De la Tyrannie


Bosch, "jugement dernier."


"J'établirais dans quelques lignes comment Maldoror fut bon pendant ses premières années, où il vécut heureux ; c'est fait. Puis il s'aperçut qu'il était né méchant, fatalité extraordinaire! Il cachait son caractère tant qu'il put, pendant un grand nombre d'années ; mais à la fin, à cause de cette concentration qui ne lui était pas naturelle, chaque jour le sang lui montait à la tête; jusqu'à ce que , ne pouvant supporter une pareille vie, il se jeta résolument dans la carrière du mal (...)"
Chant de Maldoror, I

Je voudrais persuader une aile qui je crois parfois passe de déposer une plume. Mais comment? Persuader est un art, et qui semble lié à l'artillerie dans la propagande. Quelle artillerie appellera l'oiseau? Et l'oiseau ne peut-il apporter une aide?

«La menace redoutable que l’adaptabilité fait peser sur nous quand elle s’applique à notre espèce, dans un contexte purement biologique, consiste en ceci qu’elle implique trop souvent une acceptation passive de situations qui, en réalité, ne constituent pas un bien pour l’humanité. Les critères admis sont, de plus en plus, ceux qui correspondent au type d’existence humaine le plus inférieur, et ceci simplement pour que la société demeure dans une paix qui est en réalité une léthargie. Le «milieu idéal» tend à devenir celui dans lequel l’homme jouit du confort matériel, mais oublie peu à peu les valeurs qui donnaient tout son prix à la vie humaine» (René Dubos, L’homme et l’adaptation au milieu, Paris, Payot, 1973, p. 264).


L’étouffement de l’humain semble une direction directement suivie de l’époque. Tout est possible, et c'est l'imagination maléfique qui doit monter ce qui se fera.

Je propose un critère de ce qu’est l’homme indépendamment de l’aggravation indéfinie des contrôles sociaux : c’est l’hypothèse de la catastrophe. Pour tout problème, se demander si, en cas de catastrophe, ce qui est présenté comme bon serait conservé par les êtres humains aux prises avec les nécessités réelles de la survie. Ainsi dans les pays en guerre.

Ce qui est contraire à ces nécessités implacables ne durera pas dans l’histoire plus longtemps que cette société. Par ailleurs, ces « valeurs » ne peuvent être exportées dans les zones grises du monde, et n’ont pas de réalité historique. Elles doivent être combattues pour que l’existence humaine ne soit pas une domestication et que l’homme ne soit pas rabaissé vers l'animal végétarien domestiqué, vers la viande.

Croit-on que les hommes ont vaincu les lions, les ours, les mammouths avec l'humanité mièvre de l'époque? Et les peuples chasseurs respectent ceux qu'ils combattent, non l'élevage industriel. L'adversaire est objet de sacrifice et de consommation sacrée, et non objet de calcul. Le torero respecte le toro plus que ses défenseurs modernes, qui veulent en faire une vache, alors que sa colère et sa cruauté l'humanisent et même l'héroïsent dans sa mort sacrée . L'homme ne mérite la grâce que par le mal qui le brûle et la violence qui le porte, par le feu qu'il a reçu en héritage.

La Grâce veut le péché. Le sommet désire l'Abîme.
L'Autre nait de Soi-même et en Soi-même. Il n'offre pas le réconfort du rejet de l'étranger.

La pierre est sans péché et sans grâce. "Laisse les morts enterrer leurs morts."


Dans « massacre à la tronçonneuse » première version, un jeune pousse la chaise d’un jeune handicapé sur un chemin de campagne à la lueur de la lune. Ce dernier lui dit souffrir de solitude ; pour le consoler, celui qui le pousse lui assure qu’il est avec lui et ne l’abandonnera jamais. A ce moment retentit la stridulation de la tronçonneuse portée par un homme masqué.
Comme on s’y attend, si, vous aussi ! Le handicapé est immédiatement abandonné à son sort, et horriblement massacré.

De même dans "le docteur Jivago", la fille du docteur se rappelle que lors d'une bataille, son "père" lui a lâché la main, et qu'elle ne l'a jamais revu. "Il m'a lâché la main..."un geste qui suscite un frisson sacré d'horreur.
Vous comprenez mon critère ? Que restera-t-il du politiquement correct dans une zone de guerre ?
Qui perdra son temps à écouter une vieille élevée dans la soie et la sottise proposer la reconnaissance des droits des corbeaux, quand ils se nourriront de nos cadavres ?
La vertu qu’on nous vend n’est pas le fait des hommes mais bien de la répression. Pour rendre les hommes vertueux la répression ne cesse de s’abattre. Mais la vertu ne prospère que là où la liberté métaphysique est reconnue. Le politiquement correct est un nouveau puritanisme et une tyrannie.

Dévoiler cette tyrannie est une nécessité politique. Car la plus puissante tyrannie de l'histoire naît à travers la défense officielle des "victimes" : le nihilisme s'étend. "Il faut agir en cachant complètement son jeu. Il importe avant tout d'éviter toute apparence d'humanité" (E. Jünger, journaux de guerre)

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Zinaida Serebriakova