Tonnerre et remémoration comme Voie .






J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans...


Qui vit avec l'intensité la plus haute enroule en lui le serpent de son passé, comme il déroule son destin . J'ai connu les brumes sur les forêts, et les collines découpées par l'ardent scalpel du soleil – j'ai parcouru les montagnes et les plaines – j'ai vécu dans tant de villes, écouté tant de vies .


J'ai vu le levant sur le Mont St Michel et le couchant sur la forêt . J'ai lové en moi des mondes, des parfums, des paroles, des goûts, des noms . Des enfances, des destins impliqués naissant comme des perce neige . Des pertes, des désastres, et tant de pas effacés sur l'estran .


J'ai vécu d'autrefois, dans la poussière des greniers – sentant, comme le loup, le sang des jours passés . J'ai mis mes pas dans les pas des pères, tant et tant . J'ai senti l'âme d'un Parfait, le lieu de son bûcher, la terreur et le mal . Je sais la souffrance de l'enfant qui va mourir . Je sais la possession, la présence du Diable, les âmes errantes, la tristesse devant la mort, l'espoir et le désespoir, la jubilation et la douleur qui fait hurler comme femme qui accouche, pendant des heures . Trois fois je me suis cru mort, on m'a annoncé ma mort . J'ai vu mon sang versé, et j'ai été faible comme un enfantelet, incapable même de me redresser sans aide, et à grande douleur .


Il y eu le jour triste où mon père s'est pendu .


Et le soleil, la puissante jubilation du Soleil et du Dragon . Le développement charnel des odeurs, sèves, sucs, fleurs, chair – souffle . Ton souffle, ô ma noble aimée . Tes yeux noirs . Ton corps, figure délicieuse du monde, et tes baisers, porte de l'esprit impliqué . Partout, la Splendeur – et l'absence, l'énigme .


L'attente est une recherche . Le chant et la brume s'élevant dans l'aube . Ce que je cherche, j'en porte en moi l'image inaltérable, car sinon je ne le chercherais pas . Ce que je cherche est toujours déjà présent devant le Seigneur de l'Aube .


J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans . Quand ils s'éveillent, ils peuvent être comme un éclatement de l'âme . Milliard, milliard et milliard d'étoiles ! Enroulées dans l'âme, car l'âme est toutes choses . Ainsi je te le chantais .


Est né la grand désir de l'Ange . J'ai vu, ô Kali, ta face de mort, et j'ai entendu le grincement de tes dents – et pourtant j'ai cru que tu étais un ami et je t'ai appelée .


***



Tout commence par le manque . Le manque est Un . Le manque fait de l'objet un signe . Le manque fait de l'homme un désir, de l'attente une douleur, et du temps une attente . A chaque instant je suis dans ton attente . Je guette le bruit de tes pas . Mon cœur bondit comme un chat quand je te retrouve, quand je retrouve le cercle de tes bras . Ainsi j'ai attendu, attendu, attendu sur les montagnes de l'horizon .


Pour l'être du manque, la peau est un désir, un navire, un grand navire qui va vers l'extrémité des mondes . Mais ce parcours est une spirale, un maelström inversé qui m'aspire vers les eaux, les ténèbres du haut – les mers du Sud est aussi un nom des mers du Haut . Ce tourbillon montre une pente inversée, une pente vers le haut . Quand je suis aspiré et que je suis sur cette pente, je ne peux résister - il n'y a pas de prise sur les pentes du tourbillon du haut . Je suis ballotté, envahi, renversé comme par une puissante lame - et c'est ainsi que je dois accepter, accepter de perdre pied, accepter de perdre prise, de me perdre, pour perdre mon ego, ce qui me retient d'arriver au delà des mondes – car il n'est rien d'autre que l'Être, mais je ne peux le voir si j'ai une pensée, une conscience, qui est toujours conscience de quelque chose, et qui me retient dans le monde des choses .


Si je veux que la peau soit aussi un pont qui me mène vers l'autre rive, je dois lâcher prise dans l'amour. C'est au moment du sexe que je serpent se délove, que mon âme se déroule, et que je peux m'engager sur le pont d'Or .


