La disparition du réel dans le moral-libéral. Politiquement correct


(Exactitude : la diversité réelle du Système. http://lucileee.blog.lemonde.fr/2006/11/)



Un manifeste pour l'égalité réelle apparaît en France après l'élection américaine et se trouve soutenu par de célèbres signataires non signataires de gauche. On trouve parmi les signataires Jean-François Copé et Patrick Devedjian (UMP), Dominique Voynet (Verts), Christiane Taubira (PRG), Arnaud Montebourg et Christian Paul (PS). François Hollande a déclaré, hier sur BFM, être prêt à signer ce manifeste. Et le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, s'est félicité de l'initiative lors du « Grand Jury RTL-«Le Figaro»-LCI ».

Les revendications de ce manifeste sont d'utiliser la puissance publique pour instaurer enfin l'égalité réelle.

Des économistes de haut niveau apparent se demandent quand l'économie réelle va être atteinte par la crise, laissant entendre que l'économie financière n'est pas réelle ; sans répondre à la question de l'action du non réel sur le réel.

Un éditeur sort une édition des œuvres complètes de Platon en un volume. Le nouvel observateur en sort une série de critiques. On y trouve que Platon a travesti ses mélancolies réelles en idées imaginaires.

De même, un auteur dont le nom a peu d'importance écrit, d'après le Nouvel Obs et un auteur dont le nom a aussi peu d'importance si on n'a pas besoin de lui, mais beaucoup dans d'autres cas, écrit une prétentieuse psychanalyse de quelques grands penseurs. Le résumé somptueux qu'en donne la fiche est que ces abominables penseurs refusaient le réel ; sinon ils n'auraient pas essayé de le changer. Et en effet, quoi de plus simple pour un jeune homme à la mode que de l'accepter, ce réel, et de faire passer le spectacle pour de la rébellion? Le fait que l'homme d'action ou l'artiste soient à l'évidence en négatifs du réel ne semble pas effleurer ces amis de la satisfaction béate.

Nos plumitifs sont des maîtres du réel, et le réel est l'enjeu idéologique qui porte aujourd'hui les plus lourds investissements. De ce fait ce mot de réel porte les mensonges spectaculaire les plus lourds, est affligé de la plus grande déréalisation. Plus on parle du réel, et plus celui-ci s'éloigne comme un serpent sous la pierre.

De la même manière, les ruminants qui n'ont que le mot science à la bouche, et ne cessent de nous dire "la Science dit que...", "la Science nous apprend que" là aussi sont très loin de la démarche scientifique, qui ne peut oublier que la "Science", personne ne l'a jamais rencontrée, ni entendu dire quelque chose, et que ces ruminants sont très certainement des menteurs, et leurs propos des bulles qui relèvent de l'analyse idéologique.

Un penseur ne doit pas répondre à l'actualité. L'actualité est faite des thèmes imposés par la puissance médiatique. L'actualité, c'est ce qui reçoit le privilège d'être réel par le fait de passer dans le spectacle. Ne plus être sur la photo est ne plus être tout court. L'Être est réduit à l'être qui passe par les médias de masse. Ce qui est le plus essentiel dans l'analyse du système est son ombre ; le système dans le spectacle affirme, mais est avant tout un voile, une formidable puissance de négation ; mais cette puissance est justement l'absente du spectacle. Le mensonge n'est jamais mis en avant, et le spectacle produit des spectacles de dénonciation du mensonge spectaculaire ; mais ces spectacles ne sont là que pour faire oublier que ce qui est, et n'est pas éclairé, et est donc renvoyé dans le néant. A ce titre les médias sont fonctionnellement identiques à l'idéologie moderne, tout en étant structurellement différents. C'est pour cela que le Voyageur privilégie l'ombre.

