Les types de lien entre principes des sexes. II. Version modifiée.


(http://www.ratemyeverything.net/post/8667/Rate_My_Body_Art.aspx)

La règle ferme et définitive qui règle les rapports entre époux est nécessité par la perpétuation de la lignée et de l'Ordre humain, participations de l'homme et de son corps aux espèces analoguées de l'éternité. Mais ce n'est pas le seul type de liens possible et tolérable, si la réflexion se porte sur le domaine politique. Le politique n'est pas un domaine séparé, mais il n'en est pas moins dans l'Âge de fer doté d'une certaine autonomie. Cette autonomie se marque déjà dans la Loi de Manou, mais on en retrouve des références claires dans l'Évangile. La difficulté du sujet me fait le renvoyer sur ces mots.

Les règles d'application des règles montrent que la loi n'a pas de validité infinie. Cette validité a des limites temporelles, géographiques, mais aussi hiérarchiques, et des exceptions de principes pensables. Le discernement est justement l'application subtile de la Loi, dont le maître donne l'exemple, car la règle est pour l'homme, et non l'homme pour la règle.

La question des types de liens d'ordre humain et sexuels, comme tout type de discussion sur un domaine défini des liens multiples qui forment le tissage des mondes, se résoud par l'application des règles principielles des liens à ce domaine particulier. En sorte que la question des types de liens entre le pôle masculin et le pôle féminin correspond à l'application locale de l'analogie principielle.

Je dois ici exprimer une réserve liée à la progression de la réflexion. L'analogie principielle, ou archétype, est l'analogie primordiale, à laquelle répondent la totalité des autres analogies analoguées sur elle, sur le modèle du tissage, activité archétypale dans l'art traditionnel. Mais cette analogie primordiale, qui correspond à la scène fondatrice du récit que re-crée le rite en la représentant, sur le modèle de l'Eucharistie, n'est peut être pas certaine dans tous les cas. Il se pourrait que le tissage tout entier d'une analogie soit circulaire et non hiérarchisé ; que seule la perspective d'une monade fasse de l'un quelconque le premier ; ou encore que certain tissages soient hiérarchisés et d'autres non, avec toutes les boucles et les recouvrement que permettent deux types non exclusifs. Cette réflexion amène aussi à dire que la représentation dans son mouvement est une structure archétypale, et donc que le spectacle en soi n'est pas exténuation de l'être-la société du spectacle ne doit viser qu'un type de spectacle, et il est des spectacles ontologiquement supérieurs à leurs acteurs et spectateurs. Le spectacle visé par la métaphysique de la virtualité est peut être alors une spiritualité à rebours. Ces questions sont fondamentales dans l'ordre sexuel, car le sexuel est fait de spectacles très puissants ; et que les analogies qui le parcourent sont fondamentales pour en établir le sens.

Dans le cas du couple humain, il semble que plusieurs archétypes se croisent, et qu'ainsi le couple s'analogue à plusieurs archétypes, soit selon les cas de couples, dont le Kama Sutra montre une typologie, soit simultanés pour un même couple mais emboités sur un modèle hiérarchique. Le fait d'être en même temps au même lieu n'exclut pas la pluralité des règles ; le singulier peut être en même temps le particulier de plusieurs mondes nomiques. Ceux-ci ne sont pas alors contraires, mais contradictoires, c'est à dire que l'entendement ne peut les pénétrer que successivement. La totalité est impliquée comme l'œuf du monde en un instant archétype ; mais l'explication du monde déroule la roue des temps.

Pour qu'un lien soit formé, les deux polarités doivent être opposées et complémentaires. Opposées, car sinon il n'y a pas de polarité, mais identité, et rien ne peut être crée, en particulier pas de lien. Ce n'est qu'une façon de parler, car le lien produit les polarités tout aussi bien . Cela correspond à la malédiction du figuier stérile. Complémentaires, en ce que chaque polarité déterminée produit par sa propre activité imaginale des images de l'opposé auquel il aspire pour connaître la plénitude, et donc toute polarité tisse des liens possibles qui doivent s'actuer. Cette plénitude attendue du lien est à la fois l'analogie de la plénitude archétypale à laquelle est destiné l'être humain, obscurément connue de l'âme ; et peut être le fruit d'une illusion, d'une mé-connaissance, qui fait que l'attente, l'anticipation imaginaire dans la rêverie, de cette plénitude a lieu dans une mondéité unidimensionnelle, que l'infini est attendue du fini . La plénitude que le mortel apporte par soi au mortel, aussi haute soit-elle est une plénitude déterminée, comme Boulgakov l'a bien compris dans « Le Maître et Marguerite ». Pour rendre justice à Boulgakov, cette plénitude finie peut être autosuffisante dans le mythe, sinon dans la réalité. Le prince charmant est une illusion, pas l'ami, pas l'amant de valeur et des jours.

