Qui vit, vit par douleur et par jeu


Villon peut se plaindre et Frida pleurer, leur vie vaut celle de l'homme moderne. Frida pleure et peint. Elle serait une "femme moderne", elle ne serait rien.

Tout jeu doit avoir ses enjeux. Sans enjeu, le jeu ne vaut rien. La valeur de l'enjeu montre la valeur que les joueurs attachent à la victoire. La vie doit avoir des engagements; mais on ne peut jouer légitimement que ce qui est à soi. Je n'ai qu'une âme et je dois la sauver : si le diable est assez fort, l'enjeu pour les anciens bretons était la couleur de la vie.

La vie humaine a une âpre saveur ; la nuit doit être noire, obscure et le jour brumeux, glacial ou éclatant d'azurs rêvés. L'étoile scintille dans l'air polaire et indique la voie.

Le sang et la mort sont la mesure de la vie. La mort est l'essence du bushidô. Non le temps. Le temps n'est mesure de la vie que si nous voulons une vie uniquement rythmée par le temps, sans autre enjeu que notre digestion, notre teint, notre âge, notre part de temps-alors que la mort peut frapper à tout instant.
La mort et la vie sont un : le printemps a besoin de la mort de l'hiver, mais plus encore le triomphe de la vie n'apparait que sur l'horizon d'une nostalgie toujours déjà présente pour l'être pour la mort. Les fruits passeront la promesse des fleurs, et les roses vivent l'espace d'un matin.

Garder intensément cette pensée c'est faire l'effort violent à chaque instant de chercher le feu, la fumée qui s'élève sur les monts, l'ivresse divine.

La rose en un instant est plus que le reste du monde et n'est plus ; c'est la violence de l'instant. L' illumination est l'alliance de l'instant et de l'éternité. L'éternité est là en chaque instant. C'est cela veiller. Les portes s'ouvrent et se ferment. les disciples dorment.

Le monde est une danse de roses et de crânes. Boccace a écrit le Décameron lors de la grande Peste. La guerre est le plus noble des jeux, toutes les civilisations le savent. Quelle civilisation s'est construite sans la guerre?

Le jeu est toujours déjà présent.

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Zinaida Serebriakova