemi en pleine lumière, ce qui montre clairement que précédemment, la paix de l'ordre sexuel était maintenue par la répression .

La sexualité moderne est une sexualité adolescente maintenue à l'âge adulte : elle se veut tâtonnante, peu définie, sans lien à l'enfantement, faite de « découvertes ». C'est pourquoi l'homosexualité, qui a toujours existé comme lien subordonné au lien lié à la reproduction globale de la communauté, est si glorifiée . Au fond sont montrés comme modèles les liens subordonnés des sociétés traditionnelles, d'où de grandes confusions, comme le « mariage homosexuel » ou « l'homoparentalité », dont le but principal est d'abord de délier les liens traditionnels en brouillant leurs fins . La survie du corps de la communauté est cette fin ; et « l'épanouissement de soi » ne pouvait venir qu'après, lors des carnavals qui sont en même temps des périodes d'exaltation symbolique de la puissance génésique.

Le deuxième ordre de réponse repose sur l'observation évidente que fort peu d'adultes ont une vie sexuelle réellement complexe . Beaucoup se la jouent avec peu de choses, une femme peu séduisante et une maîtresse, la prostitution, et croient vivre en grands seigneurs, quand le premier citoyen d'Athènes vivait mieux . La réalité est qu'il est extrêmement dangereux de montrer son désir, et que partout la répression moléculaire est à l'œuvre . Une femme comme un homme sont vite sévèrement jugés, y compris par ceux qui se prétendent libres voire libertins . On parle vite de problème, de problème avec l'honnêteté . Pourtant tout homme qui l'a vu de ses yeux sait à quel point le désir de jouissance est présent chez ceux dont l'apparence est la plus vierge . Si ce désir si puissant se manifeste de manière si policée, si tant de personnes renoncent si rapidement à avoir une vie plus intense, plus réelle, si un dominant doit s'excuser d'avoir eu une maîtresse publiquement de manière humiliante, c'est bien comprendre à quel point malgré les discours la répression est massive, écrasante . On retrouve alors la double contrainte typique de la tyrannie floue : elle incite puissamment à désirer quelque chose qui est légalement autorisé, mais en réalité couvert d'opprobre, comme la sexualité épanouie à tout âge, voyez le dernier Coetzee, alors que dans les maisons de retraite très paternellement on évite au maximum les risques de rapports sexuels.

Le désir et la politique des sexes sont au cœur des processus de domination de l'Âge de fer ; voilà, en résumé, où je voulais te mener, lecteur . Libérer son désir prend alors un tout autre sens . La discipline du désir peut devenir une révolte comme elle l'était pour d'autres raisons pour les chrétiens de l'empire Romain . Le dandysme et le donjuanisme sont aussi, maintenus dans un esprit traditionnels, des révoltes de la main gauche, mais pas seuls, en même temps qu'une puissante affirmation politique et sociale .

Le désir sera un moteur de notre guerre, amis, et il est une des plus grandes forces humaines .

Viva la muerte !


Vous voyez qu'il reste une indéfinité au travail de la pensée... bien creusé, vieille taupe! (Hegel).





La prudence, la pondération et la posture de l'excès.


La prudence et la pondération sont elles des vertus?


Je posais la question à Fletcher Christian un jour de 199...Il me regarda de son oeil vert et me répondit :

"Les rêves sont les manifestations de la vérité. J'ai rêvé il y a peu au mot de "réconciliation". Cela n'a rien à voir, n'a aucun rapport avec ce qui suit, et donc le concerne directement. En effet le rapport est le lien qui réunit les opposés, alors que ce qui concerne X est ce qui est entouré par le même cercle de problème que X.La réconciliation passe par la violence des contraires. Ce qui ne s'oppose pas n'a pas d'identité, et parfois n'existe pas. Il n'est pas sage d'être modéré. Il est stupide d'être raisonnable. Car ce sont des voies de l'inexistence.


Un jour de 186... je me promenais sur la falaise quand je croisais un japonais, qui préparait la guerre du Pacifique avec un peu d'avance. Il discutait avec William Blake, qui était passé par le centre de la terre et avait les vêtements imprégnés d'odeur de soufre. Ce dernier citait les proverbes de l'Enfer à son interlocuteur qui le comprenait fort bien.


"La Prudence est une vieille fille, riche et laide, courtisée par l'incapacité.Celui qui désire mais n'agit pas engendre la pestilence. Le visage qui ne donne pas de lumière ne deviendra pas étoile. L'Aigle ne perdit jamais autant de temps que lorsqu'il se résigna à écouter le corbeau. Les tigres de la colère sont plus que les chevaux de l'éducation. You never know what is enough, unless you know what is more than enough. Exuberance is beauty."


Le japonais avait reconnu en Blake un frère de sang, de ce sang souterrain qui abreuve les mondes les plus éloignés, et rend proche du lointain et étranger parmi les siens.