Ce qui est éclairé doit correspondre aux critères du spectacle ; et ainsi les révoltés médiatiques finissent-ils comme les ex-leaders écologistes, sénateurs et signataires de pétitions avec ceux qui jouent le rôle d'"adversaires". Car ce qui est montré est nécessairement complice. La duplicité est possible pour l'expert, mais elle est rare. Et l'homme issu du spectacle qui en refuse les règles finira sous les huées, puis dans l'ombre. Je ne donne pas de nom!

Cependant, il est inévitable de se saisir de certaines de ces questions pour démonter l'idéologie métaphysique racine de ces discours ; et pour vous armer, chers amis, contre ces redoutables virus de l'âme que sont ces discours idéologiques.

Quel est le point commun du réel proclamé dans l'égalité réelle, l'économie réelle, et le réel qui est opposé à Platon ou à Kant comme une infamie? Voyons par thèmes, en commençant par l'égalité réelle.

L'égalité réelle dont il est question est basée sur la "diversité" qui serait réelle. Les citoyens sont donc classés selon leurs communautés : blancs (avec variétés) méditerranéens (avec variétés) noirs (avec variétés) homosexuels (avec variétés?), femmes (avec variétés?)... La réalité des types est pour le moins incertaine, à moins d'accorder la réalité des races humaines. Ce qui ne peut être accordé.

Cette diversité réelle étant posée, on pose que par justice démocratique, l'oligarchie dominante doit contenir un pourcentage de représentants de chaque communauté égal au pourcentage des communautés réelles dans la population générale, et que si ce n'est pas le cas, il y a une odieuse injustice, qu'il convient de compenser par "la discrimination positive".




La première question qui se pose est le choix des critères valides de diversité réelle. Si le fait d'avoir un ancêtre d'origine étrangère est un critère d'oppression, alors de puissants hommeus et femmeus politiques français sont des opprimés. Si le fait d'être blanc et homme est un critère pour définir un oppresseur, alors ceux qui vident mes poubelles-si, si!- sont de redoutables oppresseurs. Dans le spectacle, être "opprimé" est extrêmement positif, puisque cela permet de revendiquer des privilèges et d'avoir une supériorité morale inattaquable, quasiment autant que si l'on est mort.

Cette instrumentalisation de la morale et de l'histoire pour accéder aux places convoitées de l'oligarchie spectaculaire est parfaitement immorale. Et l'oligarchie dominante peut accentuer la pression sur tout ceux qui dessous veulent arriver, en définissant les critères sur l'être de manière arbitraire, ce qui est bel et bien une pratique légitimée et "morale" de la discrimination.

Car la richesse et la puissance comme critère d'égalité réelle sont mis dans l'ombre. Sortant d'un banquet chez une créature horriblement opprimée, comme femme d'origine étrangère, certains convives se sont réjouis d'avoir "bu deux ou trois smic". Mais cela n'est pas un critère? J'affirme que l'égalité réelle passe par l'égalité des richesses. Commençons par là! Aussitôt bien des sourires et des féroces rebelles médiatiques s'effaceront.

" Schopenhauer, l'art d'avoir toujours raison" XXXV.

Les intérêts sont plus forts que la raison.

Dès que ce stratagème peut être utilisé, tous les autres perdent leur utilité : au lieu de tenter d’argumenter avec l’intellect de l’adversaire, nous pouvons appeler à ses intentions et ses motifs, et si lui et l’auditoire ont les mêmes intérêts, ils se rallieront à notre opinion, quand bien même elle fut empruntée à un asile d’aliénés, car de manière générale, un poids d’intention pèse plus que cent de raison et d’intelligence. Ceci n’est bien entendu vrai que dans certaines circonstances. Si on arrive à faire sentir à l’adversaire que son opinion si elle s’avérait vraie porterait un préjudice notable à ses intérêts, il la laisserait tomber comme une barre de fer chauffée prise par inadvertance. Par exemple, un prêtre défend un certain dogme philosophique. Si on lui signifie que celui-ci est en contradiction avec une des doctrines fondamentales de son église, il l’abandonnera.
Un propriétaire terrien soutient l’utilisation de machinerie agricole telle qu’elle est pratiquée en Angleterre, car une seule machine à vapeur accomplit le travail de nombreux hommes. Si quelqu’un lui fait remarquer que bientôt les transports seront également assurés par des machines à vapeur et qu’en conséquence le prix de ses étalons chutera de manière dramatique, voyons voir ce qu’il va dire."

