Dans les anneaux du labyrinthe vertical III - qu'est ce qu'un Ordre?

(Austin Osman Spare)

Le cercle des mondes est l'inépuisable splendeur de la manifestation, et la splendeur du caché, du Soleil à son crépuscule, du Soleil de la Nuit ; inépuisable splendeur de ce Jardin, dont les scènes les plus étranges et les plus cruelles sont aussi merveilles, ainsi quand, dans un jardin, je me lovais en toi sous les étoiles, mêlant le parfum de ta peau à celui de nos eaux, et à celui des sucs végétaux et animaux sous l'exaltation du feu qui faisait vibrer l'air au ras du sol .

Le cercle des mondes est l'image inverse du Royaume des cieux, et peut apparaître ennemi des puissances instituées – ténébreux, et basé sur des pratiques transgressives . Ainsi le Maître des filiations tantristes portait-il habituellement un bâton surmonté d'un crâne, et se frottait de la cendre maudite des cimetières . Tout homme, et tout ordre qui se retrouve par delà le bien et le mal doit apprendre à se protéger par le secret et par les voiles de la nuit ; ainsi les cultes tantriques, ainsi les sorcières – ainsi même la fuite de Tristan et Iseult dans la forêt de Morrois, dont le nom est le miroir du crâne trika . Le secret est assuré par l'occultation, et par l'exhibition de symboles que le commun considère comme étranges ou menaçants, tels les symboliques sexuelles ou macabres .

Ces symboliques sont les protections de l'Ordre de la main gauche . Le cercle des mondes est la vision de la toute puissance, de ce qui veut la volonté et la vie, et son partage à travers le corps, l'âme, et l'esprit . La puissance dite érotique en est un aspect, et toute la puissance peut être dite érotique ; toute la conscience est félicité et jouissance en tant que puissance . La puissance ne s'enferme pas dans un sexe pornographique . Toute la puissance peut s'exprimer par le symbolisme sexuel ; et ce symbolisme opère un partage entre les hommes qui savent et ceux qui ignorent, qui ne voient à leur image que satisfaction d'appétits . L'érotique de la puissance pour autant n'est pas puritaine, comme le croit René Nelli dans l'érotique des Troubadours, et ainsi que toute lecture du Decameron permet de le comprendre, sans parler du tantrisme . Le sexe est réel qui s'intègre dans le moulin d'Hamlet - Le Cantique est toujours lu à la hauteur de l'œil qui le décrypte – et le choix des sages pour ce livre est, pour celui qui s'y arrête, le premier signe de son commentaire .

Le sexe, et le symbolisme sexuel est la première ligne de partage de l'ordre . La dissociation entre les différents ordres de phénomènes est la plupart du temps, une disharmonie ; et le printemps des mondes est l'analogué du printemps des fleurs, et non une essence étrangère ; de même, l'immense amour humain qui se dit à chaque lettre du Cantique, la saveur des grenades et la saveur du sexe, la hauteur des montagnes couronnées de glace et la gloire des seins surmontés par les perles noires des tétons, la splendeur des parfums et la splendeur du Tout-Puissant, l'Alliance des amants contre la Ville, et l'Alliance de Dieu – sa mémoire qui ne connaît pas de fin- contre toutes les pesanteurs des mondes – pas un mot qui ne puisse répondre de l'entrelacement infini de l'un et de l'autre, de la chair et du Verbe, comme pour toute Splendeur des mondes .

Splendeur des yeux noirs, miroirs de l'âme, analogue du Verbe, âme des mondes . Splendeur de la bouche rouge et humide, qui embrasse, caresse et dévore, qui chante la mélancolie des crépuscules, qui remémore et retrouve ce qui est perdu, qui produit l'éternité dans le temps, et aussi prononce la fin et la malédiction .

Ta voix, ma bien aimée, est le lait et le miel qui coulent de la Terre Sainte . Les yeux, la bouche de l'Aimée sont l'image des yeux et la bouche du Verbe . La chair de l'aimée n'est autre que celle de l'Eden, la Terre des quatre fleuves, dont la Terre Promise est aussi l'image .

Et l'Ordre n'est pas autre que celui des gardiens de la Terre Sainte, car le combat est la voie de l'assimilation - ainsi ceux qui comme Jacob, combattent avec l'Ange, tendent à leur resembler, en recevant leur bénédiction ; et ceux qui combattent les chérubins deviennent de telles puissances, et peuvent être de tels gardiens .