Le rôle de la parole dans la recherche de l'autre rive est un rôle à la fois essentiel et déterminé . La parole est la construction du monde . L'invocation est la construction de l'espace dans lequel je vais me reposer, dans lequel je vais reposer mes pieds pour, comme le tigre, pouvoir bondir, pouvoir m'élever en posant mes pieds sur un sol . Sans la Terre, l'arbre ne peut étendre ses branches vers le Ciel ; sans la chair, l'homme ne peut étendre ses bras vers le Ciel . Nous voulons utiliser la chair, transfigurer la chair, mais vivre de la chair . La chair est vie, vie de l'homme ; et la chair est aussi le pont d'Or .


Les mots sont l'expression de la chair . Les mots puissants sont la chair . Il n'y a pas de véritable différence entre le Cantique et l'amour physique . La poésie amoureuse est naturellement chair ; et la chair est naturellement poésie amoureuse . Je parle, comme Pascal, pour ceux qui ont de l'esprit . Et avant tout je te parle .


Quand les mots naissent, il faut diriger son regard vers la racine d'où ils naissent. C'est en regardant cette racine que l'on comprendra le rôle et l'essence des mots . La racine des mots est le manque . La racine du signe est le manque . Si j'invoque mon aimée, si la Sulamite chante le Cantique, c'est parce que son aimé n'est pas là . C'est parce qu'elle le recherche ; c'est parce qu'elle ne l'a pas encore trouvé – même si elle sait qui il est . Elle ne l'a pas trouvé dans la ville, mais elle l'a trouvé en elle même . Il faut que l'intérieur et l'extérieur coïncident ; il faut que la profondeur coïncide avec la peau ; il faut que les ténèbres des océans supérieurs se mêlent aux eaux du bas . C'est l'orage, c'est la foudre qui réunit les eaux du haut et les eaux du bas . La foudre, pour l'homme, c'est l'extase . Les mots naissent du manque . L'invocation fait rendre réel ce qui est en puissance . L'invocation c'est donner chair au désir . L'invocation n'est autre que la Gnose . La Gnose est le savoir qui permet l'invocation juste, invocation conforme à l'être, et donc puissante . Car ce n'est qu'en se soumettant à l'être que l'invocation devient une véritable puissance incarnée .


Dans la pratique de la Voie, la recherche de l'extase, la recherche de l'intensité de la Vie, comme une lumière intérieure, n'est autre que l'intensification des contradictions . Le manque fait naître la parole ; la parole est d'autant plus grande et puissante qu'elle s'enracine à la fois dans le manque et dans l'être . Dans le manque, car l'être est ce qui manque, ce qui manque pour celui qui vit dans le temps . Car dans le temps, il n'existe que des choses . Dans le temps l'être est une puissance qui se cache . La nature aime à se cacher . Voilà ce qu'est l'être tel qu'il apparaît dans notre monde .


[J'ajoute une note, pour celui qui pourrait comprendre, mais être arrêté par la perplexité . L'Occident a inversé la Table d'émeraude, qui dit que ce qui est en bas doit être comme ce qui est en haut, et a pris le bas comme mesure du haut . C'est à dire, à pris le monde des choses, la ré-alité, du latin res, chose, comme mesure de l'intensité de l'existence . Nous disons qu'un étant est réel pour dire qu'il est à la plus haute intensité possible, alors même qu'être comme une chose est le plus bas degré de l'être . C'est pour quoi l'Être n'est pas réel, même s'il se manifeste aussi comme réalité .


Un problème analogue se pose avec le terme d'ex – istence, qui signifie être en dehors (du Principe), sortir du Principe . Existence et réalité ne sont pas des excès, des qualités, des débordements, mais des privations de l'être . L'homme est réel comme corps, existant, et n'en est pas moins la créature de la morsure du manque . Et ce qui manque, c'est la Splendeur et la puissance de l'Être, dont proviennent existence et réalité .


