Lettre ouverte sur l'art contemporain V. Perspectives sur le rôle de l'art dans l'insurrection qui vient . Conclusion sur le rôle des mécènes...


(Adel Abdessemed)

Tout conflit de reconnaissance nourrit donc la puissance du Système, car il reconnaît sa souveraineté, et la légitimité qu'il a à juger . Les normes peuvent être analysées, on n'en laisse pas moins dans l'obscurité le fait originel qu'elles sont posées non par la raison ou par la justice, mais par la puissance d'une volonté qui réclame pour elle la souveraineté . En tant que tel ce geste, poser des normes, implicitement ou explicitement, est un défi symbolique ; et si personne ne le relève, les normes s'appliquent et la puissance règne, tout simplement .C'est pourquoi la souveraineté ne se manifeste comme telle que par intermittence . Plus habituellement dans une société policée est sa manifestation comme jugement de goût .

Foucault a bien vu, dans surveiller et punir, que le spectacle du châtiment a longtemps été une manifestation de la souveraineté dans sa réalité nue, le monopole de la violence légitime ; et en période de guerre, c'est à dire quand la souveraineté est remise en jeu au travers de l'usage nu de la violence, le spectacle du châtiment, l'exécution publique, réapparait .

L'ambivalence de la violence, l'horreur et la fascination, s'unissent dans son essence souveraine . Celui qui use à son gré de la violence défie l'ordre régnant et se place du côté du mal ; mais en même temps, il fait preuve de souveraineté, et fascine, et les dominés en exprimant leur désir de révolte et de meurtre, et les dominants qui y veulent voir leur image inversé, sauvage, et se regorgent de leur triomphe, car le révolté violent finit mort ou emprisonné . Mort, il devient inoffensif, donc encore meilleur, un héros populaire tout comme . Quant à l'exercice de la violence légitime, ressenti comme bon, il est toujours un spectacle et une jouissance recherchés, tant comme réalité dans les nouvelles, que comme fiction, au cinéma .

En dehors de la pratique de la violence souveraine, l'art est par essence acte de poser des normes esthétiques, donc manifestation de volonté de souveraineté . L'art se rapproche de la violence, est une violence symbolique . La reconnaissance d'une œuvre d'art est reconnaissance d'une souveraineté .

La force de la souveraineté ne devient violence, répression, que si le défi est relevé : non, je avec mon corps ne reconnaîtrai pas tes normes – alors il faudra affronter à mort la puissance qui les a posées . Ainsi par exemple les normes de la jeunefillisation (valorisation publique obligatoire statistiquement du corps comme liberté) et les normes des immigrés musulmans (prise de possession du corps comme propriété protégée de son auteur, une sorte d'hadopi du corps féminin ...) . Le fait de cacher entièrement le corps des femmes est un défi à la souveraineté du Système insupportable pour les professeurs de tolérance libérale ; ce problème pour eux manifeste l'essence spectaculaire, vide, de leur tolérance .

Le jugement de goût a ceci de subtil qu'il ne se transforme pas, contesté, en répression spectaculaire . Il est une forme occulte de la souveraineté, typique dans son développement intensif de la tyrannie floue, tyrannie qui se nie et s'occulte comme tyrannie et se donne comme liberté, étant spectacle de la liberté, commencé par le slogan de la porte d'Auschwitz . Dream a Dream land, c'est l'usine, elle même archétype du camp de concentration, qui cherche à se présenter comme jardin des délices, lieu d'épanouissement de soi, d'un soi immature conforme au Système . H.G Wells en donne une image parfaite à la fin de la machine à remonter le temps .

La question d'avoir du goût, de manifester son goût dans son apparence, devient cruciale quand la société d'ordre se dissous insidieusement, et que l'apparence n'est plus ritualisée . Chacun alors imite les dominants, joue au bourgeois gentilhomme ; et le goût est ce qui permet de distinguer le vrai dominant du faux . On peut être riche et de mauvais goût, et le pauvre de bon goût est le pauvre digne, qui reconnaît sa pauvreté dans son apparence «modeste et honnête ». La recomposition permanente du bon goût, la mode, est nécessaire pour toujours réaffirmer la domination face à la propension à l'imitation des inférieurs, qui se retrouvent toujours décalés, démodés . Jeu de pouvoir, la mode n'a rien d'une démocratisation, elle est une occultation progressive des ordres, occultation qui les maintient tout en les niant sous une fausse uniformité où on se retrouve très bien .