La dissociation -ce que Debord nomme Spectacle - la disharmonie, sont une signature caractéristique des périodes de destruction, comme le présent cycle ; alors dans les coutumes des peuples, les miroirs sont voilés de noir ou brisés, ce qui est un signe de malheur – dont le sens est largement perdu . La vision devient rare et difficile ; l'harmonie des mondes semble une étrange folie . La culture moderne construit les mondes par des séries d'oppositions idéologiques, faisant de l'homme le contraire de la nature, et de la nature le contraire de la puissance, par exemple ; et Héraclite, l'homme de la réconciliation par la guerre, devient, comme les miroirs et les analogies, l'Obscur .

Notre culture est une culture de la dissociation ; l'idéologie – racine est une puissance autonome de dissociation . Et l'Ordre, comme l'amour du Cantique, est la manifestation terrestre de l'Alliance, et de l'harmonie des mondes, de la réconciliation des puissances qui s'affrontent depuis les divisions primordiales - conforme à toute la pensée européenne depuis Athènes, et à toute pensée essentielle, supra-humaine .

Dans la culture de la dissociation, le sexe est une puissance étrange et menaçante, souvent alliée à la mort, elle même étrange et menaçante - alors que dans les cultures inspirées par l'âge d'Or, la mort est une réconciliation, symbolisme conservé par l'extrême onction . Issues de la culture de la dissociation, de l'analyse des liens humains, et donc des liens entre les sexes comme des figures de liens de domination ou d'exploitation, même des personnes assez qualifiées peuvent être effrayées par le sexe, par l'épaisseur et l'étrangeté qu'induit un lieu où le sexe est omniprésent, non comme tentation puritaine à la mode moderne – exhibition, et rapport de force, humiliation implicite, compensée par des séries d'interdits implicites, comme celui sur le regard désirant – mais comme une pratique effective, et plus encore anomique, absente à tout échange matériel et à toute domination - c'est à dire, comme don débordant de puissance, comme activité solaire, typique des rites dionysiaques .

Il est caractéristique que la grille d'analyse des rapports sexuels de notre monde soit souvent d'abord la question de l'abus sexuel, du harcèlement, de la prostitution et de l'esclavage – c'est à dire que dans le rapport entre les principes des sexes la disharmonie, la guerre des sexes est posée comme principielle, indiscutable, indépassable, ce qui est sans comparaison historique et ethnographique .

Des personnes, animées par le Haut désir, par les splendeur de l'alliance de la chair – traversées par une telle puissance, même en couple, même hétérosexuelles, même en dehors de toute exhibition explicite, provoquent insensiblement une gêne autour d'eux – et même, des manifestations d'hostilité . J'ai pu voir de telles manifestations aussi envers des femmes belles, et tout simplement gaies et souriantes, naturellement charnelles, éclatantes . Cela agace énormément, l'épanouissement d'une chair sans culpabilité, sans retenue maladive, sans angoisse . J'ajoute que s'afficher clairement sexuel, chez un homme, peut provoquer aussi de l'hostilité : peur, gêne, et cette idée que l'on est de ce fait un harceleur en puissance, un orgueilleux, un sale type glauque .


Pourtant l'ordre est la lumière du printemps, c'est à dire de l'intense et extatique harmonie des principes des sexes . La réconciliation des sexes, c'est la réconciliation du féminin et du masculin en chaque homme, la production de l'androgyne - et la réconciliation solaire des principes eux même . L'homme assimile le féminin qui est son principe occulte, et la femme assimile le masculin qui est son principe occulte, dans le cas général, fortement perturbé dans le chaos du présent cycle . Le tantrisme est riche de pratiques et de symboles à cette fin, en vue de ce moment du développement de la force spirituelle de l'être humain .


Jean de Leyde fut à Münzer un modèle d'exaltation sexuelle solaire - qui fut traité par ses ennemis comme du communisme sexuel . Il ne s'agit ni de forcer ni de plonger dans une illimitation descendante, mais d'un refus des formes bornées du monde commun - refus qui permet de produire des mondes nouveaux, plus grands et plus puissants . Le symbolisme sexuel est ainsi une première ligne de partage, très puissante . Car l'ego construit comme une forteresse sans fenêtres ne peut qu'être effrayé par l'entrelacement des genres, des corps et des âmes, par le travail de sape sur les déterminations de l'identité de l'ego qui naît sur la totalité psychique, et crée ses propres chaînes comme l'araignée secrète sa toile . Mais les ricanements des crânes, le bruit des ossements sont la deuxième ligne .