Si l'on veut dépasser l'égalité en droit et imposer l'égalité réelle, alors il faut construire un puissant pouvoir capable de l'imposer. Et les membres de ce puissant pouvoir ne seront pas
les égaux des autres, mais leurs tyrans. En réalité, si la puissance publique soutient ce genre d'égalité réelle, en oubliant l'égalité des biens, alors que l'argent est certainement le premier critère de réalité pour ces hommes de pouvoir, c'est que "nous pouvons appeler à ses intentions et ses motifs, et si lui et l’auditoire ont les mêmes intérêts, ils se rallieront à notre opinion, quand bien même elle fut empruntée à un asile d’aliénés, car de manière générale, un poids d’intention pèse plus que cent de raison et d’intelligence. "

Si l'oligarchie soutient l'égalité réelle malgré des arguments d'asile d'aliénés, alors nous pouvons poser que l'oligarchie a des intérêts importants dans la lutte "contre les discriminations". Reste à savoir lesquels. Ils sont nombreux, et nous n'en verrons qu'une partie. Comme J.C Michéa, nous pouvons donc poser que l'extrême gauche libérale est tout autant vectrice de l'idéologie du Système que la droite bushiste que la gauche enterre aujourd'hui avec des cris d'orfraie, après l'avoir tant soutenue idéologiquement, comme Charlie, Tony blair, mais pas eux seulement.

La discrimination positive comprend nécessairement la discrimination négative ; cela n'est qu'une question de perspective. Je t'embauche parce que tu est aryen (positive) et je te tue parce que tu est juif (négatif) ; je t'embauche parce que tu es femme et noire ; obligatoirement pour le même poste je ne t'embauche pas parce que tu est homme et blanc. La discrimination ne peut être que d'une espèce ; elle est positive si on en bénéficie et négative si on en est victime. Si l'on pose des critères légitimes sur la nature des personnes, il n'y a aucune raison de ne pas restaurer l'apartheid. L'apartheid libéral politiquement correct n'excite pas de sympathie.

La diversité pensée est celle des castings de publicité, de séries télé ou de gouvernement ; les critères retenus sont tous ceux qui ne changent rien à l'entéléchie de la société de production maximale.

C'est pour cela que l'oligarchie signe d'une main.

Il faut citer ici l'avenir de la société industrielle,39 :

"Voici une illustration qui montre combien les « gauchistes » sur-socialisés sont attachés aux attitudes conventionnelles de notre société tout en prétendant se rebeller contre elle. Beaucoup de « gauchistes » se remue pour l’affirmative action, pour promouvoir les noirs à des métiers gratifiants, pour améliorer le niveau dans les écoles noires, ainsi qu’une augmentation du budget pour ces écoles ; pour eux la « sous-vie » des noirs est une tare sociale. Ils veulent intégrer les noirs dans le système, en faire des hommes d’affaire, des juristes, des scientifiques, comme c’est le cas des blancs des classes aisées. Les « gauchistes » répondront que la dernière chose qu’ils veulent est de faire d’un noir une copie d’un blanc ; En fait, ils veulent préserver la culture afro-américaine. Mais en quoi consiste cette préservation ? Cela se résume à manger de la cuisine noire, écouter de la musique noire, se vêtir de vêtements pour noirs, et aller dans des églises noires ou dans des mosquées. Sur le fond, il ne s’agit que de quelque chose de totalement superficiel. Sur L’ESSENTIEL, les « gauchistes » sur-socialisés veulent rendre le noir conforme aux idéaux blancs de la classe moyenne. Ils veulent que ce dernier étudie des matières scientifiques, devienne un cadre ou un scientifique, passe sa vie à grimper les échelons pour prouver que les noirs valent les blancs. Ils veulent que les pères noirs soient « responsables », que les gangs deviennent non-violents, etc. Mais ce sont exactement les valeurs du système techno-industriel. Le système se moque de savoir ce que vous écoutez comme musique, ce avec quoi vous vous habillez, la religion en laquelle vous croyez, tant que vous étudiez à l’école, dégottiez un travail respectable, soyez un parent « responsable », un individu non-violent, et ainsi de suite. En effet, quoi que puissent être ses dénégations, le « gauchiste » sur-socialisé veut intégrer le noir dans le système et lui en faire adopter les valeurs.