La violence spectaculaire de la répression est l'expression de la peur du pôle du pouvoir ; menacé, il sera impitoyable et cruel comme en guerre civile . Aujourd'hui triomphant et sûr de sa force, grâce à l'énormité de la supériorité technologique de l'appareil de domination, il pourra sans cesse augmenter sa tolérance par « mansuétude », et même reprendre des arguments de son adversaire à son compte, le reconnaître, le comprendre, l'entourer de lui, l'enserrer – et si nécessaire l'étrangler . Les systèmes de répression les plus violents sont ceux qui se pensent les plus fragiles ; et c'est cette fragilité intime qui maximise la violence de la répression stalinienne, ou celle des pays les plus pauvres, à qui les puissants du monde font après la morale en se pinçant le nez, tout en étant leurs soutiens objectifs et leurs marchands d'armes . A contrario, les systèmes de répressions lacunaires et souples peuvent être le fait d'un aveuglement, d'un excès d'assurance : que l'on pense à la monarchie française d'avant 1789 . La rareté de la manifestation spectaculaire de la violence souveraine, dans les États dotés d'une supériorité technologique qui rend de fait impuissants leurs citoyens, va même conduire des professeurs de philosophie à professer l'exténuation réelle de la violence par le progrès technologique, et autres contes à dormir debout ; que le pouvoir se sente menacé, et la violence renaîtra inévitablement . Ces États usent largement de la violence hors de leur territoire, et se préparent à le faire à l'intérieur .

Reste que les conflits de normes, le combat typique du champ artistique, se situe hors de la supériorité technologique et de l'usage illimité de la répression qui s'affirme dans le monde politique . Ce conflit de normes, je l'ai dit, est essentiellement un conflit de reconnaissance, et confirme donc la souveraineté comme la concurrence confirme le marché .

Mais le conflit peut atteindre un niveau d'intensité suffisant pour que le pôle du pouvoir soit mis à mal, et son pouvoir remis réellement en cause . Un conflit de reconnaissance, commencé pour la reconnaissance du père de la horde peut s'achever en destruction pure et simple de celui-ci . C'est même la fin prévisible de tout conflit de ce type, celle que montre Macbeth, même si le triomphe du bien dans le spectacle exige la défaite et la mort des fils félons . Les fils du roi s'entretuent et cherchent à éliminer le vieux roi, pour au fond devenir comme lui, seul souverain . C'est une admiration meurtrière que l'envie . Tout homme qui règne est, par son exemple même, une incitation intime au meurtre, comme tout homme qui règne a eu le désir de tuer, et a tué ses rivaux, que cette mise à mort soit réelle, ou aujourd'hui symbolique . Dans le champ artistique le conflit de reconnaissance aboutit à un désir occulte de tuer les rivaux, mais aussi le mécène . Qu'un artiste utilise le crâne de son mécène comme œuvre d'art n'est pas un hasard .

Le mécène est d'autant plus noble qu'il est plus proche du requin et admet cet ambivalence .

C'est là, dans ce saut qualitatif, que réside le potentiel révolutionnaire des mouvements artistiques modernes .

Les mouvements artistiques d'Avant-garde sont toujours liés aux mouvements révolutionnaires puisqu'ils refusent la soumission aux normes dominantes, qui n'est que le voile de la soumission aux dominants tout court . Il existe, dans le Système, une alliance naturelle entre l'Avant garde et la révolution . Faire peur, est être révolutionnaire, donc d'Avant garde . Ainsi la collection Pinault revendique-t-elle implicitement un caractère révolutionnaire .

