La lutte contre les discriminations comme dispositif de domination : I, revu.

(Füssli, le cauchemar)



Introduction : finalités- espace de dialogue-l'élaboration comme chantier en cours.

Le présent texte est un début, et le témoignage d'un chantier . Ce chantier est la remise à plat et l'inventaire de la direction suivie par l'Occident, et de la direction de son savoir objectif, depuis le XIVe siècle . Après deux guerres mondiales et la guerre civile mondiale qui porte le nom de mondialisation, seule cette question reste urgente . Urgente, parce que la planète semble partie dans une direction à la fois incontrôlable, en l'absence d'une régulation suffisante, et aux conséquences de plus en plus manifestes, et mettant en péril la survie de l'homme, soit par conflit, soit par catastrophe . Il n'existe actuellement aucune capacité humaine de contrôler réellement le développement accéléré du Système .

Face à un enjeu aussi massif, la répétition de l'idéologie progressiste n'est rien d'autre que la poudre à éléphant . Cette expression vient de l'école de Palo-Alto . Un homme assis dans un wagon se levait régulièrement pour jeter sur les voies une pincée de poudre qu'il prélevait dans une boîte . On lui demanda ce qu'il faisait . Il répondit que c'était pour éloigner les éléphants des voies . Mais il n'y a aucun éléphant, lui dit-on . Il ajouta : c'est bien pour cela que je jette ma poudre !

Malgré tous les discours des idéologues modernes, ce n'est pas la barbarie archaïque des sauvages qui nous menace, mais la modernité même . Rien ne fut plus moderne, plus modernisateur, que les totalitarismes . Rien ne fut davantage un laboratoire de la modernité que la guerre totale, la mobilisation totale . Et ce qui est en crise, c'est bien le Système moderne, avec sa puissante d'accélération et d'assimilation toujours constante, face à la limitation des ressources et les bouleversement des équilibres systémiques qui rendaient la terre habitable .

La droite révolutionnaire, aveuglée par sa haine de la modernité, a trop souvent adhéré ou sympathisé avec les totalitarismes « de droite », sans voir leur profonde familiarité avec le monde moderne . La gauche, aveuglée par son rejet des violences totalitaires, ne peut pas voir la familiarité du monde libéral avec le projet totalitaire, malgré l'occultation et la symbolisation de la violence du Système dans les pays riches-car dans les pays pauvres, la violence est ouverte et extrême .

La remise à plat de l'idéologie globale du Système paraît longue et tardive face à l'urgence, mais sans ce travail préalable tout effort aboutit à la complicité réelle avec le Système . Le Système a mis la morale à son service, et les bons sentiments servent de leurre à son expansion . Le Système est justement systématique, et on ne peut pas conséquemment défendre ses bons côtés et vaincre ses côtés destructeurs . Le terrorisme et la terreur d'État ont assez montré qu'ils étaient les deux faces d'une même mâchoire . Le Système avance masqué de la morale et de ses bons côtés . Les hommes issus de la gauche ont énormément de peine à admettre la nécessité d'abandonner l'idéologie globale du Système, y compris le discours, par exemple, de la « lutte contre les discriminations ».

La remise à plat doit permettre à tous les hommes de révolte et de culture qui rejettent instinctivement le Système de se réunir sur de nouvelles bases critiques, de formuler un refus efficace, cohérent et solidement argumenté, ce qui est impossible dans le langage idéologique du Système . Tout discours dans le cadre de l'idéologie -racine du Système est fonctionnel au Système . Il ne s'agit pas de prêcher un retour au passé archaïque, mais de permettre un véritable changement du paradigme idéologique de l'occident, en préalable à la reconquête d'une force de transformation globale du monde, d'un monde que toutes les perspectives humaines condamnent pour sa cruauté et son absurdité massive, et de sa course à la destruction de plus en plus flagrante .

Critiquer « la lutte contre les discriminations » telle qu'elle est dans le cadre du Système n'est en aucun cas faire l'apologie du racisme ou du machisme . C'est poser que la défense de la dignité humaine de tous les êtres humains doit se formuler dans d'autres langages que le langage trompeur de l'idéologie racine, car ce langage est un langage qui organise l'exploitation de l'homme et la destruction des liens sociaux . Tel est le bilan de la « gauche » européenne : partout elle a servi l'avènement de la société libérale, y compris lorsqu'elle a pris les armes .