L'oligarchie signe d'une main, parce que la diversité réelle est depuis longtemps l'argumentaire progressiste de ceux qui veulent avant tout garder les richesses d'un tout petit nombre, ce qui est vrai des partis politiques. Le féminisme, l'antiracisme, sont repris par la droite libérale justement parce qu'ils permettent à l'oligarchie du Système de prendre la pose du rebelle en sauvant l'essentiel, l'allocation des ressources.


Mais pourquoi signe-t-elle des deux mains
, alors que cette proposition de discrimination positive est contraire aux principes mêmes de la République?


La déclaration des droits de l'homme de 1789 est en effet incompatible avec les principes de ce manifeste.

"Article premier - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune."
Selon cet article, il est clair que des différences de droit ne sont pas acceptables sous aucun prétexte.

"Article 3 - Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément."

Là encore, le texte est très clair. Le fait d'être membre d'une espèce logique, d'une minorité ou communauté quelconque, ne rend pas représentant d'une espèce logique ou d'une communauté. Pour être représentant, il faut émanation expresse, ou vote. L'exemplaire médiatique du franco-africain n'est pas un représentant légitime des franco-africains.
En confondant volontairement ces deux niveaux, l'oligarchie médiocratique voudrait prendre le droit, qu'elle prend aussi par les sondages, de désigner les représentants légitimes des communautés. Ceci est une usurpation manifeste.

"Article 6 - La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens, étant égaux à ces yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents."

"Sans autre distinction que celle de leurs vertus ou de leurs talents". Là encore, cet article est contraire au principe même de parité, sans parler de la discrimination positive.

Les partisans du Système, après avoir bafoué le programme du CNR, bafouent maintenant la Déclaration placée en tête de la constitution. Ceci ne doit pas étonner, et illustre l'entéléchie du Système. Le Système comme tout système totalitaire, fonctionne par dérive et surenchère. Il est inévitable qu'il ne cesse de dépasser sa propre loi, et même qu'il aboutisse au mépris et à la manipulation de la Loi, qui n'est plus arbitre entre les hommes mais frein au processus inflationniste de déchainement de la puissance, qui est appelé progrès. Dans cette optique la Loi doit toujours être piétinée et menée plus loin. L'inflation des lois et la non-application des lois dépendent du processus.

En quoi cette diversité réelle sert-elle la puissance? C'est très simple, elle met les critères de sélection dans l'arbitraire des maîtres, et non dans la transparence de la Loi ; elle ouvre l'arbitraire. A celui qui lui disait qu'un de ces collaborateurs était juif, Goering put répondre : "c'est moi qui décide qui est juif". La loi qu'on nous vend à grand renfort de moraline, c'est la volonté de puissance illimitée de l'oligarchie du Système qui se la joue volonté du peuple s'affirmant dans le réel médiatique, l'émotion spectaculaire, le sondage. Des fantômes idéologiques. Ce fantôme qui, réellement interrogé, en refusant la constitution européenne par exemple, déçoit si souvent l'oligarchie. Si réellement!

Il nous est alors indispensable alors de dire ce qui nous apparait légitime dans le mot de diversité. Cela fera l'objet d'un prochain article, vers une diversité a-libérale.

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Zinaida Serebriakova