Kairos.




"Le Kairos est le temps de l'occasion opportune. Il qualifie un moment.
« Maintenant est le bon moment pour agir. »



Pour Aristote, dans L’Homme de génie et la mélancolie (traduction, présentation de J. Pigeaud, Payot, Rivages, 1988, p. 88), « Le mélancolique est l’homme du kairos, de la circonstance. » Wikipédia.


"Un homme attaché aux bonnes manières et au bon sens est incapable d'affronter le destin. Le moment présent peut se réveler être le moment crucial, le moment crucial peut bien être le moment présent. Si en un instant ta vie se joue, alors tu dois être prêt à la jouer en un instant. A ce moment la pensée de la mort ne dois pas t'arrêter. C'est cela, l'entrainement à la mort.

Il n'y a rien de plus important, le moment venu, qu'un zèle fervent. La vie est faite de cette ferveur, ce feu qui se renouvelle à l'infini.

L'essence de la réflexion n'est pas la sagesse, mais le recul, la temporisation. L'homme doit préférer une attitude excessive à un comportement intelligent et discret. Il doit se monter excessif jusque dans son obstination. Lorsque la modération prévaut dans la réalisation d'une action, les conséquences risquent de se réveler totalement insuffisantes. (...) quand quelqu'un pense qu'il est allé trop loin, c'est qu'il ne s'est pas trompé.

Je ne sais comment vaincre les autres mais je sais comment me vaincre moi-même. La quête d'une vie ne connaît pas de fin. Un homme qui pense qu'il est arrivé est un homme malavisé. Si nous voulons découvrir le chemin de l'accomplissement, il nous faut continuer à penser que les résultats obtenus ne sont jamais totalement satisfaisants et continuer à explorer les pistes qui jalonnent notre vie. La vérité ne se situe pas dans un endroit, mais dans la quête même de la vérité. " Extraits du Hagakure.

Le moment présent peut se révéler être le moment crucial, le moment crucial peut bien être le moment présent.


Le temps n'est pas linéaire, il est fait de spirales qui s'enroulent sur des singularités ; la théorie des catastrophes rejoint cet enseignement . J'affirme que nous atteignons le point d'involution de siècles d'histoire de la pensée, même si la civilisation matérielle peut encore un peu durer avant de rentrer dans le mur écologique .


Cette époque est celle d'une grande confusion, où le monde apparait réfracté multiplement par une cascade de fragments . Mais la crise de la pensée a atteint un point de non-retour . Les traditions intellectuelles les plus diverses convergent puissament vers la déconstruction de l'Univers libéral, qui est exténué, aux portes de la mort . Le monde s'effondre, implose . L'ancien monde ne tient que par la force de l'habitude .


La singularité, le Kairos, est l'imprévisible même . La faiblesse et la confusion proviennent de la perte des repères spirituels qui provoque l'angoisse de mort . Les solutions proposées sont infimes, désarmées, faute de radicalité . Car au contraire de toute autre époque du monde c'est la radicalité qui devient la plus forte lors du Kairos ; la moindre acceptation d'une partie fonctionnelle du Système empêchant la solution du chaos spirituel . Et donc, aucun travail idéologique partiel ne peut résorber la grande angoisse du monde, ne peut être un point d'arrêt de l'effondrement à venir . Les arrêts prévisibles seront des bulles illusoires de sécurité .


L'idéologie radicale devient une puissance politique ; elle ne doit pas étouffer la pensée qui est supérieure à elle, mais pas non plus craindre la fausse conscience des modernes . L'idéologie est une arme politique, non une sagesse ; technique et non poiésis . Sa détermination et sa fermeture en font une arme . L'idéologie comme arme n'est pas le lieu du doute, mais du fanatisme de fer - mais d'un fanatisme enfermé dans une sphère déterminée, comme la science ; pas d'une totalité spirituelle . Le fanatisme de fer n'est pas une adhésion sectaire mais la réponse armée à la guerre qui s'ouvre.


En aucun cas l'idéologie ne peut être rectrice du spirituel .


J'ai vu, moi qui vous parle, des universitaires modérés, issus de la gauche, désarmés devant "la modernité", mais conscient de la gravité de la crise . Le monde, la pensée sont malades même à leurs yeux . Au fond, leur discours et celui de l'Encyclopédie se rejoignent dans un confluent massif : lors du Kairos, les yeux s'ouvrent et le monde rêvé de l'idéologie -racine du Système laisse voir sous ses vêtements chamarrés des ruines, des cendres et des lueurs d'incendie . La guerre métaphysique est toujours déjà présente dans le Système, mais lève son Aurore de visibilité .


Le moment présent peut se révéler être le moment crucial . Le moment crucial peut bien être le moment présent.


Dieu est mort, et c'est nous qui l'avons tué . (Nietzsche.) Pierre Legendre, comme Michéa, parle de fiction des mondes symboliques pour en déplorer la perte, mais il ne peut la combattre, car la réalité l'emporte sur la fiction. Au moment crucial, c'est aux croyants qu'il appartient de déplacer les montagnes .





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Zinaida Serebriakova