La prison d'airain .


(Rubens-Hadès et Perséphone)

A la fenêtre de la prison d'airain de ma vie

A travers les barreaux
J'ai respiré ton souffle

Comme le vent de printemps emporte la fleur vers le ciel
Comme la coccinelle qui disparait de mes mains

Ainsi ai-je vécu ta bouche

Comme les traces de pas sur l'estran qui disparaissent au vent
J'ai senti tes caresses et dévoré le pur onyx de ton regard

Et ton corps, la carapace de mots, la dureté acquise s'y est dissoute
Et les mots ont fait place au silence de l'enchantement

Qui nous fait apercevoir ce qui aurait pu être
La lutte à mort de l'euphorie
L'infinie peine et l'infinie joie de tes bras entrelacés
Ta tête sur ma gauche, ma droite enfouie dans les arômes

La guerre est commencée
Les nuages se chargent de rage à l'horizon
Que je meure si je t'oublie
Que je boive la vie à tes fontaines

Dans les plaines les rails distribuent vie et mort
L'acier porte et l'acier enchaîne
La chaine étrangle et libère
Le loup avide du désir
-j'ai tiré l'épée pour tuer
C'était hier

C'est l'abîme du desespoir qui rythme l'extase
Les pas insaisissables
Qui ne sauraient faillir
Sur le bord des falaises

J'ai vu ce que si peu de mortels ont vu
Le soleil noir se lever sur les ténèbres
La déesse tendre la main pour donner la vie et la puissance
Le diable me broyer dans l'étau de ses griffes
L'Ange brisé rompit la malédiction

Un temps me fut donné
Ce temps-un instant est un millénaire
Un crépuscule de mille ans
Un souffle élève

Un instant est l'éternité
C'est la Fleur
Qui la contient


(Hadès et Perséphone, Le Bernin)

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Nu

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Zinaida Serebriakova