"Mon nom est Yamamoto Tsunemoto. Je m'incline devant ton sang généreux.La mort est l'essence de la Voie. (...) passé le pas de la porte, l'homme est parmi les morts. Si quelqu'un devait dire en quelques mots comment agir pour le bien, ce serait se préparer à endurer la souffrance. Il n'est rien de l'ordre du mal à ce qui peut être enduré. Un homme attaché aux bonnes manières et au bon sens est incapable d'affronter le destin. Le moment présent peut se réveler être le moment crucial, le moment crucial peut bien être le moment présent. Si en un instant ta vie se joue, alors tu dois être prêt à la jouer en un instant. A ce moment la pensée de la mort ne dois pas t'arrêter. C'est cela, l'entrainement à la mort. Vivant, il faut être mort pour tuer la peur.Il n'y a rien de plus important, le moment venu, qu'un zèle fervent. La vie est faite de cette ferveur, ce feu qui se renouvelle à l'infini.L'essence de la réflexion n'est pas la sagesse, mais le recul, la temporisation. L'homme doit préferer une attitude excessive à un comportement intelligent et discret. Il doit se monter excessif jusque dans son obstination. Lorsque la modération prévaut dans la réalisation d'une action, les conséquences risquent de se réveler totalement insuffisantes. (...) quand quelqu'un pense qu'il est allé trop loin, c'est qu'il ne s'est pas trompé.Je ne sais comment vaincre les autres mais je sais comment me vaincre moi-même. La quête d'une vie ne connaît pas de fin. Un homme qui pense qu'il est arrivé est un homme malavisé. Si nous voulons découvrir le chemin de l'accomplissement, il nous faut continuer à penser que les résultats obtenus ne sont jamais totalement satisfaisants et continuer à explorer les pistes qui jalonnent notre vie. La vérité ne se situe pas dans un endroit, mais dans la quête même de la vérité. "


William Blake écouta avec admiration ces citations du Hagakure. Le soleil se couchait derrière eux sur l'Océan.


Moi, christian Fletcher, je contemplais pensif leurs silhouettes hiératiques. La pondération, la raison, la mesure, la prudence sont des vices de morts et de végétariens. Moi, Christian Fletcher, mutin de l'au delà, je me reconnu dans la haute flamme du Soleil qui se réflétait si puissament dans leurs personnes. Viva la muerte! leur dis-je, ce qui veut dire ici bonjour. Je m'approchai et nous prîmes un thé au couchant en nous contant nos aventures. Puis ils partirent.

Les types de liens entre les principes des sexes comme voie. "l'éternité est amoureuse des productions du temps"



(tatouage japonais, n.c.)

La règle ferme et définitive qui règle les rapports entre époux est nécessité par la perpétuation de la lignée et de l'Ordre humain, participations de l'homme et de son corps aux espèces analoguées de l'éternité. Mais ce n'est pas le seul type de liens possible et tolérable, si la réflexion se porte sur le domaine politique. Le politique n'est pas un domaine séparé, mais il n'en est pas moins dans l'Âge de fer doté d'une certaine autonomie. Cette autonomie se marque déjà dans la Loi de Manou, mais on en retrouve des références claires dans l'Évangile. La difficulté du sujet me fait le renvoyer sur ces mots.

Les règles d'application des règles montrent que la loi n'a pas de validité infinie. Cette validité a des limites temporelles, géographiques, mais aussi hiérarchiques, et des exceptions de principes pensables. Le discernement est justement l'application subtile de la Loi, dont le maître donne l'exemple, car la règle est pour l'homme, et non l'homme pour la règle.

La question des types de liens d'ordre humain et sexuels, comme tout type de discussion sur un domaine défini des liens multiples qui forment le tissage des mondes, se résout par l'application des règles principielles des liens à ce domaine particulier. En sorte que la question des types de liens entre le pôle masculin et le pôle féminin correspond à l'application locale de l'analogie principielle.

Je dois ici exprimer une réserve liée à la progression de la réflexion. L'analogie principielle, ou archétype, est l'analogie primordiale, à laquelle répondent la totalité des autres analogies analoguées sur elle, sur le modèle du tissage, activité archétypale dans l'art traditionnel. Mais cette analogie primordiale, qui correspond à la scène fondatrice du récit que re-crée le rite en la représentant, sur le modèle de l'Eucharistie, n'est peut être pas certaine dans tous les cas. Il se pourrait que le tissage tout entier d'une analogie soit circulaire et non hiérarchisé ; que seule la perspective d'une monade fasse de l'un quelconque le premier ; ou encore que certain tissages soient hiérarchisés et d'autres non, avec toutes les boucles et les recouvrement que permettent deux types non exclusifs. Cette réflexion amène aussi à dire que la représentation dans son mouvement est une structure archétypale, et donc que le spectacle en soi n'est pas exténuation de l'être-la société du spectacle ne doit viser qu'un type de spectacle, et il est des spectacles ontologiquement supérieurs à leurs acteurs et spectateurs. Le spectacle visé par la métaphysique de la virtualité est peut être alors une spiritualité à rebours. Ces questions sont fondamentales dans l'ordre sexuel, car le sexuel est fait de spectacles très puissants ; et que les analogies qui le parcourent sont fondamentales pour en établir le sens.

Dans le cas du couple humain, il semble que plusieurs archétypes se croisent, et qu'ainsi le couple s'analogue à plusieurs archétypes, soit selon les cas de couples, dont le Kama Sutra montre une typologie, soit simultanés pour un même couple mais emboités sur un modèle hiérarchique. Le fait d'être en même temps au même lieu n'exclut pas la pluralité des règles ; le singulier peut être en même temps le particulier de plusieurs mondes nomiques. Ceux-ci ne sont pas alors contraires, mais contradictoires, c'est à dire que l'entendement ne peut les pénétrer que successivement. La totalité est impliquée comme l'œuf du monde en un instant archétype ; mais l'explication du monde déroule la roue des temps.

Pour qu'une explication locale ait lieu, pour qu'un lien soit formé à travers une polarisation dans un tissage, les deux polarités doivent être opposées et complémentaires.