De plus ces images produites, phantasmes, ne correspondent pas à l'objet véritable du désir, mais à une production fermée sur soi et son propre désir, c'est à dire là encore source d'illusion. Un fait qui rend si manipulable les hommes par l'économie du désir, est cette ignorance de l'objet du désir. Le désir de voir son désir dans les yeux d'un autre, le désir de dominer l'autre par son désir, mais aussi le désir d'être possédé, traversé par le désir de l'autre comme par la possession de moi par un autre, le désir d'être absorbé par sa puissance, le désir d'entrelac cru sur la chair se pare de paroles, de symboles fleuris pour se dissimuler à ses propres regards, plus encore pour la « correction morale » de la femme que de l'homme.

Le politiquement correct qui pose la toute puissance individuelle et le corps comme une propriété, et la nécessité d'un accord explicite pour l'œuvre de chair comme pour le mariage ne permet pas à notre civilisation de laisser être le caractère de transe, d'être autre que soi-même, de dépassement des limites individuelles de cette œuvre. Cela est particulièrement vrai de la sexualité féminine, encore plus obscure à la pensée moderne que la sexualité masculine, qui est au fond le vrai modèle de sexualité des féministes sexuelles, avec la logique de travail et d'épargne de la marchandise qui pousse les femmes à se valoriser sur le marché du sexe.

Ajoutons à cela, chez les gens de faible soif et de faible désir, le filtrage de leur attente par la censure morale, et la construction de la rêverie par les rêveries proposées par la société du spectacle, avec des images d'îles, de palmiers, de corps lisses et bronzés vêtus par Dolce et consorts ; et vous aurez l'incapacité de s'ouvrir à son désir propre, et donc à approcher ses images archétypales. Ainsi Virginie Despentes parle-t-elle de manière authentique de ceux qui refusent d'explorer leurs fantasmes de peur de savoir ce qui les touche réellement, ce qui les possède réellement, car le désir n'est pas sous la puissance du je, mais est une force qui n'est liée à l'ego que par la nécessité de cohérence de soi, et à postériori.

Il s'ensuit que cette production peut être d'une richesse et d'une pauvreté variable comme sont variables les êtres humains ; le hanneton désirant le hanneton, un artiste étant capable de produire une image universelle du désir d'autant plus archétypique et puissante que son génie propre est impacté par la forme universelle de la volonté de puissance. Ce génie propre qui est d'être comme le miroir et l'image de Dieu et donc des mondes, de n'être rien de propre, d'avoir une âme et une force sans avoir d'identité, car toute identité est négation. L'artiste de génie est un volcan dressé par la violence de l'expérience humaine, une guerre interne de désir de folie et de mort, de déchirement et de haut désir, comme on dit haut mal. A ce titre il peut faire pacte avec la cruauté, comme avec la vérité ; et cruauté et vérité ne s'excluent nullement dans le cas de l'homme.

Dans la formation d'un lien de règle sociale ferme et définitive lié à la perpétuation du lignage, de la langue et de l'Univers, les images produites qui entrelacent les amants avant de les conduire à ce lien inconditionnel ne sont pas seulement des images produites par leur creuset imaginal intime, qui correspond à ce que la tradition appelle leur étoile, l'archétype céleste qui porte la couleur spécifique de leur être ; ce sont aussi des images liées à leurs mondes et à leurs univers culturels, les images des bons pères et des bonnes mères, les images de leur milieux sociaux, de leur tribu, de leur famille, inscrites dans leur substance. La caractéristique du mariage est effet de créer un lien non entre des individus, mais entre des lignages, et c'est la raison pour laquelle le mariage est un acte politique, en plus d'être d'engager l'homme et la femme en leur privé.

Mais les personnes sont des tissages de tissages sur la hauteur, la largeur, la profondeur ; des êtres participant à d'autant plus de mondes hiérarchisés ou parallèles que leur volonté de puissance étend à l'indéfini des rameaux, comme des volutes de fumée s'élevant d'un feu dans l'air glacé, immobile, d'une aube des mondes sur la brûlure du soleil noir du désir. La vie de l'homme est comme la circumbulation des grands navires dans les mers du Sud il y a deux siècles, semées de désirs, de crapuleries, d'îles. Aussi les déterminations légitimes du monde de l'Ordre humain ne forment-elles qu'un des horizons que parcourt le regard du prédateur, avide d'horizon et d'envol. Car il a besoin de lettres de marque pour pouvoir revenir parmi les hommes après l'affrontement des grands vents. Sinon, il coupe les ponts, et devient proche de la bête sauvage, sur les falaises où les loups se vivent de vent.

