De la Dextre et de la Senestre de Dieu (2)






Au Bateau Ivre, "les ayant cloués nus sur les poteaux de couleur".



Polarités, non voies qui ne se croiseraient qu'au centre.
Le tantrika, comme le papillon de nuit tourne autour de la splendeur du Guru, Ange de la face. En lui il tourne, tissé de l'étoffe de ses songes, larmes rêvées de ses larmes, roues tournées de l'Hadès. Les racines des mondes plongent dans le sépulcre.

Millions et millions de roues tournées. L'imagination évoque et roule comme les varechs des fleuves les chevelures des temps perdus. L'Image crée le monde qui contient le poête. Le Songe contient l'oeil qui le regarde. La poésie l'évoque. Evoquer, invoquer, introduire le Verbe dans les ténèbres. Le Verbe n'est pas compris par les ténèbres. Le Verbe en lui comprend les Ténèbres. De l'image coule la source qui noie la soif du poète.

Par le poême, celui qui invoque s'étrange à lui même, l'homme, par haut désir, élection irrévocable et par haut mal, «soleil noir de la mélancolie.» A lui même il doit revenir comme étranger, énigme en face de son propre regard. Il désire et ne désire pas ce désir qui le brise. Bien en puis mais!

Il doit désirer cette déchirure qui se creuse en son âme. Cela , le Serpent qui s'involue et s'explique à travers ses membres. Il doit désirer le destin qui le roule vers les mers hurlantes, lactescentes, éperdues. La mer n'est pas le lieu des répits.

Pèlerin sur les routes étrangères de son âme, son coeur est un hollandais volant, aux creux emplis de ténèbres, parcourues d'astres errants qui l'entraînent sur leurs orbes impénétrables. Des mondes comme des archipels, et le tournoiement blanc des corps morts, à la Lumière des lumières ruissellante et fluante par les interstices des abîmes. Stalactites de lumière, sources de lumière s'insinuant sous le socle de l'abysse.

Oh souvent, j'ai cherché les ténèbres et suivi les étoiles souterraines. La sirène est entourée de miroirs, tissée d'énigmes, d'estoc, de taille, de marques de sang. En compagnie du Serpent, j'embrasse la voie que j'ai suivie et je bois la source de la mer. Fait mon chemin plus rude, fermé d'entrelacs d'algues et de dragon, gueule d'enfer ; et parcouru de rocs, d'argiles, de pointes, de siphons, de vortex, d'abîmes.

Accorde moi les eaux obscures où je dépose la certitude et le doute, le oui et le non ; accorde moi la Nuit, toi qui est Lumière des ténèbres, et Ténèbres de lumière. « Je me retrouvais dans une forêt obscure, car la voie droite était perdue.» Comprendre l'étoffe des ténèbres, s'enrouler en elle comme dans une couche de fleurs et de chairs sauvages. Faire des Ténèbres l'abri du pèlerin et du sage.

Regarde et je regarde aussi, si ma vue est celle d'un mort. Je cherche et c'est ce qui importe. Car il n'y a rien à trouver. A la mort ouvre moi tes bras. A ma soif verse ton eau et ton sang, à ma faim livre ton corps, chair des mondes. A mes paroles répond par le silence qui fait taire l'ordre des mots.

« J'ai cru que tu était un ami et je t'ai appelé ».

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Nu

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Zinaida Serebriakova