Opposées, car elles sont séparées par ce qui les relie à distance ; sans distance il n'y a pas de polarité, mais identité, et rien ne peut apparaître,aucun lien n'acquérir de puissance . Cela correspond à la malédiction du figuier stérile . Le lien produit les polarités par l'obstacle qu'il représente entre elle, alors qu'elles aspirent, en tant que polarités, à faire cesser cette blessure dans l'Un . Mais les polarités aspirent aussi, en tant que monades partielles,monades sous certains aspects seulement, à persister dans l'être et à développer leur puissance, et donc à accentuer leur polarisations en étant le noeud d'échange d'autres et d'autres liens . Cette double aspiration de sens contraire, volonté de puissance et nostalgie, cette aspiration à deux faces est justement le moteur de la polarité, et son principe directeur . C'est le désir, comparable à Janus . Le désir de produire est centrifuge, et le désir d'union est centripète . Ces deux états du désir passent l'un dans l'autre et s'entrelacent.

Complémentaires, en ce qu'elles portent la mémoire obscure de leur union comme plénitude, et en ce que chaque polarité déterminée produit par sa propre activité imaginale des images de l'opposé auquel il aspire pour connaître à nouveau la plénitude . Toute polarité tisse des liens possibles qui doivent s'actuer. Cette plénitude attendue du lien est à la fois l'analogie de la plénitude archétypale à laquelle est destiné l'être humain, obscurément connue de l'âme ; et peut être le fruit d'une illusion, d'une mé-connaissance, qui fait que l'attente, l'anticipation imaginaire dans la rêverie, de cette plénitude a lieu dans une mondéité unidimensionnelle, que l'infini est attendue du fini . La plénitude que le mortel apporte par soi au mortel, aussi haute soit-elle est une plénitude déterminée, comme Boulgakov l'a bien compris dans « Le Maître et Marguerite ». Pour rendre justice à Boulgakov, cette plénitude finie peut être autosuffisante dans le mythe, sinon dans la réalité. Le prince charmant est une illusion, pas l'ami, pas l'amant de valeur et des jours.

De plus ces images produites, phantasmes, ne correspondent pas à l'objet véritable du désir, mais à une production fermée sur soi et son propre désir, c'est à dire là encore source d'illusion. Une polarité ne peut se connaître aisément comme partie. Elle porte en soi même l'empreinte analoguée de l'Un, de sorte qu'elle peut être dite une, mais dans un ordre inférieur à celui qui la définit comme partie . Cette ignorance est la cause de deux illusions ontologiques.

La première est de croire que la personne forme un tout consistant, et que les liens de la personne sont seconds, là où ils sont en réalité constitutifs du « moi » . Descartes en ses « méditations métaphysiques » développe au maximum cette illusion ; car comment dirait-on « je pense » sans l'appui de la langue, de ce lien entre les hommes; et cette source céleste de la Révélation ; et comment pourrait-il douter s'il ne connaissait la vérité préalablement, prouver sans connaître la preuve...la créature ne peut faire table rase sans disparaître .

La deuxième illusion porte sur le désir. Le désir est lié à l'essence de l'homme en tant que partie ; et c'est bien plutôt l'objet du désir qui me lie, que « moi » qui par volonté définis mon désir . Les affres de la passion et le danger des liaisons dangereuses ne peuvent se concevoir sans cette structure du désir . Quel danger aurait la jeune fille pure qui serait la maîtresse absolue de sa vertu, de la définition de son désir -c'est à dire qui ne désirerait pas! de fréquenter un libertin manipulateur? La liberté et le désir sont contradictoires mais réunis par l'illusion qui consiste à ressentir le désir comme volonté du moi : je veux tellement posséder cet objet! Eh bien ça veut, et je n'y peut pas grand chose . Ça veut, et je dis je veux . Je trouve des raisons légitimes à postériori de vouloir . Je justifie mon désir par ma volonté . La jeune veuve pieuse veut convertir le libertin dont elle désire le corps . L'essence de l'homme réside dans le déchirement, et la volonté individuelle des modernes n'opère que illusion de synthèse entre les deux pôles constitutifs du désir.

Cette illusion de synthèse, que produit le je veux accouplé à la direction et à l'objet capricieux du désir, est ce qui rend si manipulable les hommes par l'économie du désir. L'homme de l'Âge de fer porte en lui cette ignorance de sa nature de partie, son essence d'inachevé . Il porte en lui la construction imaginaire de son objet de désir par lui même, comme un objet du désir produit par sa volonté finie dans les limites étroites de son monde propre, alors que cet objet est en vérité d'ordre supérieur et étranger à sa volonté . Loin de consolider l'identité de la personne, l'identification au désir rend le moi aussi transparent et mobile qu'un feu follet s'élevant au dessus de la fermentation lunaire des marécages du spectacle . Le caractère massif des phénomènes grégaires dans l'Âge de fer montre cette illusion d'identité et de liberté produits par le spectacle, la réduction de la liberté au spectacle de la liberté, ou à la possibilité commerciale d'acheter les signes extérieurs de « l'originalité », de la « forte personnalité ».

En bref l'Âge de fer comprend l'assouvissement du désir comme liberté, plus même pense l'essence de la liberté comme assouvissement du désir, là où les mondes humains voyaient la liberté comme libération du désir.

