Discriminations VII : lutte contre les discriminations versus lutte des classes .

( Bunuel, le charme discret de la bourgeoisie...)



X : Lutte contre les discriminations versus lutte des classes :


Dans l'optique de la lutte des classes, l'idéologie de la lutte contre les discriminations est la lutte pour l'imposition des discriminations fonctionnelles déterminées par la bourgeoisie, contre les distinctions sociales issues de la subculture des humains employés-salariés, cette masse atteinte de déprivation culturelle et de déracinement . Chez les humains socialisés hors la puissance bourgeoise et ses réseaux, l'appartenance culturelle-communautaire, dans l'état ou elle reste, est décisive au quotidien . En effet, parmi des groupes humains socialement homogènes dans la pauvreté et l'aliénation, la vie humaine dépend de solidarités étroites qui créent la distinction entre "nous" et les autres, ce que le bourgeois traduit par « xénophobie » .

La distinction entre « nous » et « eux »crée pourtant une sociabilité de base indispensable à la survie, pour éviter l'isolement individuel trop dangereux dans une grande ville ou dans un quartier parcouru de rapports de force . Cette situation est crée par les conditions humaines réelles de ces quartiers produits par la technocratie, et le solide mépris des règles humaines de dignité et d'appartenance qui a présidé à leur conception . La déprivation politique des masses pauvres engendre le communautarisme . Par ailleurs la situation de concurrence réelle des communautés sur le marché du travail, selon le même principe de mise en conflit ou en concurrence des dominés au profit des dominants pour confirmer la domination aggrave cette structuration sociale dégénérée dans les masses du Système . Maurice G. Dantec a parlé d'"Europe des Dhimmis", mais c'est très injuste : ce modèle social est d'abord issu du laboratoire du Système qu'est l'Amérique du Nord, et ce modèle est tout le contraire des Dhimmis de l'Empire Ottoman .

Très clairement, le Système se sert de ce qu'il induit chez les dominés comme d'un critère de distinction sociale . Cela est parfaitement banal ; le bronzage des paysans s'opposait à la pâleur des bourgeoises et des aristocrates, comme aujourd'hui le bronzage d'hiver humilie la pâleur du magasinier de Picard . Eh bien la "xénophobie"qui constitue un "ordre" infime dans des groupes sans culture, ni racines qui s'amassent en périphéries des grandes villes, est un stigmate aussi efficace que la pauvreté du langage, la brutalité des manières, ou l'inculture . Cela permet de se sentir supérieur à peu de frais .

Pourquoi les critères technocratiques de sélection de l'idéologie de la lutte contre la discrimination, (par exemple la discrimination des personnes refusant de pratiquer ces critères, et prétendant en avoir d'autres, remarque qui montre le caractère nécessairement discriminant, inégalitaire, de toute définition de critères) seraient-ils les « bons » critères ? Comment la HALDE peut elle asséner cette prétention exorbitante d'avoir le monopole des « bons » critères de la sélection et de la hiérarchie humaine ? Comment peut-on élever une telle prétention sans référence expresse à la Nation, sans possibilité de les rejeter, ou de les révoquer dans l'avenir ? N'est ce pas illégitime dans les critères mêmes de la démocratie ? Comment une haute autorité technocratique peut-elle prétendre posséder les clefs de pyramide sociale, sans provoquer la moindre réaction ?

« La lutte contre les discriminations » est la lutte pour la domination dans les critères de sélection des hommes, car la sélection est à l'œuvre dans les entreprises géantes comme dans les quartiers, la première dans l'optique du Système, la deuxième dans la logique sociale des regroupements identitaires, que l'on retrouve spontanément en prison . De même, dans les établissements éducatifs, la lutte a lieu entre les critères des hordes adolescentes, la domination physique, le défi aux autorités adultes, l'argent, le sexe, et les critères scolaires portés par le sous système éducatif, le mérite, la motivation à « apprendre », à acquérir des « compétences », à obéir au système et à mener sa vie publique d'élève selon ces critères .

La thématique de la discrimination positive confirme l'hypothèse qui pose la lutte contre les discriminations comme dispositif de domination fonctionnel à l'usage des maîtres . Le principe d'Égalité issu de la Déclaration des Droits de l'Homme a été largement déjà utilisé, avec le dispositif des agrégats statistiques, pour augmenter la capacité de choix des dominants dans le vivier des personnes espérant être choisies pour des "emplois" ; toute augmentation de la capacité de choix du dominant, augmentation de sa puissance, se traduisant par une baisse des salaires ou des conditions de travail dans les emplois de masse, ou par une aggravation symbolique de la domination et de ses avantages afférents, au sommet de l'État .

