Lécher la neige.


(Hayashi Tadahiko. La neige de Ginza. Tokyo, 1936. )


Sur la neige les pas fondent comme une vision tremblante
Le loup souffle le sépia sur la piste des arbres
Le sang de la proie s'étale en baisers rouges
Sur les pentes percées de fleurs d'hiver vides
Je parcours une peau saisie par la glace.

Ô parfum d'aurore de l'orient
Chemin lisse vers l'origine
Tant et tant de dureté t'ont rendue si tendre
Le désert t'a faite fontaine,
La tristesse pas à pas t'a adoucie,
Pareille à un galet de silex glacé
En puissance de braise

La cime aimée des marées célestes
L'écume des nuages t'humecte de roses
Je bois à la source du fol,
Car vaine est la poursuite du vent,
Vaine la course sur les plaines
Pour saisir le soleil à pleines dents .

A son coucher le sang envahit les arbres,
Le soleil s'étale en baisers rouges
Ô t'embrasser
Embarrasser ton regard et ton âme
Le désert t'a faite fontaine,
La glace sur ton flanc se fait délices,
L'empreinte des ténèbres m'entoure de ses bras
Comme les plumes enserrent le nid
Au creux de tes hanches .

La cruauté est tendresse,
Le sang est un vin dévorant,
La possession est une perte,
Je désire la folie comme Saturne désire la mort
Tu es ma canicule posée sur la glace
Qui s'étire à mon regard à l'indéfini,
Serpent d'étoiles de peau aux tétons de vigne,
Victoire couronnée de givre .

(Araki)

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