Ce texte s'adresse en priorité aux gens de gauche qui veulent refonder l'exigence de justice . Les intellectuels issus de la droite révolutionnaire n'en profiteront que s'ils mettent de côté ce qu'a pour eux d'évident le refus de la lutte contre les discriminations . Destructeur, il ne détruit que pour permettre de reconstruire . Idéologiquement, l'urgence est pourtant de mettre à terre les évidences idéologiques séculaires qui nous aveuglent sur la catastrophe à venir .

Ce texte est dédié à Simone Weil, en admiration pour sa combativité, comme pionnière de notre combat, plaçant l'ontologie au point de départ du refus du monde moderne ; et Amadou Kourouma, pour la cruauté de la réalité qui passe dans ses textes sublimes . Voilà la réalité : Allah n'est pas obligé d'être juste, nos idoles modernes non plus . Cette dédicace servira aussi à prévenir un mésusage de ce texte .

I Qu'est ce qu'un dispositif de domination dans le cadre du Système?

Un dispositif de domination est un sous-système fonctionnel du Système général . (il lui est utile .)
L'étude d'un sous-système idéologique du Système dominant actuellement le monde-la société de marché- ne peut avoir pour nous qu'un sens, qui est de montrer que ce sous-système est une fonction utile du Système général, une partie fonctionnelle . Montrer qu'il est une partie fonctionnelle peut se faire de deux manières principales à ce que nous savons, d'abord en montrant les points d'insertion du sous-système au Système (par exemple, si une idéologie est produite et diffusée par les cadres du Système général, on peut supposer que cette idéologie est fonctionnelle) et ensuite et surtout en montrant que la finalité immanente du Système, appelée entéléchie, est servie par le fonctionnement et la production du sous-système .

L'entéléchie du Système peut être approximativement formulée comme étant la maximisation (indéfinie) du déploiement de la puissance matérielle . Cette finalité est immanente et non visée par l'homme comme fin ; elle est la direction générale que prend de lui-même le Système, à travers tous les méandres possibles, et qu'il a toujours rejoint à ce jour, depuis qu'a été institué en Grande Bretagne un marché autorégulateur . Le Système est circulaire, ses effets nourrissent ses causes, et augmentent sa puissance . Un tel Système peut être qualifié d'"inflationniste", à la manière d'une réaction en chaîne . La « liberté » dans un tel système est étroitement déterminée . On peut faire tout ce qui va dans le sens du Système sans difficultés, sans principe général, mais le reste pose des difficultés . Les entreprises surveillent étroitement la vie sexuelle de leurs employés parce que le puritanisme au travail rend plus productif ; mais la pornographie et le sexe sont « libérés », car ils favorisent la diffusion de produits très divers .

L'analyse des produits du Système général est l'analyse de sous-systèmes fonctionnels intelligibles comme tels, ayant donc une certaine autonomie en image de la totalité, comme le Système de Santé, le Système judiciaire, etc, tout en accomplissant des fonctions du Système général . Un sous-système fonctionnel n'a pas besoin de ne produire que des effets favorables au Système général, il suffit qu'il en produise statistiquement assez .

Par exemple, la guerre froide est un dispositif de maximisation du déploiement de la puissance matérielle, avec la course technologique et la course aux armements ; mais on pourrait citer de nombreux exemples dans le contexte de la guerre froide ou du capital a pu être gaspillé de manière non optimale . Il n'empêche que l'entéléchie d'un conflit comme la guerre froide ne peut être différent de l'accumulation gigantesque de puissance et de son déploiement, que toute la logique du conflit rend urgent . Il en est de même de la "guerre totale" excluant réciproquement tout marchandage, et n'envisageant que l'anéantissement physique de l'adversaire, qui commence en 1941 . La nouveauté la plus intime de cette époque est là, dans la guerre d'extermination . Avec la mondialisation, la guerre économique pousse à l'optimisation maximale du déploiement de la puissance et de l'exploitation des hommes dans l'industrie et les services, le monde devient un Système unique de production et d'échange, dont les « pays » doivent être pensés comme des sous-systèmes fonctionnels pour devenir intelligibles . Dans un pays de consommation de masse, les contraintes seront moins voyantes que dans un pays de production comme la Chine ; mais tout le Système est lié à la tyrannie chinoise .