La destruction du corps du dominant n'est pas la révolution, voyez 1793 . Le conflit de reconnaissance par le chef peut aboutir à sa destruction par un individu ou un groupe plus puissant ; mais c'est alors la reconnaissance de la horde qui est gagnée . Et la horde elle même qui se perpétue, selon la formule du « Guépard », tout change pour que tout reste pareil . Cette situation ne peut être évitée que par un profond travail idéologique . La question que je veux poser est celle ci : la revendication révolutionnaire de la collection Pinault peut-elle être légitime? Celui qui a écrit l'article « des classes dominantes comme classes révolutionnaires » ne peut être accusé de vouloir répondre à priori non à cette question .

Les dominants modernes, à plusieurs reprises, ont amené leurs peuples aux désastres, dans la grande boucherie de 14-18, dans la crise économique, le chômage et la misère après la promesse de lendemains qui chantent, dans la deuxième guerre mondiale, dans les vaines guerres de décolonisation, et maintenant . Car maintenant, lecteur, nous courons à la catastrophe . Notre siècle est le siècle des menaces, s'annonce comme un siècle de désastres . La question qui nous reste est l'organisation de la sortie du Système . Soit cette sortie est pensée, organisée par un puissant mouvement révolutionnaire, soit notre sort sera celui du Titanic .

Déjà nous filons vers l'iceberg, et il n'est pas sûr que nous puissions l'éviter . Le pire n'est pas la catastrophe matérielle, mais la déshumanisation totale de la civilisation qui s'annonce, qui renvoie le III Reich et le communisme soviétique à l'amateurisme . Pour penser, nous n'avons comme appui que l'expérience du passé et l'imaginaire, la puissance de l'imaginaire . L'art est la plus évidente et puissante expression de la puissance de l'imaginaire . Pour agir, nous n'avons pas la pression du besoin matériel ni l'évidence de l'esclavage, qui est soigneusement effacé . Là encore, nous n'avons essentiellement ce que Sorel appelait le mythe politique, la puissance de l'utopie, de l'eschaton . Nos précédents sont la christianisation de l'Empire Romain et la réussite incontestable des Lumières, à changer les formes de pensée bien plus profondément que la forme de la société, jusqu'à son effondrement, réussite balayée par la révolution industrielle . Or les Lumières comme la christianisation se sont avant tout appuyées sur le travail idéologique, travail qui entre en résonance avec l'expression artistique .

L'art contemporain est donc une expression, un signe, de l'évolution des normes, donc de l'évolution des modes de domination dans le Système . Son étude, que nous apprend-t-elle ? Une progression de la compréhension ne peut se faire que par comparaison de la place de l'art dans des Systèmes différents du nôtre . Le travail de la fondation Pinault est un mécénat . Les mécénats précédents, tous, autant que je le sache, dans toutes les civilisations antérieures, avaient pour finalité d'exalter les appréciations vitales et les traditions du mécène, ou du groupe social mécène .

Cela n'allait pas sans une certaine difficulté souterraine . Par essence, l'imaginaire est la négation du réel présent, est une puissance de transformation . Sinon, on ne parlerait pas d'imagination, mais de perception . L'art est puissance de transformation, beaucoup plus large que ce qu'aujourd'hui on appelle l'art, plutôt analogue à la notion de travail chez Marx, remis sur ses pieds . De même que la régulation de la puissance chaotique de la sexualité passe dans la société moderne par le couple monogame, de même la régulation de la puissance chaotique de l'art passait par la définition de règles strictes d'exécution et par la commande préalable d'une société, cité, prince, guilde, prêtres . Notons que le rejet conceptuel de la notion d'auteur, et plus encore de génie créateur, n'est pas liée à la régulation de la puissance chaotique de l'art, mais à la connaissance que la puissance de l'imaginaire n'est pas l'enfermement dans un monde purement individuel, mais l'accès à des dimensions supra personnelles de l'être, comme les êtres mathématiques le sont ; et que l'expression artistique de ces mondes n'est pas la seule gloire, et encore moins la propriété de l'artiste, puisque ce propre prétendu est commun à tous les hommes de rang, ce qui est le seul fondement de la communauté de l'expression, comme de la jouissance artistique .

La gloire du Dieu de Moïse, la gloire d'Athènes, la gloire des dieu de la cité, de l'Empereur, de Dieu et de l'Église, la gloire du donateur, la gloire et la grandeur du Prince ou du Roi : telle était la de tout effort artistique de grande ampleur, et du mécénat depuis Mécène . Il y avait symbiose entre la métaphysique du mécène et celle, constituante, de l'œuvre d'art . Cela est encore vrai des tableaux de David comme de l'art des régimes totalitaires .