Passant pour exalter la puissance des mondes, la voie du Cercle est aussi la vision des aspects les plus redoutables de la divinité, le chaos et la destruction, la mort ; et les insignes de mort et de destruction sont aussi des emblèmes de protection – comme les animaux nocturnes ou venimeux, les chouettes clouées sur les portes des granges, les crapauds, les serpents, les araignées, les scorpions – tous ces êtres ambivalents pour l'homme, dont le sens supérieur - la chouette de Minerve, le serpent de la Genèse et de Moïse, le Scorpion zodiacal - s'est perdu, sont devenus des emblèmes de ce qui est répugnant dans une société dégénérée . Il importe de souligner que le caractère supérieur des savoirs souterrains, de l'Hadès, supériorité largement soulignée par Empédocle – la supériorité de celui qui peut regarder la vérité, aussi effrayante soit-elle – est le fondement même de cette symbolique . Des échos s'en retrouvent à l'âge moderne (merci à Tom Winkert) :


Echos, rumeurs, éclats magiques

De la vie à la mort en passant par la peau

Musique primitive Tambour - Résonance - les sons

La flûte faite d'un fémur humain évidé : poignard [...]

Les eaux et le creux leur soif du bas

Bas et haut, haut et bas

Utilité de l'inversion

La tendance de l'eau à aller vers le bas - son invincible force

Et même le jet d'eau

La courbure de la chute

C'est là toute la force de l'eau

La recherche de la cime suprême d'en bas

Du sommet central de l'intérieur de tout

Le but creux et inverse du vide, l'attirance du bas...

(Roger-Gilbert Lecomte)


Dans la tradition de l'Inde, les figures de Kali les plus nocturnes, les plus destructrices, liées à la figure de la roue, représentent cette orientation, tout comme Bhairava dans le tantrisme shivaïte . Mais en occident, les figures de la crucifixion, comme les représentations de l'Enfer, participent à ces figures de la destruction cyclique dévorante des mondes . Le Sage, au présent cycle, doit revendiquer le mal pour sien ; et de même, l'Ordre de la main gauche doit se revendiquer du parti du Diable, selon l'ordre de William Blake . Ou encore, ne pas craindre les figures les plus ténébreuses de la destruction . Du sang, de la volupté, de la mort : les mots de Barrès sont désormais nôtres, lucidement .

Mais pour le moment, nous n'avons abordé que les faces les plus extérieures de l'Ordre . L'Ordre doit être pensé comme une image du microcosme, un grand homme, et je dirais plutôt comme une image du corps féminin, une figure de la déesse . Cette perspective est propre aux membres de l'Ordre, non à ceux de l'extérieur . D'un point de vue intérieur, et passé la peau de l'Ordre, érigée comme une protection, l'ordre est une figure du Maître . Il a donc un corps, une âme, une esprit – une figure de l'ego, un récit de soi .


Donc une histoire commune pour ceux qui sont proprement ses membres, par exemple ; et l'histoire est l'explication de l'identité, comme l'identité est l'implication de l'histoire . L'histoire peut être vraie sous le rapport de l'identité, c'est à dire être vraie pour l'Ordre et fausse pour les profanes, de même que la vérité d'une histoire individuelle est un enjeu de la communication des ego . Les mondes de la vérité de l'histoire sont constitués par l'identité de l'ego, comme l'identité du Christ est l'implication de la vérité du Royaume, en tant que Voie, Vérité et Vie .


Au delà du récit de l'Ordre, l'Ordre possède un fond initiatique et symbolique souterrain . La transmission de fonds symboliques ne peut se comprendre sans que des canaux de communications ne puissent être pensés dans les mondes . Ce problème est plus difficile d'accès pour un moderne.

Prenons un exemple, le cas de Éon de l'Étoile, dont l'activité connue s'étend de 1140 à 1148 . Voilà la notice wikipedia de ce personnage, essentiellement connu par des chroniqueurs profanes .

Il est né près de Loudéac dans une famille noble. Son nom est Eudon, mais, par déformation, on l’appela Éon, et surnommé « de l’Étoile », pour la comète qui apparut en 1148 ; les comètes étant considérées comme annonciatrices de catastrophes ou des évènements extraordinaires tels que la venue d'hommes au destin exceptionnel .