La culture et l'idéologie comme sous-systèmes fonctionnels .
La société de marché est un Système de civilisation totale ; il véhicule des modes de production mais aussi une ontologie, une constitution culturelle générale du monde qui lui est caractéristique . Le Système tend à transformer tout étant en "objet-marchandise", l'objet étant une série de déterminations ontologiques de base, soumis par définition à la puissance de l'homme par la technique et la marchandise étant à la fois l'ensemble des liens possibles d'insertion de cet objet dans le monde des marchandises, et la mesure de cet objet .

Toute pensée d'étant qui ne soit pas un objet, (comme par exemple un lien social, un amour), et qui ne puisse pas être une marchandise, (comme un objet sacré, ou le corps humain comme exclu par principe de l'échange), sont rejetés par le mouvement de l'idéologie racine vers le non-être (non être pensé par l'idéologie comme ensemble de tout ce qui n'est ni objet, ni marchandise) avec des étapes d'exténuation ontologique encore en cours, qui passent par "l'imaginaire" ou la "superstition", la « suppression des tabous » . Ces étranges arrières mondes de l'idéologie-racine sont à la fois pour elle inexistants-comme l'âme, dans la psychophysiologie- et nommés, décrits, puisque l'idéologie racine doit les nommer, ou les étudier, pour les nier, mais les étudier en les présentant comme des illusions (assimilation de la vision à l'hallucination), symptôme, erreur, etc...avec ce paradoxe que l'idéologie moderne doit sans cesse penser des « illusions puissantes », des illusions ayant une force causale sur la « réalité » au sens de l'idéologie moderne .

La "psychanalyse" ou "anthropologie" matérialiste de "la religion" avec ses interprétations alambiquées et réductionnistes, ou évolutionnistes, est un modèle de cette démarche de "purification de la réalité" de tout ce qui, d'après l'idéologie racine, la voile, par exemple "l'imaginaire", "l'illusion" mais aussi le sens, car dans l'idéologie racine, l'être en lui même est vide de sens, et seul le regard souverain de l'homme pose le sens sur l'écran translucide de l'être . Il convient alors d'expliquer par des causes acceptables dans le cadre de l'idéologie-racine, des causes "naturelles", pourquoi par exemple tel homme peut se prétendre prophète et pourquoi d'autres les suivent . Par hypothèse, cela signifie que celui qui parle dans l'idéologie-racine (l'"anthropologue", l'"ethnologue") est lucide et parle ancré dans la "réalité" ou "vérité scientifique", tandis que celui dont il parle (le "primitif", l'homme "traditionnel") est aveugle et parle ancré dans des "réalités imaginaires" . Seul problème, quand l'homme traditionnel parle de l'homme moderne, il le taxe réciproquement d'aveuglement ; et pour trancher en ce domaine, il convient de posséder l'autorité qui ferait la référence . Et l'autorité des "anthropologues" comme celle des "professeurs de philosophie" n'est que celle que leur délègue le Système, en tant qu'ils sont fonctionnels, soit par l'idéologie qu'ils diffusent, soit parce qu'ils sont inoffensifs et servent de symbole de "liberté".

Dans le relativisme moderne, qui peut prétendre posséder ce centre de référence ? Ne fait-on pas sottement gloire à Galilée d'avoir chassé l'homme de ce centre illusoire, comme si chez Dante l'homme était le centre de jugement du monde, tout en plaçant ce pauvre déchu, l'homme, en position divine de juge et donateur exclusif de valeur et de sens à l'ensemble de l'être, dans un mouvement de pensée dont la contradiction est pourtant choquante ?

L'exorcisme scientiste, la négation de l'esprit et du sens dans le monde, leur fermeture comme pure spécificité humaine, c'est à dire le nihilisme s'accomplit dans le discours idéologique moderne . Une telle posture ne prétend implicitement rien moins que savoir ce qui est au delà de la représentation, une matière dépourvue de sens ; mais ce prétendu "savoir de ce qui est au delà de la représentation" est justement une représentation idéologique . Le plein accomplissement du relativisme scientiste est la destruction du progressisme, puis du relativisme, accompli dans l'œuvre de Paul Feyerabend ou de Quine . L'idéologie racine est à un tournant inassimilable depuis longtemps, puisqu'elle se dévore elle même, mais ce fait est gardé dans l'ombre par les idéologues du Système . L'idéologie matérialiste-réductionnisme réfutée, déconstruite, demeure le cadre de référence de la police idéologique du Système .