Or toutes les expositions de la fondation Pinault se réclament d'une vision critique du monde que porte toute fortune marchande, de Pinault-Printemps-Redoute, Fnac, etc . Plus même, le monde de la fortune de Pinault est un cercle de l'enfer... A Dinard, le maire préside l'exposition, la femme du maire en est responsable, et l'exposition présente des tableaux « conscients », du style no logo, « je consomme donc je suis », des proclamations sur la vanité du monde « vous mourrez tous ! », des visions concentrationnaires du monde fondé par des hommes comme Pinault, un monde qui s'effondre, implose, un monde de serpents, de tarentules, de crapauds, de pitt-bulls et de coqs qui se déchirent sur des dalles de béton nues, dans une vidéo infernale et cruelle d'Adel Abdessemed, et peinture réelle filmée, circulaire, de notre monde . A vrai dire, cette situation inhabituelle a quelque chose de vertigineux .

Deux hypothèses sont possibles : soit nous assistons alors à la capacité indéfinie d'absorption du Système, qui transforme le rejet de la marchandise en marchandise, le rejet du monde libéral individualiste en thématique de distinction individuelle conforme à l'économie de la distinction individuelle dans le Système, etc . Soit les esthètes salariés de la fondation Pinault jouent avec ce jeu abyssal, mais risquent de s'y laisser prendre, car l'idéologie qu'ils diffusent condamne à terme les principes de leur survie, à la manière des aristocrates des Lumières qui diffusèrent Voltaire et Rousseau contre la monarchie jusqu'à la Révolution . La fondation Pinault a aussi financé musée haut, musée bas, film qui ridiculise les discours critiques, les directeurs de musées, les visiteurs de musés, et même annonce sous le voile comique le Déluge destructeur de l'art contemporain et de ses temples . Une hypothèse complémentaire est que les mécanismes de la marchandise, de la distinction individuelle, et de l'Avant garde en viennent à dévorer le Système lui même : c'est l'hypothèse que je privilégie à ce jour, contre mes amis proches . Mais quel peut être alors le rôle du mécène ?

Je l'ai déjà dit : tout système social est une totalité, en ce sens relatif que tout élément de ce système porte l'empreinte de ce système tout entier, y compris les sorties, crimes, marginalité, etc . D'une certaine manière, une partie fonctionnelle d'une totalité se révèle porteuse en puissance d'une information permettant de restituer la totalité de la totalité déterminée où elle s'insère . Notre Système intègre explicitement la déviance à sa puissance, en valorisant le « rebelle », ce qui fait de tout arriviste un « rebelle », rendant la percée infiniment plus complexe, discutable, comme une cascade de miroirs, que dans une dictature univoque . Tyrannie floue, n'offrant que du vide, ou des récompenses aux prises de ses adversaires, le Système est une forme d'aboutissement des techniques de dominations développée dans des siècles d'histoire et de pensée occidentale . Comme le réseau internet, il n'a pas de centre, et se veut à l'abri des catastrophes . Il a été verrouillé . Mais de ce fait sa transformation devient quasiment impossible .

La perfection politique du Système devient ainsi son écueil le plus dangereux . Car le Système est bel et bien engagé sur une voie de grand danger, ce que montre encore la fondation Pinault avec Home . Je n'ai pas vu ce film et je m'en garderais bien pour pouvoir le condamner librement, c'est à dire de mon pouvoir individuel absolu, absurde ; je recommande bien plutôt l'île aux fleurs, court métrage dont le lien se trouve sur votre droite, le meilleur du web . Mais ce qui est certain, c'est que l'homme a perdu toute capacité de gouvernance globale du Système, que personne ne peut dominer l'histoire et légiférer le monde, comme firent en leur temps Auguste et Napoléon . Le monde est construit par l'humain plus qu'il ne l'a jamais été, et lui échappe plus que jamais .