Cette thèse illusoire porte la pensée de l'Âge de fer vers des impasses . Le désir n'est pas liberté, mais jeu avec la liberté. Voyez cette invention médicale des modernes, le « complexe sadomasochiste », un nom laid et stigmatisant, l'équivalent moderne de la sorcellerie, pour désigner l'essence même de la polarité sexuelle, ce que soutient aussi V. Despentes . Le désir peut vouloir dominer la liberté de l'autre. Le désir de voir son désir dans les yeux d'un autre, le désir de dominer l'autre par son désir.
Plus curieusement encore pour l'anthropologie du Système, le désir peut être désir le désir d'être possédé, ravi par une délicieuse violence, traversé par le désir de l'autre comme par la possession de moi par un autre, le désir d'être absorbé par sa puissance. Ce genre de désir très répandu est pourtant médicalisé comme pathologique, tant il est contraire à ce qui est « convenable ». C'est Virginie Despentes qui a le mieux écrit sur ce sujet dans « King Kong Théorie ». « Être attiré par ce qui vous détruit ». En vérité, le désir ne s'identifie pas au désir d'exercer une puissance, mais aussi à des désirs d'être objet d'une force .
Le désir d'entrelac cru sur la chair se pare de paroles, de symboles fleuris pour se dissimuler à ses propres regards, plus encore pour la « correction morale » de la femme que de l'homme . Le fantasme cru apprend plus sur ses liens que le texte convenu, il est davantage signe et voie.

Le politiquement correct qui pose la toute puissance individuelle et le corps comme une propriété, et la nécessité d'un accord explicite pour l'œuvre de chair comme pour le mariage ne permet pas à notre civilisation de laisser être le caractère de transe, d'être autre que soi-même, de dépassement des limites individuelles de cette œuvre . L'Âge de fer ne laisse à l'expression de la sexualité que ce qui le sert ou l'illustre , et condamne comme criminel ou pathologique les désirs qui sont contraires à son anthropologie unidimensionnelle . Cela est particulièrement vrai de la sexualité féminine, encore plus obscure à la pensée moderne que la sexualité masculine, laquelle est au fond le modèle implicite de sexualité des féministes sexuellement actives.

Quant à l'oligarchie, elle a délégué l'oppression par capillarité à tous ceux qui étaient des opprimés de l'ordre patriarcal post-révolutionnaire, porté par le Code civil. L'extension du domaine de la lutte est une expression d'une redoutable justesse ; c'est l'extension du marché libéral et de la technique au domaine des relations entre les sexes ; et cette libéralisation, cette constitution des rapports entre les sexes comme un marché a reçu le nom de "libération de la femme", là on on devrait plus justement dire libéralisation de la femme. La logique de travail et d'épargne de la marchandise pousse les femmes à se valoriser sur le marché du sexe. La valorisation passe par le calcul de l'échange au plus près, la rareté voulue qui fait monter les prix et le désir, sur le modèle du marché du luxe, et le refus de la gratuité, des « salopes », que les femmes n'apprécient que quand elles veulent passer pour moralement convenables et solidaires avec les « autres femmes ».« La libération de la femme » fait de la féminité une marchandise sur un marché, et lui interdit gratuité et spontanéité . La femme est "propriétaire de son corps" et en retire des avantages que l'oligarchie lui facilite par la maîtrise de la conception. La maîtrise de la conception n'est pas seulement une question morale mais une question de puissance. Combien de femmes admirent sincèrement Catherine Millet ?

Le rapport sexuel chez une femme convenable du Système est dosé, hygiénique, pensé soit en terme de retrait émotionnel, quand il est question de plaisir ou d'avantages, soit pensé comme insémination valable, comme réflexion sur les avantages d'avoir un enfant, mais de toute façon pensé, envahi par la pensée.

Comme dans le mariage romain, la femme est passée d'une souveraineté à une autre, dont on ne lui montre que les avantages, et surtout les avantages pour la jeune fille séduisante, non pour toutes celles, majoritaires, qui sont démonétisées, « toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf » et qui trouveraient beaucoup mieux leur place et leur dignité dans le rejet du Système que dans la soumission de masse à leur « libération ». Mais comme toujours, les humiliées préfèrent s'identifier au vainqueur et épouser sa cause, ou plutôt être de sa cause, « en tant que femme », et se raidir la nuque faute des tétons en entendant la critique de Paris Hilton . « Les derniers vestiges, consternants, de la chute du féminisme. »

Dans l'Âge de fer, la puissance du sexe comme puissance de savoir des liens de l'ego, comme puissance de Voie, est plongée dans l'ignorance et l'obscurité . L'idéologie du Système en rend la compréhension impossible, tout en se présentant comme « libération », « libération de la femme », « libération sexuelle ». Elle n'est que la négation illusoire des entraves, le « faire comme si ça n'était pas »du spectacle et du rôle social . Pourtant cette puissance demeure derrière le voile.


Revenons à la puissance du sexe, par la production des images des objets du désir comme phantasmes et comme poiésis.

Chez les gens de faible soif et de faible désir, le filtrage de leur attente par la censure morale, et la construction de la rêverie par les rêveries proposées par la société du spectacle, avec des images d'îles, de palmiers, de corps lisses et bronzés vêtus par Dolce et consorts ; risque de produire l'incapacité de s'ouvrir à son désir propre, et donc à approcher ses images archétypales. Ainsi Virginie Despentes parle-t-elle de manière authentique de ceux qui refusent d'explorer leurs fantasmes de peur de savoir ce qui les touche réellement, ce qui les possède réellement, car le désir n'est pas sous la puissance du je, mais est une force qui n'est liée à l'ego que par la nécessité de cohérence de soi, et à postériori.