Il s'agit véritablement d'une guerre métaphysique, qui est ancienne, et encore parfaitement actuelle . Rien ne doit être plus intensément que la marchandise, qui doit être la mesure de ce qui est "réel". Globalement il paraît normal de liquider la société d'une localité au nom de l'économie, que ce soit par un plan de licenciement, ou par la construction d'un équipement énergétique ou industriel géant . Le capital, la production sont plus que le tissu social, qui ne peut être mesuré . Sans parler du reste, comme "le milieu naturel". Ce dernier commence à être pris en compte mais en tant que "ressources naturelles", dans une visée identique .

Historiquement, le réductionnisme matérialiste dans l'idéologie (qui d'un point de vue analytique n'est qu'un changement de vocabulaire, doublé d'un changement d'attitude par rapport au signifié lié à ce changement de vocabulaire) est parallèle à la réduction du monde en marchandise, au siècle de la naissance du marché autorégulateur . Pour donner un exemple simpliste, traiter de superstition les vaches sacrées signifie les passer à la boucherie (transformation en marchandise), et lever des obstacles "absurdes et aléatoires aux échanges" quant ces vaches bouchent les axes de transport . La destruction des superstitions, vue par des demis habiles comme un progrès, est en ce sens la destruction d'obstacles au libre marché, et n'est pas un progrès du savoir humain des masses, progrès cruellement fantomatique pour celles ci .

La vache sacrée, ou la vache marchandise n'ont rien qui soit "objectif", mais résultent de la relation entre les bovins et les hommes intermédiée par la culture ; il n'y a là aucun conflit de vérité que "la Science" pourrait trancher . Croire qu'un habitus face au monde, une attitude générale, soit autre chose qu'un choix souverain, une décision humaine, est poser qu'il existe une façon vraie d'être au monde, alors que l'habitus n'est pas du domaine du vrai, mais du désirable .

Pour être plus clair, il convient de faire l'hypothèse, comme Kant, d'un réel nu, d'un être en soi inconnaissable ; et de constater que toute relation à l'être est intermédiée par la culture, le symbolique . Il n'y a pas, comme le croient les programmes de philosophie d'école, "l'homme" et "le monde", deux pôles qui rentrent directement en contact . Tout savoir, tout « contact avec » est intermédié, suppose un tiers le plus souvent symbolique . Je ne rentre pas en contact avec elle, mais avec ses paroles, sa peau, sa bouche . Le frémissement de sa peau, son souffle sont déjà des signes, non des faits . En matière de lien anthropologique entre l'homme et le monde, je dois ajouter "le savoir objectif"(Popper) entre "l'homme" et "le monde" . L'ensemble des "croyances" d'un groupe humain n'est pas fait de thèses cognitives sur l'être, abstraites et scolaires, mais de parties fonctionnelles d'un être au monde global, d'un habitus . La question de la vérité, la "lutte des lumières contre la superstition" sont des nuages de fumées de l'imposition par la force de l'être au monde du marché aux groupes humains de l'Europe et du monde . L'idéologie est à la fois détournement du regard de l'habitus pragmatique vers le monde des idées, et détermination de l'habitus pragmatique de manière insensible . La philosophie est l'habitation du monde, ou rien .

A titre d'exemple, la pratique religieuse dominicale s'est effondrée en Bretagne pendant les "Trente Glorieuses", à la fois par "lutte contre la superstition", que par destruction réelle d'une organisation humaine traditionnelle, destruction des liens entre les hommes et entre les choses, à la manière de la "modernisation" des indiens d'Amérique . Il s'agit d'une sous-totalité systémique, et rien n'est plus trompeur que de distinguer "des aspects positifs" et des "aspects négatifs" d'un tel processus . Il convient soit de le vouloir, soit de le refuser en totalité . Dit autrement : si tu pense qu'il y a des "aspects inhumains intolérables" dans la société moderne, il faut la reprendre en totalité .

