le réel comme brasier



Le réel est comme le point aveugle du penseur. Comme le montre Hegel au début de la phénoménologie, le réel parait indicible, insaisissable par le langage. L'instant présent pourrait être l'instant crucial, l'instant crucial pourrait être l'instant présent. Mais il n'est possible de le reconnaître qu'au passé. L'illumination, l'alliance de l'instant et de l'éternité. L'instant n'est reconnu crucial qu'intégré dans un récit, une transformation. Sinon il n'est signe de rien. La jouissance est un processus d'illumination et de destruction.

Le réel est un soleil noir, un point aveugle, le négatif pour le langage et le positif sur le corps. Le penseur est écartelé. Il combat le vide dans les ténèbres.

Rien pour la parole, et tout. Il comporte une intensité indéfinie sans extension. Le réel n'est pas la mesure, mais l'intensité l'est. Les couleurs du fer sous l'action de la chaleur en est l'analogon, l'archétype. Nos instants sont ténèbres, mais les ténèbres laissent briller l'Etoile. Les étincelles se détachent sur la nuit du forgeron.

Pour accéder au réel, il faut passer par l'action, la transformation, l'opposition, la guerre générale, et donc le danger, l'affrontement de la destruction, de la mort. C'est pourquoi la guerre fascine et effraie à l'Âge de fer. L'énergie, le dégagement de chaleur est la marque du poids du négatif pour la volonté. La puissance est la capacité d'incarner l'imaginal-objectif. Le fond du désir est la volonté de puissance. L'argent, la guerre, la révolte, la sorcellerie, la parole sacrée, les signes sexuels, la poiésis, l'Art, l'amour sont de ces puissances énormes de réel et de destruction.

Ce sont les fruits âpres qui font la saveur des mondes. Sans eux, la vie est animale, ne rencontre pas la destinée de l'homme. Mais ces fruits de l'arbre portent la mort, et les douleurs de l'enfantement, et la haine métaphysique.

La destinée s'élance entre la folie et la mort.

Les femmes, comme Kali, ont cette puissance, éclatante sur des spécimens commercialisées comme étoiles ou prostituées, ou non. La beauté d'une femme raconte des extases et des bonheurs. Elle porte un feu visible, comme le regard du magicien. Elle est un signe de victoire. Heureux qui peut la déguster sans ressentiment du vaincu.
La parole est sorcellerie et ensorcellement quand la puissance s'évoque dans les signes comme dans une matière.

Énergie, puissance et volonté. La Volonté de Puissance, racine des délices de l'Âge de fer.

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Zinaida Serebriakova