Il s'ensuit que cette production peut être d'une richesse et d'une pauvreté variable comme sont variables les êtres humains ; le hanneton désirant le hanneton, un artiste étant capable de produire une image universelle du désir d'autant plus archétypique et puissante que son génie propre est impacté par la forme universelle de la volonté de puissance et de la nostalgie . Ce génie propre qui est d'être comme le miroir et l'image de Dieu et donc des mondes, de n'être rien de propre, d'avoir une âme et une force sans avoir d'identité, car toute identité est négation. L'artiste de génie est un volcan dressé par la violence de l'expérience humaine, une guerre interne de désir de folie et de mort, de déchirement et de haut désir, comme on dit haut mal. A ce titre il peut faire pacte avec la cruauté, comme avec la vérité ; et cruauté et vérité ne s'excluent nullement dans le cas de l'homme.

Dans la formation d'un lien de règle sociale ferme et définitive lié à la perpétuation du lignage, de la langue et de l'Univers, les images produites qui entrelacent les amants avant de les conduire à ce lien inconditionnel ne sont pas seulement des images produites par leur creuset imaginal intime, qui correspond à ce que la tradition appelle leur étoile, l'archétype céleste qui porte la couleur spécifique de leur être ; ce sont aussi des images liées à leurs mondes et à leurs univers culturels, les images des bons pères et des bonnes mères, les images de leur milieux sociaux, de leur tribu, de leur famille, inscrites dans leur substance. La caractéristique du mariage est effet de créer un lien non entre des individus, mais entre des lignages, et c'est la raison pour laquelle le mariage est un acte politique, en plus d'être d'engager l'homme et la femme en leur privé.

Mais les personnes sont des tissages de tissages sur la hauteur, la largeur, la profondeur ; des êtres participant à d'autant plus de mondes hiérarchisés ou parallèles que leur nostalgie et leur volonté de puissance étendent à l'indéfini des rameaux, comme des volutes de fumée s'élevant d'un feu dans l'air glacé, immobile, d'une aube des mondes sur la brûlure du soleil noir du désir. La vie de l'homme est comme la circumbulation des grands navires dans les mers du Sud il y a deux siècles, semées de désirs, de crapuleries, d'îles. Aussi les déterminations légitimes du monde de l'Ordre humain ne forment-elles qu'un des horizons que parcourt le regard du prédateur, avide d'horizon et d'envol. Car il a besoin de lettres de marque pour pouvoir revenir parmi les hommes après l'affrontement des grands vents. Sinon, il coupe les ponts, et devient proche de la bête sauvage, sur les falaises où les loups se vivent de vent.

Un Univers humain authentique, une civilisation ouverte à l'abîme, à l'Enigme, doit justement défendre la liberté, antérieure au droit, de tels hommes, sans en faire la règle du peuple, et même en l'interdisant avec rigueur . Une civilisation authentique ne peut avoir de loi universelle qu'en principe, mais pas dans l'enseignement ésotérique. Le Maître ne cesse de le manifester, entre sa défense de la Loi, et son acceptation de transgresseurs de la Loi.

C'est encore une faiblesse que de réaliser cette brûlure dans des mondes imaginaires humains produits pour permettre la domestication de la volonté de puissance, quand ils ne servent plus, aux temps de l'enfance, à ouvrir le jeune esprit à l'indéfinité des mondes qui scintille comme les écailles du Dragon . Ainsi le roman, un genre faux trop souvent ; et bien sûr les jeux, les spectacles comme le cinéma...tout cela tend à la pornographie ; la pornographie, c'est l'excitation apparente du désir, sa réalisation apparente, avec la réalité de la misère, de l'absence. Et très souvent de la répression et de la honte. Des hommes jouent la domination totale sur des femmes, mais ce sont elles qui dominent complètement leurs spectateurs, par le désir, et pour l'argent. L'entéléchie de la pornographie est celle du Système . C'est l'oubli temporaire de la réalité, l'opium par excellence. Les films d'action et d'aventure, ou de gangsters, sont structurellement dans la fonction de la de la pornographie, en ce qu'ils masquent la domestication réelle de leurs spectateurs par la jouissance du spectacle de la sauvagerie, de la puissance et de la domination.

L'analyse de la pornographie générale du spectacle, d'autant plus sexuel et violent que les spectateurs sont castrés et domestiqués, à l'image du peuple romain de l'empire privé des grandes conquêtes et des faits d'armes des guerres civiles, et nourri des cruautés du Cirque, cette analyse dit deux faits qui doivent être cachés par et pour le politiquement correct.

Le premier est la réalité du désir de violence sanglante, de puissance et de violence sexuelle que porte la volonté de puissance.

La répression modernes des puissances archaïques, principielles matérielles, de l'âme ne peut dissimuler entièrement leur être . Cette réalité devient spectaculaire comme puissance mise à profit par une politique totalitaire, comme particulièrement dans le nazisme, ou simplement en période de guerre civile. Dracula en est la haute figure mythique, comme Mr Hyde. Car dans notre culture, cette source qui s'est insinuée sous le sol rejaillit comme fascination durable et exaltation culturelle du crime. Le crime est partout, dans les jeux, dans les images, dans les livres ; le crime est un produit de consommation depuis Jack the Ripper au moins. Le romantisme noir et gothique est aussi un filet d'eau souterraine de ce type. Les grands Anciens maléfiques de Lovecraft sont-ils autre chose que le secret de l'antique malédiction, du Serpent archétypique? Mais le maître de la représentation par l'art de ce désir est Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. « Alors il s'aperçut qu'il était né pour le mal... »

La répression du « ça » par le « surmoi », et le "ça" devenu inintelligible sinon par le biais de symptômes, mais sorti des mondes propres comme de l'Univers commun, n'est pas une structure constitutive de toute personne, mais une structure culturelle de l'Âge de fer . Plutôt que d'être réprimée chez l'homme noble, cette puissance archaïque, Dionysos ou la redoutable figure du Loup, est déterminée afin d'être mise au service de son entéléchie. Le vocabulaire psychanalytique de la sublimation ne peut cacher son inspiration alchimique refoulée...Ce qui apparaît contraire à l'Ordre humain peut être aussi bien la manifestation de forces inférieures que la foudre et l'incendie des Cieux, et le discernement est des plus rares. La même manifestation, liée à la perspective d'un regard, peut avoir des sens absolument différents.