Les mots Éon de l'Étoile sont à l'évidence issus du registre de la Gnose séthienne, du nom de Seth ; l'Éon est indissociablement le cycle temporel et le monde qui y prend place . Dans l'Évangile de Judas, Jésus est issu de l'Éon immortel de Barbèlô . L'éon qui apparut avec sa génération, l'éon où se trouvent la Gnose et l'Ange, est appelé El . L'étoile est évidemment un symbole astral, signifiant le Royaume de Dieu, et l'étoile, le pôle – la référence à l'étoile est omniprésente dans l'évangile de Judas . Ainsi : lève les yeux, et vois le ciel ; et la lumière qui s'y déploie, et les étoiles qui l'entourent ! L'étoile en tête du cortège est ton étoile . Dans le vocabulaire de la Gnose séthienne, Éon est l'annonciateur d'un nouveau cycle – il est tellement difficile à penser la transmission de telles données de l'Égypte, de l'Empire byzantin à la petite Bretagne, que l'auteur de la notice, à la suite d'historiens positivistes, préfère soutenir que cette identité de mots est une coïncidence...impossible . Pourtant, le catharisme est aussi une présence visible de la Gnose .

Il aurait été moine de l’ordre de Saint Augustin mais aurait rapidement quitté les Ordres pour vivre en ermite dans la forêt de Brocéliande (Brécheliant).

Ermite de la forêt de Brocéliande, Éon est un mystique sur le lieu le plus sacré de la Tradition celtique en petite Bretagne ; il est la figure de l'ermite passeur des ténèbres de Tristan et Iseult . Il apparaît avec des mots issus de la Gnose ; et la seule explication de cette implication est sa rencontre avec des hommes de l'Île Verte .

Il apparaît vers 1140, sous le règne du duc Conan III le Gros, dans la forêt de Brocéliande où est localisée la légende arthurienne . Il s'installe dans l'ancien prieuré du Moinet et ne reste pas ermite très longtemps . Selon ses dires, un jour qu’il assistait à la messe il entendit le prêtre prononcer cette phrase : « Per eum qui venturus est judicare vivos et mortuos » (par celui qui doit juger les vivants et les morts) et comprit qu’il s'agissait de lui . Il se considère comme le nouveau messie, un prophète qui attire les foules. Son prieuré accueille de nombreux fidèles qui composeront sa bande.

Là encore la description est toute profane ; en tant qu'étoile de l'Éon à venir, juger les vivants et les morts n'est pas impossible . Mais cette explication profane est là pour justifier que le cri de ralliement de « la bande » était eum, et très probablement la monosyllabe sacrée AUM, attestée au moyen Âge comme abrégé d'AVé Maria . Une pareille donnée écarte encore la notion de coïncidence, sauf à préférer une coïncidence insensé à l'hypothèse insensée dans l'ontologie moderne d'une transmission rituelle .

On a parlé de ses tours de magie, de la lumière qui l’enveloppait, de son don d’ubiquité, des somptueux festins qu’il a offert à ses invités. Aux petites gens de sa compagnie, il prodigue la richesse et procure une vie facile par le brigandage et le pillage des châteaux et des abbayes : il est question d'un trésor fabuleux. La bande ne s'attaque qu’aux riches et la redistribution des biens est la règle ; les membres sont hiérarchisés en anges et en apôtres et ont pour nom : science, sapience, jugement etc. Son principal message est l’annonce de la parousie .

La hiérarchie vue par un profane est là encore, à la fois clairement initiatique, et imprégnée du vocabulaire de la Gnose séthienne, entre Ange et Science (Gnose), et connaissance cosmologiques et cycliques .

Éon de l'étoile manifeste des pouvoirs spéciaux, magiques – ce point est repris par les chroniqueurs pourtant ignorants et hostiles . Sa « religion » est reprise dans le nord-Bretagne et aussi en Gascogne . En 1148, c’est le concile de Reims auquel assiste le pape Eugène III. Après avoir entendu parler de l’« hérésie éoniste », il ordonne sa capture pour le faire comparaître devant un tribunal ecclésiastique. Soumis à la question (torture) il professe sa mission messianique . Il est condamné à la prison à perpétuité et enfermé dans l’abbaye de Saint-Denis où il ne tarde pas à mourir en 1150. Le reste de la bande est pourchassé, non sans difficultés, et sur le bûcher aucun ne renie le maître .

