Sur le règne de la mort, et de l'avis.

(http://www.threequestionmarks.com/)

Nombreux sont ceux qui, dans le monde moderne, trouvent normal de donner "leur avis", et exigent que l'on écoute "leur avis". Mais soit "leur avis" repose sur de l'objectif et est alors superfétatoire, car peut être constaté par toute créature raisonnable, et vouloir l'exprimer laisse supposer que leur interlocuteur est plus ignorant qu'eux-soit leur avis n'est que l'expression arbitraire d'une idiosyncrasie absolue, et n'est alors signifiant que si nous avons avec eux une relation intime, où il soit bon d'être à l'écoute de tels détails . En clair, l'avis, l'opinion, sont les formes les plus insignifiantes, et les plus inintéressantes, de l'expression humaine ; et seul un homme d'exception parfaitement informé peut donner un avis authentique . A ce moment, il n'est pas sûr que nous puissions l'entendre, soit qu'il soit trop en dissonance cognitive avec nos structures idéologiques internes, soit que nous n'ayons aucune capacité nous permettant de nous y conformer-l'avis alors doit s'accompagner d'une démarche à suivre pour nous être charitable . Tout cela pour dire que l'art n'est pas du domaine de l'avis et de l'opinion, et qu'il n'est pas permis de s'exprimer pour tous, en toutes circonstances.


"Le regret est comme la neige tombée
Il recouvre la peau de la terre
Mes doigts bleuis sont les serrres
Du souvenir.

Tes pas dans ma direction
A chacun d'eux fut son bonheur
Ton regard posé sur moi
Fut la neige voilant l'obscur des forêts
Le brouillard absorbant en délices les hurlements égarés
Les abysses où le bruit se dissous parmi les algues
Les algues de tes cheveux où je me love
Serpent égaré parmi les hommes .

Là est la maison qui reste depuis les siècles
Enfouie dans son rêve de terre et de pierre
Des chênes sont posés en travers
Les cheminées ont vu tant d'hivers.


Tes cuisses écartés sur la table, et partout,
Des fleurs peintes et la fleur
Et l'autre femme près du feu
Et l'autre près de la vitre glacée, environnée de folie,
Et la Glycine qui encadre la porte.

Là est la maison qui reste
Des étrangers l'habitent
Les pièces sont distribuées de même
En échos évanouis


Ce baiser vibrant en face du poêle
Le vertige de la folie
Le regard écarté et la haine
Les bonds de ton délire à travers le plafond
L'angoisse comme une murène venue se lover en nous
Et la femme en hiver, l'autre, au ras de la fenêtre,
La légende de la mort


Et l'enfant, notre enfant parmi les fleurs,
Qui courait et qui riait au milieu de la haine et de l'angoisse
Et la conversation des amis sur le soir
Et les amis qui détournent le regard
Quand rôde la mort et que se fend le miroir
L'odeur de la cheminée aux pensées de Descartes
Et tant et tant de luttes pour faire
De cette maison notre maison

La pluie s'insinuant dans la toiture, la tempête,
Et la pierre, le bois, le mortier, l'enduit, et tout ce décor
Le froid comme un serpent avant le froid de la mort
Le froid de l'âme auprès du poêle empli de flammes
La mort de l'âme et la chute

Tout appartient à la mort
Il n'est pas de lieu pour l'homme

Souviens t'en."

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Nu

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Zinaida Serebriakova