Attraction vers l'enfer : métaphysique de la guerre.



Citations modernes tirées du livre : "les russes, traversée du siècle" chez Albin Michel.

Nous savons nous hommes libres que l'histoire n'est pas la réalisation des rêves rêvée des modernes ; nous avons vu le bébé gazelle dévoré par les hyènes, les crocodiles attendant les grands troupeaux de buffles et les déchirant à la traversée des grands fleuves.
Nous savons que les hommes n'ont aucun moyen de se gouverner sur la planète pour modifier leur trajectoire actuelle.
Nous savons que la lutte actuelle des puissances rend impossible de faite autre chose que la course aux armements de toute sorte, car tout est arme, qui ne cessent de s'accumuler. Que la course à la croissance est la priorité des masses et des dirigeants.
La lutte de tous contre tous, optimale peut être pour créer des richesses et des progrès techniques, ne peut être arrêtée par les États démocratiques pour des raisons internationales, la lutte des États entre eux, et intérieures, car la majorité des populations a intérêt à sa continuation et que la production d'information a partie liée à sa perpétuation.

C'est l'étrangeté d'essence qui seule empêche l'opposition, car il n'y a d'opposition que sur un horizon d'essence commune, ainsi le noir et le blanc dans l'ordre du visible, le froid et le chaud, les combats d'hommes. Le combat comporte toujours le risque d'abaisser le combattant de dignité élevée jusqu'au plus bas. Il est alors instrument du Kali-Yuga. Cela est bon pour qui le sait. La métaphysique de la guerre ne peut s'exonérer des transformations réciproques des combattants en lutte. La vie humaine est la dernière priorité. La guerre est commencée, mais elle n'est pas la guerre ancienne et les morts ne sont pas sous nos yeux.

Un État qui fait face à des ennemis puissants qui s'opposent à lui est obligé de participer à l'escalade de l'armement. Une nation qui fait face à des ennemis économiques puissants est obligée de produire ou d'investir, ou d'être rabaissée et dévorée, donc de devenir carburant du processus. Cette détermination des États fait qu'ils ne peuvent pas abandonner l'expansion quantitative de cet âge, qui est une extension indéfinie du domaine de la lutte. Cette absence de liberté est la certitude de la fin de ces processus par une catastrophe.

"Non, camarades! Ce n'est pas possible, le rythme ne doit pas être ralenti! Bien au contraire, nous devons aller plus vite! Nous avons cinquante ou cent ans de retard sur les pays développés.Nous devons parcourir cette dsitance en dix ans. Nous y arriverons ou nous couleront!"
Staline (1928 à des directeurs d'usine.)

"Le prix à payer fut comparable à celui d'une guerre. (...) les ouvriers étaient traités comme de la chair à canon dans "l'offensive rouge"


Ainsi la jeune URSS, aux prises avec des États carnivores, devait s'industrialiser à toute force pour survivre ; le résultat a été l'emploi de la propagande et de la force, faute de société de consommation inexistante pour motiver les hommes au travail, pour industrialiser à marche forcée et créer du capital, qui est du travail accumulé et objectivé. Ainsi le peuple a été sacrifié en masse au veau d'acier, pour le rendre plus grand et plus puissant et permettre les gigantesques sacrifices à venir. L'URSS comme l'Allemagne Nazie en guerre sont des usines concentrationnaires qui nourrissent d'immenses combats aux enjeux très flous. La Destruction avait mis les hommes à son service. L'enjeu n'était rien d'autre, comme aujourd'hui.

"Nous nous sommes battus pendant quinze jours pour une seule maison(..)le front est un couloir au milieu des chambres brulées, un mince plafond entre deux étages(...) d'étages en étages, le visage noir de suie, nous lancions des grenades au milieu des explosions, des nuages de poussière et de fumée, des tas de ciment. des flaques de sang, des morceaux de meubles et de corps humains. On ne mesure pas la rue en mètres, mais en cadavres. (...) Stalingrad n'est plus une ville. Dans la journée, c'est un énorme nuage de fumée incandescente et aveuglante. c'est un immense fourneau où brûle un feu continu, et quand la nuit tombe, une de ces nuits brulantes, hurlantes et sanglantes, les chiens plongent dans la Volga et essaient désespérément d'atteindre l'autre rive. Les nuits de Stalingrad les effraient. Les animaux fuient cet enfer, même les pierres les plus dures ne peuvent les supporter. Seuls les hommes les supportent." (officier allemand de Panzer)


Car la montée aux extrêmes est le fait d'une réciprocité : tout renforcement des oppositions est un renforcement du processus unique qui les enferme ; et tout renforcement du processus est renforcement des oppositions. Toute liberté de détermination des hommes s'exténue lentement. A savoir, les hommes en viennent à servir le processus, et le processus se sert d'eux comme un dragon dévorant ; ce qui ne peut se dénouer que par un désastre d'une magnitude incommensurable avec ceux du passé.

