Maître.

( Frida Kahlo, Sin esperanza)


A l'époque le monde fut fasciné par la puissance
Le surhomme d'or fut érigé et ils l'adorèrent
Son nom fut progrès

A l'époque tu
Es le silence de la mer
L'attention portée
L'inquiétude du phare pour l'homme du large
Dans la nuit

A l'époque le monde fut vide de mots
Les images proliférèrent
Et l'attention à l'infime des mots
Fut perdue
Avec le deuxième livre
Les secrets des portes
Le murmure des clefs

Tu gardes les mots comme le feu
Vestale des poèmes
Vierge livrée aux désirs
Quelle grandeur dans ta simplicité
La royauté
Telle que
Vivante comme le serpent des mondes

Dans l'embrassement j'aspire ton souffle
Le Maître qui ne dit ni ne dédit mais fait signe
J'aspire la vie
Des lignages des peuples
Dans les délices de ta langue tournoyante
L'or de ta peau
L'âpreté du désir,
Avide de vent comme le loup

La sueur le sperme les arbres
Ne s'enlacent pas comme
Nous nous enlaçâmes

A l'époque le monde fut fasciné par la puissance
Le surhomme
Porteur de mort
La mère insultait et humiliait le père
Le père se pendait dans un lieu
Vide de toute humanité
La folie hantait mes saisons
Je chérissais l'implacable
L'impitoyable
Pour ne pas pleurer sur mes pleurs
Le secret

Sans humanité ni concession quelconque
Je désirais tuer pour ne pas mourir
Ne t'aurais pas tuée sans
Savoir
L'horreur de ma haine dévorante
Je regardais sans faiblir
Ces images qui me font devenir de sang et de larmes
A l'époque
Ne t'aurais-je pas tuée

A l'époque je découvrais la bienveillance et l'alliance
Les déchirements et les larmes
La douleur enfermée muette en moi
Insensible
Depuis tant et tant d'hivers
Qui jaillit

J'étais un mort
Parmi les morts égaré de moi-même
Ce don que tu déposes
Cette ancienne plaie atroce
Qui s'ouvre à nouveau
Un désespoir immense
Qui me rappelle

Peut-on revenir des cauchemars
Des pays de l'Anaon
Peut-on connaître le soleil
Seulement
D'une voix qui doucement
Appelle
Les larmes

D'une aile sombre et légèrement
Sur le masque mortuaire
De la poésie
Tu verses le sang tiède
Des vivants

Honneur à toi !

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Nu

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Zinaida Serebriakova