L'homme noble se sait pécheur, et n'éprouve pas le besoin de se cacher le mal qui le constitue ; bien plutôt, ce mal est une puissance, une matière obscure qui attends la forme de l'Art . Cela ne peut être vraiment compris des hommes moraux de cet âge , et ainsi ces hommes ne peuvent que médicaliser leurs discours sur Nietzsche quand il en comprennent vraiment la teneur (sinon, ils peuvent aussi nous proposer d'en faire un « bon usage », entendez un « usage » conforme à leur fin, ce qui autorise et même promeut le contresens et l'usure ), Jérôme Bosch ou Walter Sickert .

Il n'y a pas pourtant d'autre voie de rédemption que de se connaître soi-même, de regarder l'Abîme ; et l'Âge de fer préfère le mensonge à la reconnaissance des mondes souterrains du coeur.

Le désir du Loup ne doit pas être éteint mais doit advenir dans le réel. Là a lieu le vrai combat ; la les images des vains spectacles de l'imagination se confronteront au réel, à la lourdeur obscure de la matière, que cette matière soit terre, signes, symboles ou personnes. Les états multiples des types de liens permet de réaliser la multiplicité que porte l'homme, image des mondes . L'âpre saveur de la vie, l'odeur mêlée du sang et des roses n'est pas l'essence d'un ordre humain unidimensionnel, mais d'un univers de labyrinthes, et de miroirs, un étincelant kaléidoscope de glace . Les liens sont nécessairement les orbes célestes de notre ciel personnel, les voies de notre repentir, notre retour. Je porte en mon âme la forêt obscure où se perd la voie droite, parcourue de lions et de panthères. Je porte en mon âme l'obscure négation de l'Ordre humain, reflet du tout et objet de vénération, et simple reflet, objet de perdition pour celui qui le prend comme totalité réelle, comme fin, et non comme signe, comme voie . Tout est tissé de signes et tout signe est voie dans les mondes . De cette négation prend sa source obscure la nostalgie ; par l'obscurité, par aventures et par quête commence le pèlerinage.

Le voie du combat est un royaume en soi-même.

Je pourrais désormais poser les divers liens thématiquement à travers leur archétype dans sa forme mythique.

Les types de lien entre principes des sexes. II. Version modifiée.


(http://www.ratemyeverything.net/post/8667/Rate_My_Body_Art.aspx)

La règle ferme et définitive qui règle les rapports entre époux est nécessité par la perpétuation de la lignée et de l'Ordre humain, participations de l'homme et de son corps aux espèces analoguées de l'éternité. Mais ce n'est pas le seul type de liens possible et tolérable, si la réflexion se porte sur le domaine politique. Le politique n'est pas un domaine séparé, mais il n'en est pas moins dans l'Âge de fer doté d'une certaine autonomie. Cette autonomie se marque déjà dans la Loi de Manou, mais on en retrouve des références claires dans l'Évangile. La difficulté du sujet me fait le renvoyer sur ces mots.

Les règles d'application des règles montrent que la loi n'a pas de validité infinie. Cette validité a des limites temporelles, géographiques, mais aussi hiérarchiques, et des exceptions de principes pensables. Le discernement est justement l'application subtile de la Loi, dont le maître donne l'exemple, car la règle est pour l'homme, et non l'homme pour la règle.

La question des types de liens d'ordre humain et sexuels, comme tout type de discussion sur un domaine défini des liens multiples qui forment le tissage des mondes, se résoud par l'application des règles principielles des liens à ce domaine particulier. En sorte que la question des types de liens entre le pôle masculin et le pôle féminin correspond à l'application locale de l'analogie principielle.

Je dois ici exprimer une réserve liée à la progression de la réflexion. L'analogie principielle, ou archétype, est l'analogie primordiale, à laquelle répondent la totalité des autres analogies analoguées sur elle, sur le modèle du tissage, activité archétypale dans l'art traditionnel. Mais cette analogie primordiale, qui correspond à la scène fondatrice du récit que re-crée le rite en la représentant, sur le modèle de l'Eucharistie, n'est peut être pas certaine dans tous les cas. Il se pourrait que le tissage tout entier d'une analogie soit circulaire et non hiérarchisé ; que seule la perspective d'une monade fasse de l'un quelconque le premier ; ou encore que certain tissages soient hiérarchisés et d'autres non, avec toutes les boucles et les recouvrement que permettent deux types non exclusifs. Cette réflexion amène aussi à dire que la représentation dans son mouvement est une structure archétypale, et donc que le spectacle en soi n'est pas exténuation de l'être-la société du spectacle ne doit viser qu'un type de spectacle, et il est des spectacles ontologiquement supérieurs à leurs acteurs et spectateurs. Le spectacle visé par la métaphysique de la virtualité est peut être alors une spiritualité à rebours. Ces questions sont fondamentales dans l'ordre sexuel, car le sexuel est fait de spectacles très puissants ; et que les analogies qui le parcourent sont fondamentales pour en établir le sens.