Quand Parménide dit : l'Être est, le non-être n'est pas, il signifie cela . Réalité, existence sont Maya, sont non-être . Et le non-être n'est pas rien . Dans le non-être, l'être est ce qui manque . Le non-être est voile, splendeur et désir .]


L'intensification des contradictions, c'est non pas rechercher la douleur, mais refuser de la craindre . Comme une des nobles Vérités du Bouddhisme, la vie est douleur . Mais que la vie soit douleur ne signifie pas que nous devons la fuir . Si nous voulons vivre, alors oui, nous devons aussi souffrir . Mais pas seulement . La vie n'est pas que souffrance, même si la vie est souffrance .


L'intensification des contradictions passe par la hardiesse de ne pas craindre la douleur, et bien avant la douleur physique, la douleur morale . Et la douleur morale naît avant tout du manque . C'est
l'attente, qui nait de l'absence . C'est l'angoisse, qui naît de l'inconnu ou de la peur . C'est la tristesse qui naît de l'abandon ou de la perte . L'intensification des contradictions est la recherche de l'orage . L'orage est l'ascension rapide et brutale de l'eau et de l'air surchauffés par l'été . Ainsi la hauteur du nuage humide et chargé d'électricité rejoint la terre chaude, sèche, et chargé elle aussi . L'éclair réunit ces deux pôles . La pluie réunit ces deux pôles . Ce qu'est la pluie pour l'homme, ce sont les eaux, la salive, le sperme, la cyprine . Ce qui est l'orage est l'extase . Pour vivre des orages, ces violents déchirements d'extase, qui mèneront la destruction de l'ego, il faut rechercher l'intensification des contradictions .


L'intensification des contradictions est une recherche consciente et méthodique de la Voie . Elle est le souvenir que les pôles opposés qui creusent leur distance et l'abîme qui les séparent sont frères et sœurs comme les branches d'un même tronc, sont mâles et femelles et donc sont promis à l'union . L'abîme et son creusement sont aussi l'édification du pont . Je creuse la tombe de l'ego entre les pôles ; et la tombe de l'ego est l'embrassement des pôles . Dans le baiser, les pôles humains s'embrassent ; et c'est pourquoi, au delà de toutes les contradictions de l'âme, et du risque incontestable de leur rupture, de la folie et de l'éclatement – car la folie est la rupture des liens, ce que les psychiatres nomment schizophrénie – au delà de toutes ces pratiques d'intensification, la Voie la plus puissante pour l'homme noble passe par l'Amour . Telle est la position fondamentale de la Voie de la main gauche .

Le rôle du courage, ou de la hardiesse, ou de la détermination, ou encore de la volonté dans la Voie de la main gauche, n'est pas lié à une valorisation morale . Il est lié à une volonté constructive . En effet, sans cette détermination, sans l'affrontement du dragon, du dragon intérieur, de la peur et de la terreur, il ne peut y avoir de voie . Ce qu'est la peur, ce n'est rien d'autre que l'approche de la rupture – et l'intensification des contradictions est la recherche du risque de la rupture . Sans cette recherche, il n'est pas de voie . Sans passer par la mort et l'affrontement du dragon, il n'est pas de voie . La question de l'abandon de l'ego est un combat . Mais à l'instant du combat, l'abandon combat l'abandon, et rien du nécessaire ne reste nécessaire .

La parole de l'être, comme le Maître de Delphes, ne parle ni ne cèle, mais fait signe . Ce qui dévoile, c'est la vérité, l'alethéia grecque, le dévoilement . Elle est le signe de l'être. L'étant est l'index de l'être, une éclosion sur une absence, une absence toujours fuyante, sur l'horizon d'une nature qui aime à se cacher . L'étant est une éclosion sur ce qui apparaît vide, et ce vide apparent n'est autre que l'être ; c'est pourquoi l'être est ténèbres – et nous sommes, nous hommes de la Main gauche, des hommes de ténèbres . Pourtant, nous ne craignons pas les ténèbres, car elles sont l'éclosion de l'étant, l'éclosion de la splendeur du monde - elles sont la splendeur, elles sont le ciel . Elles sont aussi nous-mêmes, car il n'est rien d'autre que l'être, toujours déjà présent .