Nul ne peut remédier aux innombrables absurdités du Système ; même pas les États Unis . Pendant des décennies, les puissances occidentales ont regardé grossir la Chine, y ont délocalisé la quasi totalité de produits indispensables, sans vouloir voir cette évidence qu'ils nourrissaient un futur grand carnassier, ce qui est absurde d'après ce pauvre La Fontaine lui même . Un Blamont peut écrire l'excellente introduction aux siècles des menaces, nul ne peut modérer les risques qu'il calcule avec des chances raisonnables de réussite . En cas d'épidémie de grippe létale à plusieurs dizaines de pour-cent, qui partirait de Chine, personne ne serait en mesure de décider d'arrêter les liaisons avec ce pays, quand la monarchie française de 1720 a su arrêter autour de Marseille la dernière Peste . Ce n'est d'ailleurs pas prévu . Ce qui est prévu, c'est le maintien de l'ordre par la force . Le cas du dernier virus est très net : l'Union européenne, personne, n'a pu prendre la décision simple et sûre de l'arrêt des vols et de la quarantaine, alors que la létalité n'était pas évaluée, parce que ce n'est pas possible dans le Système .

De même l'accident de Tchernobyl n'a pas empêché la poursuite de l'exploitation d'une centrale dont on ne pouvait se passer . Quand viendra le temps des grandes catastrophes, la radicale impuissance des soit-disant décideurs, visible lors des krachs récents, qui ne sont plus que des profiteurs, deviendra je crois injustifiable . Cette impuissance est voilée par le spectacle de l'action que crée les médias, agitation vide qui donne l'impression d'agir, qui est ce qui reste 'action possible . Dans un riche pays de l'UE, un tremblement de terre laisse une plaie béante dont tous se moquent, et on vient y faire le G8 pour montrer à quel point on maîtrise, pour donner le spectacle oligarchique de la maîtrise . La surprise de l'intervention d'une dame pour donner en spectacle le vide effectif du spectacle de la maîtrise l'a fait agonir d'insultes-excellent moyen de détourner l'attention du spectacle, qui ne regarde que le dernier qui a parlé parmi ses maîtres .

Rendre à nouveau l'action possible est pensée sa possibilité . Pensée politique, pensée du bonheur, pensée du monde, s'il est encore temps . Cette nouvelle révolution copernicienne, ce saut dans l'inconnu est une nécessité vitale qui exige l'énergie des marges, mais aussi les moyens que seul possède le mécène . Marx lui même a eu Engels .







Sortir du politiquement correct n'est pas revenir à la chasse aux étrangers, aux femmes et aux homosexuels, mais formuler les règles de respect des êtres humains classés par le Système sous les catégories « étrangers », « femmes », « homosexuels » qui ne soient pas des parties fonctionnelles du Système . Tout penseur queer conscient devrait pouvoir le comprendre . La répudiation du féminisme libéral n'est pas l'assomption du machisme tel que défini par ce même féminisme . Tous les authentiques penseurs et artistes radicaux doivent pouvoir y œuvrer . Le mécène prétend se valoriser par l'art radical, mais peut-il se valoriser par le financement de la pensée radicale, peut-il s'inscrire dans l'histoire en rendant humain le futur ? Qui a peur des artistes, sinon le mécène que les artistes voudraient sacrifier ?

Voilà quel est le véritable défi du mécénat en ce début du siècle des menaces, dans des peuples vieillissants, sans avenir et disloqués que sont les européens . Plus le mécène aura eu dans sa vie de haine et de revanche, plus il aura été un homme mauvais, plus il sera une figure de l'Empereur .
Issue des marges, et pourtant d'avant-garde, les pensées radicales sont encore, comme au temps de Nietzsche, de Montparnasse, les laboratoires de l'avenir . Et l'avenir n'appartient pas aux biens pensants, il ne leur a jamais appartenu . Était-il pertinent d'arrêter et d'emprisonner Julien Coupat ?
A « Qui a peur des artistes », je réponds : Qui a peur du travail de la pensée radicale ? Poser une pareille question alors qu'il devient à la mode de reparler de Marx m'oblige à reparler de Marx comme frère, comme mon Abel, que je vais sacrifier...

Aucun commentaire:

Nu

Nu
Zinaida Serebriakova