Dans le cas du couple humain, il semble que plusieurs archétypes se croisent, et qu'ainsi le couple s'analogue à plusieurs archétypes, soit selon les cas de couples, dont le Kama Sutra montre une typologie, soit simultanés pour un même couple mais emboités sur un modèle hiérarchique. Le fait d'être en même temps au même lieu n'exclut pas la pluralité des règles ; le singulier peut être en même temps le particulier de plusieurs mondes nomiques. Ceux-ci ne sont pas alors contraires, mais contradictoires, c'est à dire que l'entendement ne peut les pénétrer que successivement. La totalité est impliquée comme l'œuf du monde en un instant archétype ; mais l'explication du monde déroule la roue des temps.

Pour qu'un lien soit formé, les deux polarités doivent être opposées et complémentaires. Opposées, car sinon il n'y a pas de polarité, mais identité, et rien ne peut être crée, en particulier pas de lien. Ce n'est qu'une façon de parler, car le lien produit les polarités tout aussi bien . Cela correspond à la malédiction du figuier stérile. Complémentaires, en ce que chaque polarité déterminée produit par sa propre activité imaginale des images de l'opposé auquel il aspire pour connaître la plénitude, et donc toute polarité tisse des liens possibles qui doivent s'actuer. Cette plénitude attendue du lien est à la fois l'analogie de la plénitude archétypale à laquelle est destiné l'être humain, obscurément connue de l'âme ; et peut être le fruit d'une illusion, d'une mé-connaissance, qui fait que l'attente, l'anticipation imaginaire dans la rêverie, de cette plénitude a lieu dans une mondéité unidimensionnelle, que l'infini est attendue du fini . La plénitude que le mortel apporte par soi au mortel, aussi haute soit-elle est une plénitude déterminée, comme Boulgakov l'a bien compris dans « Le Maître et Marguerite ». Pour rendre justice à Boulgakov, cette plénitude finie peut être autosuffisante dans le mythe, sinon dans la réalité. Le prince charmant est une illusion, pas l'ami, pas l'amant de valeur et des jours.

De plus ces images produites, phantasmes, ne correspondent pas à l'objet véritable du désir, mais à une production fermée sur soi et son propre désir, c'est à dire là encore source d'illusion. Un fait qui rend si manipulable les hommes par l'économie du désir, est cette ignorance de l'objet du désir. Le désir de voir son désir dans les yeux d'un autre, le désir de dominer l'autre par son désir, mais aussi le désir d'être possédé, traversé par le désir de l'autre comme par la possession de moi par un autre, le désir d'être absorbé par sa puissance, le désir d'entrelac cru sur la chair se pare de paroles, de symboles fleuris pour se dissimuler à ses propres regards, plus encore pour la « correction morale » de la femme que de l'homme.

Le politiquement correct qui pose la toute puissance individuelle et le corps comme une propriété, et la nécessité d'un accord explicite pour l'œuvre de chair comme pour le mariage ne permet pas à notre civilisation de laisser être le caractère de transe, d'être autre que soi-même, de dépassement des limites individuelles de cette œuvre. Cela est particulièrement vrai de la sexualité féminine, encore plus obscure à la pensée moderne que la sexualité masculine, qui est au fond le vrai modèle de sexualité des féministes sexuelles, avec la logique de travail et d'épargne de la marchandise qui pousse les femmes à se valoriser sur le marché du sexe.

Ajoutons à cela, chez les gens de faible soif et de faible désir, le filtrage de leur attente par la censure morale, et la construction de la rêverie par les rêveries proposées par la société du spectacle, avec des images d'îles, de palmiers, de corps lisses et bronzés vêtus par Dolce et consorts ; et vous aurez l'incapacité de s'ouvrir à son désir propre, et donc à approcher ses images archétypales. Ainsi Virginie Despentes parle-t-elle de manière authentique de ceux qui refusent d'explorer leurs fantasmes de peur de savoir ce qui les touche réellement, ce qui les possède réellement, car le désir n'est pas sous la puissance du je, mais est une force qui n'est liée à l'ego que par la nécessité de cohérence de soi, et à postériori.

Il s'ensuit que cette production peut être d'une richesse et d'une pauvreté variable comme sont variables les êtres humains ; le hanneton désirant le hanneton, un artiste étant capable de produire une image universelle du désir d'autant plus archétypique et puissante que son génie propre est impacté par la forme universelle de la volonté de puissance. Ce génie propre qui est d'être comme le miroir et l'image de Dieu et donc des mondes, de n'être rien de propre, d'avoir une âme et une force sans avoir d'identité, car toute identité est négation. L'artiste de génie est un volcan dressé par la violence de l'expérience humaine, une guerre interne de désir de folie et de mort, de déchirement et de haut désir, comme on dit haut mal. A ce titre il peut faire pacte avec la cruauté, comme avec la vérité ; et cruauté et vérité ne s'excluent nullement dans le cas de l'homme.