Deux anomalies du récit devraient faire réfléchir : le Pape lui même, de Reims, s'intéresse à Éon et veut l'interroger ; et les dignitaires de l'Église, ainsi plus tard au XIVième siècle l'inquisiteur Jacques Fournier, futur Pape en Avignon intéressé par le concept gnostique de Hylé (matière), sont quelque peu informés des sources gnostiques des hérésies . Par ailleurs, Éon ne renie pas ses propos, n'est pas condamné à mort, et est interné à St Denis, lieu par excellence de l'influence orientale .

Le cas de Éon de l'étoile est ce point étrange d'un Maître ayant reçu une transmission et ayant formé un Ordre hiérarchisé, avec un vocabulaire presque certainement étranger . La possibilité matérielle de la transmission, par exemple par des hommes de retour des croisades, ou des marins venus d'Orient, ne peut dissimuler que cette probabilité est faible et non documentée, et que la transmission a pu s'effectuer par des voies d'autres mondes .

Un Ordre constitué reçoit des grâces, selon la parole même du Maître – quand vous serez trois, je serais parmi vous . L'Hermetic Order of the Golden Dawn reçu de même un contenu mystérique . Il importe de comprendre que ce contenu n'est pas une invention, sinon au sens d'invention des reliques ; et que la manière dont il est raconté est l'explication de l'implication de l'ordre, et donc n'est pas à prendre comme un récit situé dans notre temps et notre espace unidimensionnels .

L'Ordre peut avoir habituellement un Maître, de manière élective ou autre ; mais le véritable Maître de l'Ordre est l'Ordre lui-même . Cela signifie que l'Ordre suscite le Maître, fait être le Maître dans le monde, et que la personne qui porte ce titre n'en est que la manifestation .

Le Hagakure dit : Tout le monde affirme que la corruption qui prévaut de nos jours ne pourra nourrir la main d'un Maître. Je ne suis pas d'accord, car de tout temps, les roses, les pivoines, les azalées, les camélias et leurs semblables ont poursuivi invariablement leur évolution pour nous offrir des fleurs de plus en plus belles et raffinées. Cela confirme, s'il le fallait, que la beauté nait de l'affectueuse attention que l'homme porte aux choses. De la même manière, si, ce que peut accomplir la main d'un Maître revêt une aussi grande importance, nul doute que des Maîtres émergeront, même en ces temps controversés.


La fondation d'un Ordre est comme la greffe du jardinier, comme une plantation ; la puissance de fonder un Ordre, en ces temps troublés, n'est pas issue de la toute puissance d'un Maître spirituel, mais est issue du désir des membres de l'Ordre, agissant en sympathie, au sens le plus profond, avec les cycles des temps, et avec les mondes.



L'Ordre est la réponse à un problème...Je cite un anonyme : Bref ! La solution ? Qui dit solution, dit problème. Or, il n’y a aucun problème . Celui qui voit un problème à cette fin d’humanité signifie qu’il s’est laissé engloutir. Je ne vois pour ma part que des opportunités. Et qui plus est, des opportunités qui ne demandent aucun courage pour être saisies. Faut-il du courage pour devenir Sorcière ? Non. Simplement du Désir. Faut-il du courage pour respirer les Effluves du Pôle ? Non. Simplement lever les yeux. En cette ère du Kali-Yuga, le Grand et le Petit Jihads ne font qu’Un. Le désordre est avant tout interne. Alors la guerre se doit également d’être interne. Ainsi, la Victoire Ultime consiste simplement à ne pas se laisser engloutir EN DEDANS. Rien de plus simple pour le Poète. L’Ermite-Hiérophante entame alors le Rite du Tonnerre – le Tao de l’Homme toujours Libre.

« J’invoque et j’incarne un million de Noms.
J’ai en moi un million de Sphères
Kali…Huit bras ne seront jamais assez pour me lier.
Car j’ai les Clefs du Ciel. »


(Kali)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une métaphysique extrêmement pertinente et enthousiasmante quant à la polysémie du mot (d’)Ordre !!
Quant à Eon, je connaissais le Chevalier du même nom, mais guère cet initié Breton… Merci Lancelot pour cette découverte, et la juste analyse qui l’accompagne.
Pour ce qui est d’EUM, je confirme et précise : exotériquement, il signifie bien « Ave Maria ». Esotériquement, il est AUM (en Latin et en Ancien Français, un E scriptural renversé donne A, et U=V). L’ Alpha, L’Omega et le souffle intermédiaire du Verbe.

Et enfin : Seth.
Il y a tant à dire sur le Serpent…

Maldoror, à la langue bifide.

Nu

Nu
Zinaida Serebriakova