Je crois qu'un paysan de l'époque moderne avait plus de savoirs, et d'autonomie qu'un habitant sans diplôme des cités modernes, et comme le dit Brassens, celui qui ne donnait pas à l'âne des coups de pied au ventre, et qui savait donner du pain et du feu à l'errant, celui là était déjà d'un type humain supérieur à un grand nombre d'hommes de ce temps, qui se délectent de violence et haïssent leurs voisins, à la manière de la plèbe de Rome . Bien sûr, il priait, et voulait être conduit à travers ciel au père éternel . Horreur ? Naïveté, que cette condamnation . Car ces « superstitions », autant que des thèses sur la réalité (comme l'existence du Ciel, du Père éternel, ou des fantômes), sont conjointement des liens humains et des pratiques étrangères au marché, (Donne et on te donnera...quel père, à qui ses enfants demandent un poisson, donnera des pierres?), à la maximisation du déploiement de la puissance matérielle, comme aujourd'hui encore la sanctification du dimanche, ou la condamnation de l'usure, ou les lois somptuaires, et j'en passe . La destruction des superstitions a été celle de pratiques culturelles et de liens sociaux qui protégeaient l'homme de la technique et du marché, de l'hubris, démesure, qui étaient connus et condamnés . Maintenant c'est fait, et il est vain de vouloir revenir en arrière .

Globalement, toutes les idéologies qui ont historiquement été des parties fonctionnelles de la maximisation du déploiement de la puissance matérielle, en particulier le "marxisme" de l'URSS, le nazisme et le libéralisme moderne se situent sur le même socle idéologique, que j'appelle l'idéologie racine . C'est un point décisif de la critique idéologique . Cela peut être démontré par l'archéologie idéologique, mais ce n'est pas le lieu ici : notons que ce socle est ontologique, c'est à dire a pour base les définitions de ce qui est (donc vaut dans cette idéologie, mais on pourrait dire aussi ce qui vaut comme marchandise, ou saisissable par la technique, donc mérite d'être) et de ce qui n'est pas (et ne vaut rien, est insaisissable et ne doit pas être, donc mérite d'être détruit ou nié si nécessaire) . C'est pour cette raison que les origines lointaines de l'idéologie racine se situent, tout à fait concrètement, dans les débats métaphysiques de l'automne du Moyen Âge . L'idéologie racine est partie fonctionnelle d'un Système protéiforme, qui peut leurrer sur la profonde similitude de ses avatars .

A titre d'exemples, le marxisme soviétique, en réduisant tout à "la matière", légitimait la destruction des coutumes et des croyances des peuples de l'URSS qui pouvaient ralentir la production, utilisait l'utopisme et le désir de justice d'hommes nobles écœurés par le Système sous sa forme capitaliste pour paralyser toute opposition à la tyrannie du Système sous sa forme bolchevique, et mesurait tout par la production quantitative, même d'objets inutilisables, même truquée : le modèle de la vie sous Staline est Stakhanov, l'ouvrier d'usine fasciné par sa production mesurée par des chiffres, et notre L.O.L.F ne mesure rien d'autre . L'idéologie Nazie, tout en réunissant des ennemis du Système, les mit à son service par le nationalisme, le travail forcé, la coordination de la production telle que Speer l'orchestra, et l'exploitation corporelle des "races inférieures". Toute la vie du Reich devint avec la "guerre totale" orienté vers la production matérielle, loin de l'"idéalisme" revendiqué . Les guerres mondiales furent des processus de "mobilisation totale", de laboratoires du totalitarisme, par la maximisation de la production et de la destruction (autrement appelée consommation), qui sont deux faces de la même pièce .

Enfin, notre Système libéral condamne gravement les totalitarisme passés tout en aggravant sans cesse l'exploitation des hommes au travail, et en faisant vivre un monde en "paix" au rythme de croissance d'économie de guerre, grâce à "la concurrence libre et non faussée". La "mobilisation totale se perpétue, seuls les masques changent . A titre d'élément de méditation, je rappelle que la discussion et l'argumentation ne peuvent naître que sur un horizon commun, et donc que toute situation de communication présuppose des positions racines communes . Dans la violence des luttes et des polémiques, cette nécessité reste un point aveugle...pourtant la guerre est un processus symétrique qui conduit les ennemis à se ressembler : voyez là encore la guerre froide .





A bientôt!

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Nu

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Zinaida Serebriakova