Cernunnos, Thot et la croix étincelante





De quel droit penser et écrire? Les conditions de l'âge de fer l'expliquent.

Je suis une musique qui retentit sur l'eau étale, sans provoquer la moindre ride ; ou le regard du reptile, qui reflète le mystère des temps anciens.
Le regard du Reptile qui s'enroule autour des ponts de la rivière dans la forêt, qui coule sur un lit de mousse.
Je suis celui qui te forcera comme le cerf par la meute, au plus profond des futaies sombres, avec ton assentiment et ta joie, et ma méditation grave.
Celui dont les dents se brisent sur les hurlements égarés portés par la tempête, comme sur un citron amer ;
Je veux te boire comme une ambroisie et te laisser plus qu'indemne, comme une orchidée fécondée par l'insecte ; Faune, je veux te prendre parmi les fleurs et les lianes et promener mon visage sur ton corps ; requin lointain, je te regarde avec froideur comme une proie à déchirer comme mon âme déchirée, envahie d'entrelacs et de flammes ; feu, je te regarde avec l'amour de l'Aigle pour le soleil. Danseur de la nuit, je veux jongler avec tes flammes. Enfin magicien, je veux comme le tantrika prendre la boue et en faire des fleurs d'or.
Car le plaisir ne brûle pas la mort. Car le plaisir n'est pas recherché sans signe. Car le plaisir n'est pas rejeté.
Je suis la flèche, l'arc et la chair qui saigne dans la poussière. Vivant, je désire la mort et mort je m'enivre de la vie. Je veux tournoyer et je veux vaincre. Je ne suis pas désinteressé. Je veux éprouver l'épée qui est dans ma bouche. Je veux la puissance et la gloire de ce monde. Je veux aussi savoir abandonner ce monde le moment venu. Ce qui me fait vivre, je le souhaite m'ôtera la vie. Car l'épée du Dieu fait mourir et renaître, une et même. Ainsi l'arbre et le roc, ainsi la fleur et l'oeil en qui se signe sa splendeur.


Ce que je porte comme le foyer dans les souterrains de mon corps, ce à quoi je veille comme Héphaistos, est le mystère au delà des noms et des choses, que je quête depuis toujours. J'ai appris à lire le deuxième livre avant le premier. J'ai rencontré bien des regards d'Abîme, et rien a en dire, pas de mots. L'Antique serpent, et la souffrance enfouie, tel celui qui fut pendu sous l'Arbre et perdit un oeil, celui qui ne sert. L'émeraude sertie sur le front par le fer rouge. Ce que je nomme nostalgie, la douleur du retour vers l'Un, qui passe par le cercle des morts.
Une nuit, je passais une jetée battue par les vagues de la mer pour arriver dans un jardin entouré de batiments, d'où sortaient des voix musicales. Sous le ciel flamboyant et le soleil immobile je m'asseyais sur un banc. Une femme apparue à côté de moi, une jeune fille, séduisante. Elle me dit : "Connaissez vous le dieu Thot?". Je fus boulversé de cette question et je m'éveillais.
Je compris Todt, la mort, avant de chercher Thot. Connaissez vous le dieu Thot? Où et comment le retrouver?

Pascal a raison : "tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé". Ce que l'on cherche est déjà connu. Ce qui est perdu a déjà été trouvé. Raison en un ordre est erreur pour le fidèle d'Amour. Rien n'est trouvé, tout reste à trouver. Savoir ce qui manque est le seul savoir.

Cette marque de folie est ma seule autorité. Erasme en fit l'éloge. Il n'y a aucune autorité personnelle. Et sachez-le : Lucifer n'était pas encore Satan. Lucifer est au service de la Déité, quoique ses pas s'égarèrent.

Ni Maitre, hors les mots ; ni sage, hors fou pour un monde qui se meurt. Pas de conseil, hors les anciens conseils, et pas d'image hors le dieu à ramures de cerf, et dans cet arbre mystique une croix d'argent, un jour d'hiver : grâce et disgrâce.

Mort d'un Roi.

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Nu

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Zinaida Serebriakova