Identité et différence du Serpent.



Si je ne me tourne pas vers toi, je ne peux te ressembler .
Si je ne me tourne pas vers toi, je ne peut t'être étranger, ni familier, ni ami, ni serpent lové parmi les rêves, ni miroir de fumée,
Si je ne me tourne pas vers toi, il n'est ni image ni ressemblance .
Si je ne me tourne pas vers toi, il n'est pas de dissemblance, pas d'identité, pas d'amour ni de désir,
pas de liberté face au désir, pas de péché et pas de justification,
Si je ne me tourne pas vers toi, le monde se remplit d'un silence éternel et d'une nuit profonde comme la roche qui se plisse sur elle- même, dans la mine où murissent les métaux, lumières des ténèbres,
Si je ne me tourne pas vers toi, je suis tout puissant, créateur et fondateur du monde, immortel l'espace d'un instant mortel,
Prince solitaire d'un phare qui pleure de son œil borgne sur les vagues du néant,
Empire indéfini, porteur d'eaux de ténèbres, fluantes des mondes souterrains,
Un monde qui se referme sur moi comme une toile arachnéenne portée par le vent,
Un monde qui n'est autre que par moi, moi et mes ténèbres qui sont encore moi, une eau nocturne que j'ai voulu saisir à pleines mains .
Tu peux attraper l'oiseau, tu n'attraperas pas son vol,
Tu peux dessiner la rose, tu ne peindras pas son parfum .
Je peux maîtriser le corps mais pas la volupté de l'âme .
Si je ne me tourne pas vers toi, l'espace et le temps ne trouvent pas de fin,
Si je ne te trouve pas je ne me trouve pas, si je ne me perds pas, je ne te trouves pas,
Je me cherche sur ta peau et parmi les baisers de ta bouche que j'opère,
Faon errant dans les sous bois sont tes seins sur la dentelle .
Si je te fuis c'est sur la route de la baleine, parmi les effluents de la Lune glissant sur les vagues phosphorescentes comme l'huile parfumée parcourant la peau depuis l'aisselle, le sein lisse, le ventre pensif, l'aine accueillante des mondes,
Mon corps tournoyant monte vers l'Abîme, dans les algues emmêlées comme une chevelure .
Si je te cherche je m'égare hors de moi-même, si je te cherche je t'avais trouvé autrefois,
Si je te cherche je t'ai déjà trouvé, ô délicieuse mélancolie du vaisseau avide d'horizon
Qui retourne au monde des morts, déployant sa voile de ténèbres sur la face du ciel .
Car tu es là au commencement, tourné vers l'orient, la face des crépuscules avides de ténèbres du Loup, les doigts de rose des aurores rêvées par les hommes, toujours déjà recommencé, immense comme la fleur infime,
Image je m'oriente, entre Fenrir et la Rose, et je te tourne le dos dans l'énigme .
Tissage vide indéfini, formes spectrales couvrant l'Abîme,
Alliant la cruauté du cercle au labyrinthe de la droite indéfinie,
Rayon de Lune reflété au fond des facettes du Dragon,
A la frontière je me suis tourné aveugle en cherchant le miroir, le miroir qui est mien et tien d'une Alliance insoluble
Et Étoile, déchirure dans le voile du ciel, rêvant l'annonce de la mort du Maître de maison .

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Nu

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Zinaida Serebriakova