C'est exactement la fonction du "marché du travail libre et non faussé" au niveau de l'Union Européenne . Le principe d'Égalité et la légitimation scolaire a fini par devenir une limite au pouvoir dominant, qui voyait ses serviteurs risquer de prendre une l'assurance excessive . La "discrimination positive" permet de s'assoir sur le principe d'égalité ; elle permet encore plus d'arbitraire . Il existe désormais des critères de classification illégitimes, négatifs, comme le sexe, ou la "race", qui deviennent légitimes, positifs, si le dominant le décide . Soyons clair, cela repose sur un déni de réalité digne des totalitarismes antérieurs : car si je peux embaucher quelqu'un parce que c'est une femme (discrimination positive), cela signifie nécessairement que je peux refuser un autre candidat parce que c'est un homme, donc à cause son sexe, de sa race, etc ; ce qui correspond très exactement à la définition juridique actuelle de la discrimination . En bref, le dominant n'a d'autre règle que le bien, et le bien c'est lui qui le décide : c'est le "c'est moi qui décide qui est juif " de Goering, théorisé dans l'univers libéral . Curieusement ces problèmes ne se posent pas du tout pour féminiser à 50% de force les emplois de routier, écrasés par l'ouverture européenne : ces statistiques ne sont pas intéressantes .

Notons que la constitution de discriminations positives, mécaniquement, accentue la constitution communautaire et bornée des masses déracinées ; et la "lutte contre les discriminations" induit pour finir la société contre laquelle elle prétend lutter, une société constituée de groupes hostiles déterminés par des critères de race, ou de sexe, la fameuse "société multicolore" des libéraux . Elle existe réellement aux États Unis, pays du racisme et de la discrimination positive omniprésents...le premier parmi les pauvres, et la deuxième à l'usage de la bourgeoisie .

L'objectif global serait d'avoir une caste dirigeante composée statistiquement des mêmes agrégats que la population générale, et dans des proportions identiques . Par contre ce modèle ne préconise aucune limite à l'écart de revenus entre la caste dirigeante et les autres, au nom du "mérite", "mérite" dont l'absence de certains groupes dans la caste dirigeante manifeste un peu trop nettement le caractère idéologique . Y parvenir est tellement artificiel que la "discrimination positive" s'impose, on le voit dans le cas de la "parité", qui est déjà un dispositif de discrimination positive . Croire qu'une telle société serait un modèle de justice repose sur des illusions assez grotesque ; la justice sociale repose aussi sur le lien entre la caste dominante et la population dominée, et ce fait est "oublié".

XI : Conclusion : La lutte contre les discriminations dans la perspective de l'existence humaine .

Vivre, c'est choisir, éliminer et privilégier, pour construire une vie orientée, et non un chaos d'impulsions . La volonté n'est autre que la poursuite de son plus haut désir, de son principe directeur au prix de ses désirs . La seule question des valeurs qui vaille est celle des critères d'ordre : l'homme fonde un ordre, une hiérarchie, à travers ses critères . Il pense ce qui est essentiel, vital d'obtenir et d'accomplir dans une vie humaine, et ce qui est secondaire, indifférent, ou contraire à ses fins . Et aussi ce qui est à interdire . Cette capacité de choix est le fondement de la liberté humaine de la personne . Elle est le fondement de la culture et de la civilisation .

Or la "lutte contre les discriminations" prétend déterminer l'ordre juste, légitime et bon, et l'imposer à tout homme : autant dire, confisquer la liberté de l'homme . Et cela, au profit de l'entéléchie du Système, en vue de la production matérielle,hors de toute perspective de perfection humaine ou de culture . Plus même : la logique de la lutte contre les discriminations est la culpabilisation, voire l'interdiction, de toute recherche de supériorité qui ne passerait pas par une place d'encadrement, l'éducation officielle ou l'argent .

La création littéraire, artistique, la philosophie même, doivent être accessibles à tous . C'est une honte sociale de ne pas être accessible à tous . Il faut simplifier l'orthographe parce que ceux qui la manient mal risquent d'être discriminés. Il faut simplifier l'oral parce que ceux qui parlent mal risquent d'être discriminés . Il ne faut pas parler devant un muet, cela l'humilie . Il faut changer les mots péjoratifs comme nain ou connard, personne de petite taille ou à capacités différentes . Dans cette parole politiquement correcte, le locuteur non formé risque aussi d'être exclu...et le locuteur formé manifeste par son charabia politiquement correct le mépris caché dans la condescendance . Asservi par les mirages du salariat, l'homme voit sa puissance de fonder des univers asservie à son tour par un verbiage moralisateur, c'est à dire culpabilisant . Tous se sentent coupables et sont prêt à croire à leur culpabilité, leur "xénophobie" intime . Combien sont prêts à renier leurs appartenances condamnées?

Disons le en passant, aucun argument ne peut justifier que l'on demande à un dominant de renoncer à sa domination au profit d'un autre, sinon en sapant la confiance qu'il a en son droit . La domination est d'abord un fait, non une vérité ou une justice : la domination des femmes par les hommes, ou des hommes par les femmes ne sont pas plus éthiques l'un ou l'autre, la société féodale ne peut être jugée meilleure ou pire que la société libérale qu'à partir des critères de hiérarchisation de chaque société . La dissolution de ce qui reste des structures sociales passe par une culpabilisation frénétique, générale, de toute domination, au profit non d'une société sans domination, mais au profit de la domination fonctionnelle de l'oligarchie . La réaction à cette campagne passe par la diffusion d'une mentalité de combat .

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Zinaida Serebriakova