Un Univers humain authentique, une civilisation ouverte à l'abîme, àl'Enigme, doit justement défendre les droits de tels hommes, sans en faire la règle du peuple, et même en l'interdisant avec rigueur. Une civilisation authentique ne peut avoir de loi universelle qu'en principe, mais pas dans l'enseignement ésotérique. Le Maître ne cesse de le manifester, entre sa défense de la Loi, et son acceptation de transgresseurs de la Loi.

C'est encore une faiblesse que de réaliser cette brûlure dans des mondes imaginaires humains produits pour permettre la domestication de la volonté de puissance, quand ils ne servent plus, aux temps de l'enfance, à ouvrir le jeune esprit à l'indéfinité des mondes qui scintille comme les écailles du Dragon. Ainsi le roman, un genre faux trop souvent ; et bien sûr les jeux, les spectacles comme le cinéma...tout cela tend à la pornographie ; la pornographie, c'est l'excitation apparente du désir, sa réalisation apparente, avec la réalité de la misère, de l'absence. Et très souvent de la répression et de la honte. Des hommes jouent la domination totale sur des femmes, mais ce sont elles qui dominent complètement leurs spectateurs, par le désir, et pour l'argent. L'entéléchie de la pornographie est celle du Système. C'est l'oubli temporaire de la réalité, l'opium par excellence. Les films d'action et d'aventure, ou de gangsters, sont structurellement dans la fonction de la de la pornographie, en ce qu'ils masquent la domestication réelle de leurs spectateurs par la jouissance du spectacle de la sauvagerie, de la puissance et de la domination.

L'analyse de la pornographie générale du spectacle, d'autant plus sexuel et violent que les spectateurs sont castrés et domestiqués, à l'image du peuple romain de l'empire privé des grandes conquêtes et des faits d'armes des guerres civiles, et nourri des cruautés du Cirque, cette analyse dit deux faits qui doivent être cachés par et pour le politiquement correct.

Le premier est la réalité du désir de violence sanglante, de puissance et de violence sexuelle que provoque la répression des puissances archaïques de l'âme, réalité qui devient spectaculaire comme puissance mise à profit par une politique totalitaire, ou simplement en période de guerre civile. Dracula en est la haute figure mythique, comme Mr Hyde. Car dans notre culture, cette source qui s'est insinuée sous le sol rejaillit comme fascination durable et exaltation culturelle du crime. Le crime est partout, dans les jeux, dans les images, dans les livres, le crime est un produit de consommation depuis Jack the Ripper au moins. Le romantisme noir et gothique est aussi un filet d'eau souterraine de ce type.

La répression du « ça » par le « surmoi », et le "ça" devenu inintelligible sinon par le biais de symptômes, mais sorti des mondes propres comme de l'Univers commun, n'est pas une structure constitutive de toute personne, mais une structure culturelle de l'Âge de fer . Plutôt que d'être réprimée chez l'homme noble, cette puissance archaïque, Dionysos ou la redoutable figure du Loup, est déterminée afin d'être mise au service de son entéléchie. Le vocabulaire psychanalytique de la sublimation ne peut cacher son inspiration alchimique refoulée...
L'homme noble se sait pécheur, et n'éprouve pas le besoin de se cacher le mal qui le constitue ; bien plutôt, ce mal est une puissance, une matière obscure qui attends la forme de l'Art.

Le désir du Loup ne doit pas être éteint mais doit advenir dans le réel. Là a lieu le vrai combat ; la les images des vains spectacles de l'imagination se confronteront au réel, à la lourdeur obscure de la matière, que cette matière soit terre, signes, symboles ou personnes. L' états multiples des types de liens permet de réaliser la multiplicité que porte l'homme, image des mondes. L'âpre saveur de la vie, l'odeur mêlée du sang et des roses n'est pas l'essence d'un ordre humain unidimensionnel, mais d'un univers de labyrinthes, et de miroirs, un étincelant kaléidoscope de glace. Je porte en mon âme la forêt obscure où se perd la voie droite, parcourue de lions et de panthères.

Le voie du combat est un royaume en soi-même.

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Zinaida Serebriakova