Mémorial de Jacob comme Ange déchu .


(chute des anges rebelles)


Toute grandeur durable pour l'homme est un mémorial de l'éphémère - le mémorial de l'alliance du temps et de l'éternité - du sang et des larmes avec le soleil, de l'or des baisers avec l'aurore, du souffle de l'esprit avec l'étoile .

Si je ne me tourne pas vers toi, je ne peux te ressembler .
Si je ne me tourne pas vers toi, je ne peut ni t'être étranger, ni familier, ni ami, ni serpent lové parmi les rêves, ni miroir de fumée,
Si je ne me tourne pas vers toi, il n'est ni image ni ressemblance .
Si je ne me tourne pas vers toi, il n'est pas de dissemblance, pas d'identité, pas d'amour ni de désir,
pas de liberté face au désir, pas de péché et pas de justification,
Si je ne me tourne pas vers toi, le monde se vide d'un silence éternel, et s'enroule d'une nuit profonde
Comme la roche qui se plisse sur elle- même, dans la mine où murissent les métaux, lumières des ténèbres.
Si je ne me tourne pas vers toi, je suis tout puissant, créateur et fondateur du monde, immortel l'espace d'un instant mortel,
Prince solitaire d'un phare qui pleure de son œil borgne sur les vagues du néant,
Empire indéfini, porteur d'eaux de ténèbres, fluantes des mondes souterrains,
Un monde qui se referme sur moi comme une toile arachnéenne portée par le vent,
Un monde qui n'est autre que moi, moi et mes ténèbres qui sont encore moi, une eau nocturne que j'ai voulu saisir à pleines mains .
Si je ne me tourne pas vers toi, je suis ma propre prison .
J'étouffe en moi
Tu es le souffle des souffles
Le Baisers des baisers

Tu peux attraper l'oiseau, tu n'attraperas pas son vol,
Tu peux dessiner la rose, tu ne peindras pas son parfum .

Je peux maîtriser le corps mais pas la volupté de l'âme .
Je peux maitriser le corps, mais pas la tristesse de l'âme
Quand tu es loin
Que je regarde vers l'horizon de tes pas
Et mon âme est triste jusqu'à la mort

Si je ne me tourne pas vers toi, l'espace et le temps ne trouvent pas de fin,
Si je ne te trouve pas je ne me trouve pas, si je ne me perds pas, je ne te trouves pas,
Je me cherche sur ta peau et parmi les baisers de ta bouche
Que la chair et les baisers de la bien-aimée expliquent au soleil
Elle tient le soleil dans sa main
Et la lune s'imagine dans ses yeux noirs
Si je te fuis c'est sur la route de la baleine, parmi les effluents de la Lune glissant sur les vagues phosphorescentes comme l'huile parfumée parcourant la peau depuis l'aisselle, le sein lisse, le ventre pensif, l'aine accueillante des mondes .
Je te fuis sur un océan de chair, et je m'en retourne
Je me retourne vers toi
L'aimée est le monde
Ses yeux portent l'Aube d'été
Son baiser est le don du souffle .

Mon corps tournoyant monte vers l'Abîme, dans les algues emmêlées comme une chevelure .
Si je te cherche je m'égare hors de moi-même, si je te cherche je t'avais trouvée autrefois,
Je t'avais trouvée le sixième jour, ô mon amour
Si je te cherche je t'ai déjà trouvée, ô délicieuse mélancolie du vaisseau avide d'horizon,
Qui retourne au monde des morts, déployant sa voile de ténèbres sur la face du ciel .
Car tu es là au commencement, tournée vers l'orient, la face des crépuscules avides de ténèbres du Loup, les doigts de rose des aurores rêvées par les hommes, toujours déjà recommencée, immense comme la fleur infime,
Image je m'oriente, entre Fenrir et la Rose, et je te tourne le dos dans l'énigme, et je me tourne vers toi en te tournant le dos .
Tissage vide indéfini, formes spectrales couvrant l'Abîme,
Alliant la cruauté du cercle au labyrinthe de la droite indéfinie,
Rayon de Lune reflété au fond des facettes du Dragon,
A la frontière je me suis tourné aveugle en cherchant le miroir, le miroir qui est mien et tien d'une Alliance insoluble
Et Étoile, déchirure dans le voile du ciel, rêvant à l'annonce de la mort du Maître de maison .

Les ténèbres sont l'ombre d'une ombre, spiralée en caverne de monde
Aux pieds du Maître j'ai bu la rosée céleste , je le sais .
Il a montré le souffle toujours déjà présent, le sang vivant .
Et ils venaient de l'aimée, ils s'écoulaient des merveilles de ses mains ouvertes .
Jours de larmes, jours couronnés de fleurs
Tant me plaît la noire liqueur de la vie, l'infini de tes baisers et la certitude de la mort
Le baiser est le don d'éternité
Cet instant éternel
Sur la falaise de marbre
J'ai fermé les yeux
Le soleil ardent était l'ombre du soleil de tes pas
Tu marches sur mes yeux, ô ma bien aimée
Tu es la fleur éphémère à jamais présente

Car je t'aime, ô éternité !


(Araki)

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Zinaida Serebriakova