L' extension du domaine de la lutte est aussi le fait des individus et du sexe. Le domaine de l'arraisonnement de la production et de la technique ne peut que s'étendre à l'indéfini, procréation, mort, enseignement, tout le sauvage et tout l'humain doivent produire, et tout ce qui peut empêcher cette extension, les "tabous archaïques", doit être détruit impitoyablement. Et la défense sotte des humains dépassés par l'attaque sert l'extension, car l'extension a besoin d'adversaires caricaturaux, "fondamentalistes, terroristes, etc" qui servent à rendre inaudible la parole des hommes.

Nous pilotons des bombardiers sans le savoir, et nous voyons pas ce que nous faisons.
Nous savons que cette course d'inertie se dirige vers des obstacles qui rendent sa continuation impossible.

Nous savons que l'impact aura lieu.
"Je me suis trouvé pris dans un engrenage (...) chaque jour j'ai vu les immenses ressources matérielles, intellectuelles et nerveuses de milliers de gens utilisées à des fins de destruction totale"
Andrei Sakharov.

Nous même sommes dedans. Rien n'est à garder. Il faut aller trop loin pour être radical. Les États Unis, l'Europe de la concurrence libre et non faussée sont un tel univers aseptisé, aux mailles lâches, où l'on est censé jouir. Car la jouissance est mise au service de la Production. L'espoir, l'amour, le désir de reconnaissance, toutes sortes de sentiments nobles ou non sont mis au service de la production, de la transformation du monde naturel en utilité, et de l'Univers comme lieu transparent éveillant le désir et véhiculant la propagande de la production.

La collision aura lieu, le crépuscule de l'Ouest est déjà là en puissance, car la trajectoire est ancienne et inexorable. Reste à savoir quand et où commencera-t-il. Il peut avoir lieu comme un spectacle ou ne naitre que de la modification pernicieuse de petits détails, comme la Peste : la mort des rats. Qui aura pitié des rats? Peut être aurons nous le meilleur des mondes. L'enfer blanc de la technique accomplie. Car la société industrielle ira jusqu'aux formes les plus ténébreuses de la destruction de l'homme, cela parait certain.

Nous savons que nous avons raison, et que cela est totalement inutile. Alors lisons la Baghavat Gita, XI :

« En contemplant tes dents effroyables et ta face semblable aux flammes consumantes de la mort, je ne puis voir ni le ciel ni la terre ; je ne trouve pas de paix : aie pitié de moi, ô Seigneur des Dieux, Esprit de l'univers ! Les fils de Dhritarâshtra avec tous ces conducteurs d'hommes, Bhîshma, Drona, Karna et nos principaux guerriers, semblent se précipiter impétueusement d'eux-mêmes dans tes bouches effroyables armées de crocs ; j'en vois qui sont saisis entre tes dents, la tête broyée. Tels les courants rapides des fleuves débordants se précipitent à la rencontre de l'océan, ainsi ces héros de la race humaine se précipitent dans tes bouches enflammées. Tels des essaims d'insectes entraînés par un mouvement irrésistible trouvent la mort dans le feu, ainsi ces êtres se précipitent éperdument dans tes bouches pour leur propre destruction. Tu enveloppes et engloutis toutes ces créatures de toutes parts, les léchant de tes lèvres en flammes ; remplissant l'univers de ta splendeur, tes rayons perçants brulent, ô Vishnou ! Hommage à toi, ô le meilleur des Dieux ! Sois propice ! J'aspire à te connaitre, l'Un Primordial, car je ne connais pas tes voies. »

Krishna :

Je suis le temps venu à maturité, manifesté ici bas pour la destruction des créatures ; à l'exception de toi, pas un de tous ces guerriers ici alignés en rangs serrés ne survivra. Donc lève toi ! Saisis la Gloire ! Défais l'ennemi et jouis de l'empire dans sa plénitude ! (...)

Arjuna :

"(...)Ayant ignoré ta majesté, je t'ai pris pour un ami et je t'ai appelé (...)"



Ni ami ni ennemi pour toi, homme noble.







Aucun commentaire:

Nu

Nu
Zinaida Serebriakova