Le combat, père de toutes choses, Héraclite. Ecclésiaste 3 1-8







Texte :
« Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux:
un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;
un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir;
un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser;
un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements;
un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter;
un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler;
un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix »



Commentaire :
L'homme moral ne peut contempler ce texte au delà de lui même. Dans ce texte, il voit le reflet de sa propre fadeur et dit : ce texte montre que dans le monde il y a des bonnes et des mauvaises choses, et que grâce à ma discrimination basée sur sa morale je peux rejeter le Mal et conserver le Bien.
Pourtant cette lecture morale n'est pas permise par le sens littéral. L'Ecclésiaste dit par ailleurs : "mieux vaut le jour de la mort que celui de la naissance". Et ce qui est a gauche n'est pas toujours le bon banal, et à droite le bien banal, quel que soit le sens de lecture.
En réalité, le sens littéral est bien que tout cela est bon et nécessaire.
Ce qui est bon et nécessaire, c'est le combat ; le jeu des opposés. Un jour vient où il faut tuer, déchirer, abattre, haïr. Et cela est aussi analogue qu'aimer, coudre, planter, enfanter. Tout ce que je gagne dans le temps me fait oublier la perte et la destruction essentielle du Temps. Les hommes sont frappés d'oubli non pas à la mort, sur les rives du Léthé ; mais tous les jours, à chaque instant. Car la spiration des mondes est Temps et Eternité. l'Eternité est toujours déjà présente. L'oubli est toujours déjà présent. Ce que les hommes oublient est ce qui les suit toujours : leur ombre. Cela n'est pas enseigné seulement par la Baghavad Gita ou les poêtes, cela se trouve dans les Ecritures de l'Occident.

Dieu, le Très Haut, est non pas la paix des opposés mais leur accomplissement. Les modernes nient les oppositions comme un pruderie ; ils inventent l'homoparentalité, le développement durable, l'entreprise citoyenne, la parité... ils parlent par oxymores, mais non pour faire ressortir la force redoutable des opposés par la violence du contraste comme le poête :

" (...)Et mon Luth constellé porte
le soleil noir de la mélancolie"

Mais bien pour annihiler les opposés. Affirmer que l'Homme n'est en rien différent de la Femme est une pruderie morale, une marque de nihilisme. (Oh toi qui me lis, permet au lac pensif de refléter l'étoile . Rappelle-moi que le poëte n'écrit pas pour personne.)

Cette pruderie est l'analogie inverse de l'accomplissement des opposés, l'annihilation de leur force. Annihiler la force des opposés est désirer le néant. Mais le néant du bas, la dissolution dans les eaux inférieures qui est le destin d'un néant impuissant. L'Etre veut un Néant puissant pour s'expliquer dans les mondes. Le nihilisme est aussi impuissance de la vie. L'homme moderne est un peine à jouir, le Diable l'emporte!







2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, toute haute lutte a pour but l'autre Vie qu'on trouve à travers la Mort.
La mort de l'Ego grâce à la Grande Mère, l'Aphrodite guerrière.
Pour que ce qui n'a jamais été cesse enfin d'être et ce qui a toujours été, à jamais

soit.

lancelot a dit…

Est-ce vous?

Nu

Nu
Zinaida Serebriakova