Dans la formation d'un lien de règle sociale ferme et définitive lié à la perpétuation du lignage, de la langue et de l'Univers, les images produites qui entrelacent les amants avant de les conduire à ce lien inconditionnel ne sont pas seulement des images produites par leur creuset imaginal intime, qui correspond à ce que la tradition appelle leur étoile, l'archétype céleste qui porte la couleur spécifique de leur être ; ce sont aussi des images liées à leurs mondes et à leurs univers culturels, les images des bons pères et des bonnes mères, les images de leur milieux sociaux, de leur tribu, de leur famille, inscrites dans leur substance. La caractéristique du mariage est effet de créer un lien non entre des individus, mais entre des lignages, et c'est la raison pour laquelle le mariage est un acte politique, en plus d'être d'engager l'homme et la femme en leur privé.

Mais les personnes sont des tissages de tissages sur la hauteur, la largeur, la profondeur ; des êtres participant à d'autant plus de mondes hiérarchisés ou parallèles que leur volonté de puissance étend à l'indéfini des rameaux, comme des volutes de fumée s'élevant d'un feu dans l'air glacé, immobile, d'une aube des mondes sur la brûlure du soleil noir du désir. La vie de l'homme est comme la circumbulation des grands navires dans les mers du Sud il y a deux siècles, semées de désirs, de crapuleries, d'îles. Aussi les déterminations légitimes du monde de l'Ordre humain ne forment-elles qu'un des horizons que parcourt le regard du prédateur, avide d'horizon et d'envol. Car il a besoin de lettres de marque pour pouvoir revenir parmi les hommes après l'affrontement des grands vents. Sinon, il coupe les ponts, et devient proche de la bête sauvage, sur les falaises où les loups se vivent de vent.

Un Univers humain authentique, une civilisation ouverte à l'abîme, àl'Enigme, doit justement défendre les droits de tels hommes, sans en faire la règle du peuple, et même en l'interdisant avec rigueur. Une civilisation authentique ne peut avoir de loi universelle qu'en principe, mais pas dans l'enseignement ésotérique. Le Maître ne cesse de le manifester, entre sa défense de la Loi, et son acceptation de transgresseurs de la Loi.

C'est encore une faiblesse que de réaliser cette brûlure dans des mondes imaginaires humains produits pour permettre la domestication de la volonté de puissance, quand ils ne servent plus, aux temps de l'enfance, à ouvrir le jeune esprit à l'indéfinité des mondes qui scintille comme les écailles du Dragon. Ainsi le roman, un genre faux trop souvent ; et bien sûr les jeux, les spectacles comme le cinéma...tout cela tend à la pornographie ; la pornographie, c'est l'excitation apparente du désir, sa réalisation apparente, avec la réalité de la misère, de l'absence. Et très souvent de la répression et de la honte. Des hommes jouent la domination totale sur des femmes, mais ce sont elles qui dominent complètement leurs spectateurs, par le désir, et pour l'argent. L'entéléchie de la pornographie est celle du Système. C'est l'oubli temporaire de la réalité, l'opium par excellence. Les films d'action et d'aventure, ou de gangsters, sont structurellement dans la fonction de la de la pornographie, en ce qu'ils masquent la domestication réelle de leurs spectateurs par la jouissance du spectacle de la sauvagerie, de la puissance et de la domination.

L'analyse de la pornographie générale du spectacle, d'autant plus sexuel et violent que les spectateurs sont castrés et domestiqués, à l'image du peuple romain de l'empire privé des grandes conquêtes et des faits d'armes des guerres civiles, et nourri des cruautés du Cirque, cette analyse dit deux faits qui doivent être cachés par et pour le politiquement correct.

Le premier est la réalité du désir de violence sanglante, de puissance et de violence sexuelle que provoque la répression des puissances archaïques de l'âme, réalité qui devient spectaculaire comme puissance mise à profit par une politique totalitaire, ou simplement en période de guerre civile. Dracula en est la haute figure mythique, comme Mr Hyde. Car dans notre culture, cette source qui s'est insinuée sous le sol rejaillit comme fascination durable et exaltation culturelle du crime. Le crime est partout, dans les jeux, dans les images, dans les livres, le crime est un produit de consommation depuis Jack the Ripper au moins. Le romantisme noir et gothique est aussi un filet d'eau souterraine de ce type.

La répression du « ça » par le « surmoi », et le "ça" devenu inintelligible sinon par le biais de symptômes, mais sorti des mondes propres comme de l'Univers commun, n'est pas une structure constitutive de toute personne, mais une structure culturelle de l'Âge de fer . Plutôt que d'être réprimée chez l'homme noble, cette puissance archaïque, Dionysos ou la redoutable figure du Loup, est déterminée afin d'être mise au service de son entéléchie. Le vocabulaire psychanalytique de la sublimation ne peut cacher son inspiration alchimique refoulée...
L'homme noble se sait pécheur, et n'éprouve pas le besoin de se cacher le mal qui le constitue ; bien plutôt, ce mal est une puissance, une matière obscure qui attends la forme de l'Art.

Le désir du Loup ne doit pas être éteint mais doit advenir dans le réel. Là a lieu le vrai combat ; la les images des vains spectacles de l'imagination se confronteront au réel, à la lourdeur obscure de la matière, que cette matière soit terre, signes, symboles ou personnes. L' états multiples des types de liens permet de réaliser la multiplicité que porte l'homme, image des mondes. L'âpre saveur de la vie, l'odeur mêlée du sang et des roses n'est pas l'essence d'un ordre humain unidimensionnel, mais d'un univers de labyrinthes, et de miroirs, un étincelant kaléidoscope de glace. Je porte en mon âme la forêt obscure où se perd la voie droite, parcourue de lions et de panthères.

Le voie du combat est un royaume en soi-même.

Nu

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Zinaida Serebriakova