Nous avons choisi, ou plutôt il s'est imposé à nous de découvrir la splendeur des ténèbres à travers la lumière visible – ou, en inversant l'analogie, de découvrir la Lumière des Lumières à travers l'obscurité du monde . Car le monde est une énigme pour l'homme, une énigme obscure qui éclot comme une rose sur le terreau obscur de l'être . Mais si je me retourne comme Abraham, comme Jean, à l'appel de l'Ange de Dieu, alors l'obscur de l'être devient Lumière des Lumières, et le monde lumineux et splendide de la Vie devient un monde de ténèbres . Et c'est par ces ténèbres, qui sont aussi des splendeurs, par l'ombre et la lumière, par la nuit et par le soleil, par l'invocation et par le silence, par la guerre, mère du monde, c'est par là que nous retournons, comme Abraham se retourne, par là que nous retournons vers l'origine .


La Voie n'est pas un mouvement rectiligne uniforme, une ligne droite . Elle est une spirale ascendante, tourbillonnante, effrayante, vers le centre . La peur – la peur de mourir, ou l'angoisse - est liée à la rupture de soi . Nous avons peur de la rupture de notre âme, comme nous avons peur de la rupture de nos membres . L'écartèlement nous effraie au physique . La décapitation nous effraie au physique . La castration nous effraie au physique . L'amputation nous effraie au physique ; de même toutes les pertes de soi, toutes les ruptures d'unité sont des causes de terreur et d'angoisse . Or pour gagner de la souplesse d'âme, il nous faut écarteler notre âme, il nous faut la saisir durement et la plier . Non pas l'éduquer à la cruauté, non pas l'éduquer à la malhonnêteté, mais l'éduquer à lâcher prise . Nous devons aller sur les falaises de l'âme, et fermer les yeux, et lâcher les mains . Ne croyez pas que c'est facile . Ne croyez pas que l'on sache en ces lieux ce qui se passera après la chute . Ne croyez pas que l'on sache que l'Ange, comme il aurait rattrapé le Christ avant l'impact, selon Satan - nous rattrapera avant la destruction . Ne croyez pas que l'homme qui s'aventure sur une corniche de l'âme ignore la peur, ou bien le risque . Perdre la raison est pire parfois que perdre la vie . Les hommes qui ont perdu la raison, nous pouvons en parler . Il y a Holderlin, et il y a aussi Nietzsche . Ils n'ont pas trouvé dans le monde qu'ils habitaient les guides, les voies, les sages qui auraient pu guider leurs si brillantes puissances d'âmes, leur grand désir d'étoile vers l'accomplissement de l'homme . Aussi ont-ils connu la rupture et la folie, quand d'autres, avec d'analogues implications de puissance, ont connu l'extase et l'illumination . Nous ne devons pas négliger le risque et la peur . Il faut être aussi prudent et armé quand on traverse les vallées de l'âme, quand on marche sur les falaises de l'âme, que quand on traverse un pays ennemi seul .


***


Au delà de l'intensification des contradictions, l'homme doit s'orienter vers le pôle, vers le centre de la spirale . Là est la racine de l'invocation du Nom, et la révélation du Nom le plus sacré . La remémoration est éclatement et douleur . Et pourtant la remémoration est Voie . La remémoration du Nom est une voie ancienne d'Alep . La remémoration est Voie en écho à la nostalgie de l'homme noble . La vie est un cercle : on sort du Suprême, et on retourne vers le Suprême . Le repentir et la remémoration sont une et même chose . Mais cette remémoration est rassemblement, là où la remémoration des souvenirs enroulés et de la douleur était éclatement .


