Lune.

(Araki)

La lune
Comme une main gauche
Au plus haut des cieux
Reflet du puissant Soleil
Et son reflet sur les rosées
Aurores
Fragmentées d'images de
Ma vie
Et son reflet dans les flaques d'eau sur
Le bitume de la ville
Entre chewing gum préservatifs mal fermés et seringues
Ensanglantées inévitables
Désir immense de mort

A cause du
cauchemar des
Rêves à vendre
Mon père est mort
En néons et
Écrans de lumière
Douces
Que je vous hais
De désir

J'ai aimé et servi la mort des jours
Abominé les mines des adultes
Leur morale les pieds dans la merde
La bêtise au front de taureau qui profère toujours
Tu dois

J'ai caressé le serpent
La morsure des nuits
Les pas qui arpentent les rues
Le rythme de tes pas
Et la lune larme
Sous l'œil ténébreux du Dieu
Se dérobant dans
Les obscures clartés
Des astres
Impassibles

Et je crois je sais
Tu sais
Que je te cherchais

Le soleil brulant est main droite étendue sur le jour
L'azur
Les limites découpées par la lame
Le feu des mondes
L'accablement du grand Midi
Sous le signe du Chien
Sueur fureur folie
Au son lancinant des insectes en
Lutte
Je m'involue dans les forêts
D'ombres
De l'âme
Mauvaises comme
Les mers hurlantes
Au naufragé
Errant parmi les îles
inconnues

Et par miroir par réflexion par signe
Par la présence qui se creuse au cœur du vide
La lumière qui s'involue dans les ténèbres
Et le rythme de tes pas la nuit
De tempête
Comme les vagues déchirées de chair qui soulèvent et re-soulèvent le
Reflet de la lune

De la fin de la terre
Du pays de la disparition
Brume et marins perdus en mer
Sentiers indéfinis longeant les roches et l'estran
Sans frontières sans fin blessures sur l'indéfini
Avides de mélancolie de lumière
Et d'horizon
Du sable eau brouillards rocs varechs
L'effacement des pas et des hommes
Les amis le vent les
Emporta comme
Il effaça nos mots tracés sur le sable
Je t'ai heurté sur le chemin
D'une mienne blessure
Je ne peux ni ne veux
Enjamber
Ton corps
Des yeux noirs
De Lune
Du puits de l'abîme
Ces yeux
Seigneur

Et l'homme en exil de monde et la Lune ont tissé
Un chèvrefeuille diffusant
Au dessus des tombes silencieuses
Le chant parfumé des anciens mondes
Les anciens mondes sont devenus vivants
Évoqués par les mots des serments passés
Telle l'alliance d'Adam autrefois
Sur la poussière
Devant la femme adultère
Par bienveillance
Figure non du crime mais
De l'homme même
Ecce homo
Caïn

Dieu d'Abraham d'Isaac de Jacob
Dieu de l'obscure ardence du cœur
Par Salomon
Tu évoqua la vigne de l'aimée
La fontaine scellée
L'Alliance et la réconciliation fruits du ventre de
La grande guerre
La concaténation de l'âme par grand'douleur de mort
Et la douceur du réveil sous l'Arbre
Sous l'arbre où fut évoquée Ève
Je mange et bois à ta chair comme un fruit de soleil
Au verger des grenades
Et retrouve la Science de
L'Antique Serpent .

Comprenne qui pourra
La clef est parmi le livre des clefs
Étudie et je regarde aussi
Et qu'importe celui qui veut arriver sans
Cheminer.

Car arriver est vain
Pour celui qui ne sait pas où il est
Il ne sait pas qu'il est arrivé
Il ne sait pas qu'il est parti .
Partir est arriver
Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé .

Et je crois je sais
Tu sais
Que je t'avais toujours déjà trouvée

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Nu

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Zinaida Serebriakova