L'initié orphique devait boire l'eau pure du lac de Mnémosyne, pour se remémorer sa filiation : Car la filiation se perd dans la brume du passé, et doit être retrouvée . Télémaque exprime des doutes dans l'Odyssée . Voici la tablette d'or d'Hipponion (in G.P. Caratelli, les lamelles d'or orphiques, les belles lettres, Paris 2003) :


Tu iras dans la demeure bien construite d'Hadès : à droite il y a une source (…)
De cette source tu ne t'approcheras surtout pas
A côté d'elle se dresse un cyprès blanc (…)
Plus loin tu trouveras une eau froide qui coule
du lac de Mnémosyne ; au dessus d'elle se tiennent des gardes .
Ils te demanderont, en sûr discernement,
Pourquoi tu explores les ténèbres de l'Hadès obscur .
Dis : je suis fils de la Terre et du Ciel étoilé .
Je brûle de soif et je défaille ; donnez moi donc vite
à boire l'eau froide qui coule du lac de Mnémosyne .
Et ils t'interrogerons, par le vouloir du roi des Enfers .
Et il te donneront à boire (…)
Et toi, quand tu auras bu, tu parcourras la voie sacrée,
Sur laquelle les autres mystes et bacchants avancent dans la gloire .



Cette voie est la voie d'Héraclite l'obscur – l'amant de l'obscurité, celui qui ne boit pas à la source de droite . Pour qui prophétise Héraclite d'Ephèse ? Pour les errants nocturnes, les mages, les bacchants, les ménades, les mystes .


L'homme noble, l'homme de la Voie est assoiffé – âme sèche, la plus sage et la meilleure, dit l'Obscur - est manque, est nostalgie brûlante de l'être – c'est pourquoi il ne doit pas apprendre un savoir nouveau, mais se remémorer sa filiation, fils de la Terre et du Ciel étoilé . La tradition primordiale est impliquée en chaque homme noble, toujours déjà présente, comme l'origine est physiquement portée par le nombril qu'embrassait l'initié du Temple . L'origine n'est pas le passé, mais aussi l'avenir, en ce sens que commencement et fin sont Un dans le cercle .


L'homme se remémore par le Nom . Un mot fait renaître le souvenir enfoui, et le souvenir enfoui me tue et me relève . Ainsi le premier nom du Suprême n'est-il pas la communication d'une information, mais l'acte qui permet la remémoration de l'origine, du Ciel et de la Terre du commencement, de la justice, de la bénédiction et de la crainte de Dieu . Parce que l'origine est impliquée en moi, l'évocation du Nom est remémoration du Nom, tel qu'alors il résonnait dans le monde, comme la rumeur du tonnerre .


Quand l'Ange parle à l'homme, l'homme se retourne . Il entame le retour, il tourne sa face intérieure vers le Levant de l'Ange . Chaque pointe de la manifestation est comme une fleur qui se retourne vers le Soleil – ainsi une est la Voie qui monte et qui descend, ainsi la spirale peut être parcourue dans les deux sens, comme éclatement, mais aussi comme retour vers l'origine, comme concentration de la puissance .


Quand vient le retour, le parcours de l'éclatement est parcouru à l'envers – les bras de Kali se rassemblent . On raconte qu'au moment de mourir, l'homme revit ses souvenirs, que sa vie se récapitule . Il en est de même à la fin d'un cycle, à toutes les échelles . Alors les contradictions s'intensifient dans une lave en explosive fusion, entre l'écartèlement de la multiplicité qui revit et se convulse comme un serpent tonnerre, et se tord avec férocité, feu et force, et l'involution de la concentration qui s'effondre vers un point, pour repartir vers l'éclatement suprême – la Maya est Dieu, et qui se connaît, connaît son Seigneur .


La lutte de l'Oiseau et du Serpent, de l'Ange et du Dragon figurent cet instant de l'éveil . L'entrebâillement d'un œil, pendu à l'Arbre du monde . C'est pourquoi tu es aussi le Dragon, et aussi l'Ange – et que tu n'est rien, car il n'est rien d'autre que l'Être, toujours déjà présent .


En changeant, il se repose .


Aucun commentaire:

Nu

Nu
Zinaida Serebriakova